Il y avait quelque chose de l’ordre du clin d’œil avec cette camionnette de l’Atelier posée devant la Rockhal au milieu de cannettes de bières et louant la prochaine comédie musicale, « Rocky Horror Show ».
« Slipknot », un déferlement d’énergie et d’anticonformisme sur la Rockhal. (Photos : DR/AFP)
Oui, les 6 000 personnes venues à Esch-Belval, lundi, s’attendaient, elles aussi, à un spectacle tout en travestissement, certes moins « glamrock »… En effet, l’invité de la soirée n’était autre que le groupe Slipknot, l’un des plus influents du metal américain de ces quinze dernières années, réputé autant pour ses costumes et masques – qui n’ont rien à envier aux psychopathes des films de Romero – que pour sa musique ultraviolente, mâtinée d’influences extrêmes (death, indus, grindcore) et de nuances mélodiques. Le public avait donc son iPhone bien en main pour immortaliser le show, fait de démons lumineux, de squelettes et d’effets pyrotechniques. Pas évident, en tout cas, pour « pogoter » comme il se doit…
Les spectateurs se réjouissaient, en tout cas, des retrouvailles, la formation n’ayant plus posé le pied au pays depuis 2008. Des années de relative discrétion, durant lesquelles elle a même connu des moments difficiles, notamment en 2010, avec la mort du bassiste Paul Gray. Leur dernier album, 5 : The Gray Chapter, sorti l’année dernière (six ans après All Hope Is Gone), rend justement hommage à l’ami disparu, ce qu’a rappelé sur scène le chanteur Corey Taylor, durant de régulières interventions promotionnelles.
D’un point de vue artistique, s’il faut reconnaître l’investissement des neuf musiciens, qui donnent de leur personne, à l’instar du duo aux percussions, jouant aux équilibristes sur des plateformes en mouvement, le son, lui, reste assez brouillon, manquant cruellement de finesse et de claquant. Certes, l’harmonie n’est sûrement pas la philosophie de Slipknot, mais tout de même !
Au final, on est comme devant un paquet de bonbons à Halloween : les couleurs donnent envie, au goût, cela devient vite uniforme. On en serait même à regretter la fin des années 90, où l’on voyait le combo se balancer des tomes à la figure. Un déferlement d’énergie et d’anticonformisme qui avait quelque chose d’authentique. Sniff… Même plus peur.
De notre journaliste Grégory Cimatti