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Violences après l’annulation d’un meeting de Donald Trump à Chicago


Evacuation du public après l'annulation du meeting de Donald Trump à Chicago, le 11 mars. (photo AFP)

Le milliardaire Donald Trump a annulé vendredi à la dernière minute un meeting à Chicago pour éviter que des gens « ne soient potentiellement gravement blessés », mais de graves violences ont éclaté entre partisans et opposants du candidat républicain à la Maison Blanche.

Des manifestants, dont bon nombre de militants de Bernie Sanders et du mouvement antiraciste « Black Lives Matter », avaient réussi à se rassembler à l’intérieur de l’arène sportive de l’université de l’Illinois, à Chicago, où l’homme d’affaires devait s’exprimer en début de soirée, menaçant apparemment d’en perturber le bon déroulement.

Toute la journée, la tension était graduellement montée à l’intérieur et à l’extérieur du campus, où des centaines de personnes, dont beaucoup d’étudiants, protestaient contre le venue du candidat.

Un responsable a alors annoncé l’annulation de l’événement, déclenchant cris et stupeur, puis des altercations entre pro et anti-Trump. Des insultes, des bouteilles et des coups de poings ont volé, et les militants du démocrate Bernie Sanders ont scandé des slogans, tandis que la sécurité tentait de séparer les groupes et d’évacuer la salle.

Les violences ont continué à l’extérieur et la police a procédé à des arrestations musclées, selon un vidéaste de l’AFP. Plusieurs heures plus tard, en soirée, le calme est revenu à Chicago, où la police a annoncé avoir procédé à au moins cinq arrestations.

« Les gens auraient potentiellement pu être gravement blessés », a affirmé Donald Trump à MSNBC pour justifier l’annulation de ce rassemblement. « On ne peut plus faire de meeting dans une grande ville de ce pays sans violence ou violence potentielle ».

« Liberté d’expression »

Il a expliqué avoir décidé de reporter l’événement après avoir consulté les forces de l’ordre, une fois arrivé à Chicago. « Je pense que nous avons pris la bonne décision d’annuler », a-t-il dit à CNN, « même si notre liberté d’expression a été totalement violée ».

Il a refusé d’assumer la responsabilité des manifestations et des tensions en raison de son « ton », alors que ses rivaux l’accusent d’exacerber les tensions raciales et d’encourager ses partisans à s’en prendre aux fauteurs de troubles.

« Je n’ai certainement pas incité à la violence », a-t-il dit, rejetant la faute sur des « agitateurs professionnels ». Les manifestants, dont des Noirs et beaucoup de jeunes hispaniques, agitaient des pancartes telles que « Trump = haine » ou « Trump est un bouffon », dénonçant le « racisme » du candidat et ses propositions anti-immigrés.

Un autre meeting de Trump, plus tôt dans la journée à Saint Louis, dans le Missouri, avait été interrompu à de multiples reprises. 32 personnes y avaient été arrêtées, selon la police.

Ses trois rivaux de la course à l’investiture républicaine se sont également joints aux critiques, chacun blâmant la rhétorique incendiaire de l’homme d’affaires.

« Donald Trump a semé la division et il en a récolté les fruits ce soir, c’était affreux », a déclaré John Kasich, gouverneur de l’Ohio. Le sénateur du Texas Ted Cruz l’a accusé de « créer un environnement qui ne fait qu’inciter à ce genre de violente discorde ».

« Nous avons tous nos différends et nous savons tous qu’il y a beaucoup de gens en colère dans ce pays, mais nous devons traiter cette colère tous ensemble », a réagi la candidate à l’investiture démocrate, Hillary Clinton, voulant ainsi se montrer rassembleuse.

Ces événements rappellent d’ailleurs les manifestations violentes lors de la convention nationale des démocrates de 1968, aussi à Chicago, dans des Etats-Unis en plein débat sur la guerre du Vietnam, selon des commentateurs.

Appel à « cogner »

Ces scènes, qui ont gagné en intensité ces dernières semaines, font désormais partie intégrale des déplacements publics du milliardaire, qui en joue durant ses discours. Il a le 1er février enjoint ses partisans à « cogner », promettant de payer leurs frais d’avocat. Le 23 février, il a déclaré qu’il aimerait « donner un coup de poing dans la figure » d’un perturbateur.

« Quand on manifeste il n’y a plus de conséquences, avant il y avait des conséquences », a redit Donald Trump à Saint Louis, en disant qu’il fallait que le pays « se durcisse ». « Honnêtement, c’est plus amusant que d’écouter un discours, n’est-ce pas? » a-t-il dit, alors que la police procédait à des arrestations.

Mercredi, un homme de 78 ans, John McGraw, avait été inculpé après avoir été filmé frappant un manifestant noir lors d’un meeting en Caroline du Nord (sud-est). Sur le plan politique, Donald Trump mène dans la course aux délégués pour l’investiture républicaine et a même reçu vendredi le soutien d’un candidat déchu, le neurochirurgien noir Ben Carson.

Samedi, Donald Trump doit tenir un rassemblement à Cleveland, en Ohio, nouvelle étape de sa tournée avant le prochain « super mardi », le 15 mars.

Cinq grands Etats (Floride, Illinois, Missouri, Ohio, Caroline du Nord) voteront lors de ce second « super mardi » qui est peut-être l’une des dernières chances des rivaux de Trump pour lui barrer la route à l’investiture républicaine.

Le Quotidien / AFP