L’humanitaire américaine Kayla Mueller, retenue en otage par l’organisation de l’État islamique en Syrie depuis août 2013, est morte, ont annoncé mardi le président Barack Obama et la famille de la jeune fille. Ses proches ont en effet reçu un message de l’EI confirmant la terrible nouvelle.
La jeune femme « a consacré sa courte vie à aider tous ceux en manque de liberté, de justice et de paix », ont écrit ses proches ravagés par le chagrin. (Photos : AFP)
« C’est avec une immense tristesse que nous avons appris le décès de Kayla Jean Mueller », a indiqué Barack Obama dans un communiqué envoyé par la Maison Blanche.
Sans détailler les circonstances de la mort de Kayla Mueller, Barack Obama a assuré « que les États-Unis retrouveront et traduiront en justice les terroristes responsables de la captivité et de la mort de Kayla ». Sa mort avait d’abord été annoncée vendredi par les jihadistes. Selon eux, la travailleuse humanitaire de 26 ans a « péri dans un bombardement de l’aviation de la coalition croisée d’une position à l’extérieur de la ville de Raqa », au nord de la Syrie.
Tout en se disant « très préoccupés », les États-Unis avaient tout d’abord dit ne pas disposer de preuve de son décès. Finalement, un message de l’EI à la famille de Kayla Mueller a permis de confirmer la terrible nouvelle.
> « Humanitaire dévouée »
Ses proches, dévastés, ont tenu à saluer la mémoire d’une jeune femme qui a parcouru le monde pour aider les plus démunis. « Je trouve Dieu dans les yeux de ceux qui souffrent », écrivait Kayla Mueller à son père lors de son anniversaire en 2011, pour lui expliquer le choix qu’elle avait fait de consacrer sa vie à la cause humanitaire. « J’ai trouvé depuis quelques temps ce à quoi ressemblera mon travail, utiliser mes mains pour soulager les souffrances », poursuivait-elle.
Ses parents Carl et Marsha ont rendu mardi hommage à leur fille, « pleine de compassion et humanitaire dévouée ». « Elle a consacré sa courte vie à aider ceux en quête de liberté, de justice et de paix », ont-ils écrit dans un communiqué. Ils ont ensuite expliqué les raisons de son départ pour la Syrie, où elle souhaitait « aider les déplacés de la guerre civile ».
Après être passée par la Turquie en décembre 2012, elle a traversé la frontière et été capturée à Alep, dans le nord de la Syrie, le 4 août 2013, avant d’être détenue par l’organisation jihadiste de l’État islamique, avec laquelle la famille était en contact pour tenter d’obtenir sa libération.
Dans une lettre que sa famille a rendue publique mardi et que Kayla Mueller a écrite à ses proches pendant sa captivité au printemps 2014, elle évoquait ses conditions de détention et affirmait être dans un lieu sûr et en bonne santé. « J’ai compris que même en prison, on peut être libre », écrivait-elle, ajoutant que ses proches lui manquaient « comme si cela faisait une décennie de séparation forcée ».
Elle y parlait également des négociations qui, se disait-elle, devaient avoir lieu pour sa libération. « Cela n’aurait jamais dû devenir un fardeau pour vous… Aucun de nous n’aurait pu savoir que cela serait si long, mais je me bats de mon côté autant que j’en suis capable. »
> « Son action reste »
La Syrie n’était pas le premier terrain où la jeune femme, originaire de Prescott dans l’Arizona (sud-ouest), se rendait pour aider ceux qui sont dans le besoin. Une fois diplômée de l’université de Northern Arizona en 2009, elle n’a cessé de parcourir le monde pour aider les plus démunis. Elle vit et travaille entre 2009 et 2011 avec des groupes humanitaires dans le nord de l’Inde, puis en Israël où elle est bénévole au centre de développement pour les réfugiés africains et dans les Territoires palestiniens.
Puis elle rentre chez elle aux États-Unis, où elle travaille pendant un an dans une clinique qui soigne des patients atteints du sida, tout en aidant bénévolement dans un refuge pour femmes, de nuit. Elle fait ensuite un bref passage par la France, en décembre 2011, où elle travaille comme fille au pair, surtout pour perfectionner son français dans le but de se rendre en Afrique. Elle part dans la foulée pour la frontière turco-syrienne. Elle y aide les familles déplacées au sein des ONG Support to Life et le Danish Refugee Council, ainsi que quelques autres organisations humanitaires.
Son nom n’a été rendu public que lorsque l’EI a annoncé vendredi sa mort par un bombardement « de la coalition ». La Maison Blanche n’a pas confirmé ces allégations. « Elle nous a été enlevée, mais son action reste et inspire tous ceux qui se battent, chacun à leur façon, pour ce qui est juste et ce qui est décent », a relevé Barack Obama.
AFP