Vingt ans après avoir fait naufrage, « La Calypso », le mythique navire du commandant Cousteau, a été hissée lundi à bord d’un cargo afin d’être rénovée en Turquie. Puis il repartira sur les traces du célèbre océanographe, dont les aventures sous-marines ont marqué plusieurs générations.
« L’opération s’est soldée par un succès », a déclaré Patrice Quesnel, chargé par l’Équipe Cousteau du délicat chargement du navire de 111 tonnes et 42 mètres de long sur l’Abis Dusavik. Ce cargo doit quitter la Bretagne mardi pour rejoindre Istanbul d’ici une semaine.
« Le choix s’est porté sur un spécialiste à Istanbul, qui est associé à une société américaine », a indiqué l’association présidée par Francine Cousteau, veuve du célèbre océanographe français, à propos du chantier naval chargé de la rénovation. C’est dans les « pays de la partie orientale de la mer Méditerranée (…) que l’on peut trouver encore la technologie traditionnelle des constructions navales en bois », s’est justifiée l’association dans un communiqué.
Un message d’espoir
La nouvelle « Calypso » sera « exactement pareille à celle que vous avez toujours connue, à l’exception près qu’elle aura des moyens de navigation modernes », a assuré Francine Cousteau, venue assister, sous le soleil et avec plusieurs centaines de personnes, au chargement du navire en bois. Celui-ci retrouvera ainsi les équipements qui ont marqué l’histoire de la découverte des mondes sous-marins, comme la soucoupe plongeante jaune « Denise », premier type de véhicule sous-marin construit dans un but d’exploration scientifique.
La rénovation du navire, qui devrait être terminée d’ici deux ans, aura un coût de près de 10 millions d’euros, a-t-elle précisé, assurant que le financement était garanti grâce à plusieurs mécènes. Le navire « repartira sur les traces du commandant en tant qu’ambassadeur de l’environnement », a-t-elle assuré.
« J’espère vraiment que –la Calypso– continuera de naviguer pour les générations futures, c’est d’ailleurs ce que voulait le commandant », a témoigné Ange Le Gal, 68 ans, dont 20 ans passés à bord des navires de Cousteau. « –La Calypso–, partout où elle allait, transmettait un message d’espoir et de défense de la biodiversité », s’est souvenu l’ancien mécanicien, coiffé d’un bonnet rouge, comme celui que portait le commandant Cousteau.
Le 4 mars, le navire avait quitté le hangar d’un chantier naval de Concarneau, où sa carcasse dormait depuis 2007, pour être placé à quai dans ce port breton en attendant son enlèvement. Ancien dragueur de mines construit en 1942 aux États-Unis, « la Calypso » avait fait naufrage à Singapour en 1996, un an avant le décès du commandant Cousteau.
Remis à flot, le navire avait rejoint en 2007 Concarneau, où il devait être restauré. Sa remise en état avait été interrompue en 2009 en raison d’un désaccord entre le chantier qui la menait et l’Équipe Cousteau sur la nature et le montant des travaux. Celui qui dénonçait inlassablement « un pillage, un viol honteux des mers, né d’une conception erronée du progrès », a sillonné à partir de 1950 et pendant plus de 40 ans à bord du navire les océans du globe pour réaliser des films sur les fonds marins, qui ont fait le tour du monde.
Le Quotidien/AFP