Le dossier sur le trafic d’armes transitant par le Luxembourg, publié mercredi par Le Quotidien, n’est pas passé inaperçu : il s’est invité dans les débats parlementaires sur la déclaration de politique étrangère de Jean Asselborn.
Le député Laurent Mosar (CSV) s’est en effet inquiété de la désignation du Grand-Duché comme une «plaque tournante du trafic d’armes de guerre» et a invité les ministres des Affaires étrangères et de la Justice à se pencher sur la question. «On m’a rapporté que la neutralisation des armes n’est pas obligatoire au Luxembourg; je souhaiterais donc savoir si l’arsenal juridique est adapté», s’est interrogé le député.
Notre dossier : [Exclusif] Le Luxembourg, plaque tournante du trafic d’armes de guerre
Laurent Mosar a ensuite mis en avant la (mauvaise) réputation dont pourrait hériter le pays, à la suite de la publication de ce dossier. «J’espère que le gouvernement prendra les mesures conséquentes» , a-t-il encore déclaré en faisant référence à la sacro-sainte stratégie de «nation branding» chère au gouvernement.
Même son de cloche du côté des écolos, où le député Claude Adam s’est demandé s’il fallait légiférer sur la question.
Seul ministre compétent présent sur les bancs réservés au gouvernement, mercredi au Parlement, Jean Asselborn n’a pas donné suite aux interrogations des différents députés. Cela dit, le sujet devrait certainement être abordé ce jeudi au Conseil Justice et Affaires intérieures (JAI) qui se tient à Bruxelles, en présence notamment du ministre de la Sécurité intérieure, Étienne Schneider (lire notre encadré ci-dessous).
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À l’ordre du jour figure en effet la réforme de la directive européenne relative au contrôle de l’acquisition et de la détention des armes à feu et le suivi de la mise en œuvre des mesures antiterroristes décidées en 2015.
Octavie Modert enfonce le clou
Auteure, le 5 février, d’une question parlementaire sur le rôle du Luxembourg dans le trafic international d’armes, la députée CSV Octavie Modert s’était en quelque sorte vu opposer une fin de non-recevoir dans la réponse que lui avait adressée trois ministres : celui des Affaires étrangères, celui de la Justice et celui de la Sécurité intérieure. Selon eux, aucune information ne permet d’affirmer que ces réseaux opèrent au Grand-Duché.
Forte de la publication par Le Quotidien d’une enquête tendant à prouver le contraire, la députée, associée à sa collègue Françoise Hetto-Gaasch, a répété, mercredi, sa question en se référant largement aux informations que nous avons révélées. Les deux députées demandent aux ministres de revoir leur copie.
Le Quotidien
Schneider ce jeudi à Bruxelles à un conseil européen sur le trafic d’armes
Le ministre de la Sécurité intérieure, Étienne Schneider, participe, jeudi à Bruxelles, à un conseil Justice et Affaires intérieures (JAI) de l’Union européenne, notamment consacré au trafic d’armes en relation avec le terrorisme.
Cet ordre du jour s’inscrit dans le cadre de la déclaration de Riga des 29 et 30 janvier derniers, dans laquelle les ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères de l’UE définissent la lutte contre le trafic d’armes à feu comme une priorité du plan d’action contre le terrorisme, après les attentats islamistes qui ont ensanglanté la capitale française en janvier et novembre 2015.
La déclaration insiste sur la nécessité d’harmoniser les législations européennes afin de mieux contrer ce fléau aux mains d’organisations criminelles. Les ministres des Vingt-Huit avaient, entre autres, convenu de mettre l’accent sur la neutralisation des armes à feu.
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Au Luxembourg, il n’y a pas de loi obligeant un détenteur déclaré d’une arme de guerre à la neutraliser, c’est-à-dire à faire en sorte qu’elle ne puisse plus tirer. Les propriétaires de ces armes peuvent les faire démilitariser sur une base volontaire.
Cette réunion intervient alors que le ministre de la Sécurité intérieure a jugé ces dernières semaines, en réponse à deux questions parlementaires, que le Luxembourg «ne joue pas de rôle» dans les filières internationales de trafic d’armes de guerre. Une affirmation contredite par un documentaire consacré au sujet et par des informations sur le démantèlement, en 2015, d’un réseau s’appuyant notamment sur le Luxembourg.