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Corse : manifestation sous tension à Bastia


La police arrive sur les lieux d'une manifestation le 15 février 2016 à Corte, en Corse. (Photo : AFP)

Une manifestation à hauts risques, à l’appel du principal groupe de supporters du SC Bastia, se déroulera samedi après-midi à Bastia, en soutien à un jeune supporter grièvement blessé il y a une semaine dans des heurts avec la police à Reims.

Vendredi soir, le président nationaliste de l’exécutif de la Collectivité territoriale de Corse, Gilles Simeoni, a mis en garde contre «des risques avérés de dérapages et d’affrontements» lors de cette manifestation organisée par la principale association de supporters du club de football, Bastia 1905. «Il faut absolument désamorcer cette logique de confrontation qui est un piège», a poursuivi M. Simeoni, souhaitant que la manifestation à laquelle il ne participera pas «se déroule dans le calme et la dignité».

Depuis les incidents du 13 février à Reims, dont les circonstances restent floues et qui ont motivé l’ouverture d’une information judicaire et la saisine de l’Inspection générale de la police nationale, la tension n’est pas retombée en Corse, où les incidents parfois violents se sont multipliés, sans toutefois faire de victime.

Le cortège de la manifestation doit démarrer vers 14H30 au palais de justice pour se rendre à la préfecture de Haute-Corse par le boulevard Paoli, la principale artère du centre de Bastia. Plusieurs centaines de CRS et gendarmes mobiles seront déployés et le dispositif de sécurité sera renforcé par des policiers venus de Marseille et Nice.

«Nous insistons encore une fois sur notre volonté d’apaisement (…). Ne laissons pas à nos ennemis la moindre opportunité de nous salir», ont déclaré sur Facebook les membres de Bastia 1905, la principale association de supporters du Sporting Club de Bastia, qui réclame une enquête «totalement impartiale» sur «l’agression» de Maxime Beux, le supporter blessé le 13 novembre à Reims, la levée des poursuites visant les autres supporters du club interpellés en Champagne et la démission du ministre de l’Intérieur et du procureur de Reims.

L’association a également annoncé lors de la manifestation la présence de supporters nantais – prévu samedi, le match Bastia-Nantes a été reporté au 9 mars -, italiens et serbes.

Blocage à l’université

Au cours des incidents survenus à Reims, après le match Reims-Bastia, Maxime Beux, 22 ans, a perdu un œil. Il assure avoir été blessé par un tir de flash-ball des forces de l’ordre et son avocate, Me Cynthia Costa-Sigrist, a même évoqué, sur la foi de ses déclarations, «un guet-apens tendu par les policiers». Selon le parquet de Reims, il se serait blessé en tombant sur un poteau alors qu’il était poursuivi par des policiers.

Vendredi, Me Jean-André Albertini, qui est aussi l’avocat du SCB, a annoncé avoir déposé plainte contre X au nom de sept supporters du club impliqués dans les événements rémois –mais pas de celui qui a été blessé– pour «violences aggravées». Tous sont également poursuivis et doivent comparaître le 22 mars à Reims.

Dès dimanche soir, des incidents violents ont éclaté à Bastia, puis lundi et mardi à Corte, où l’université a été bloquée par les syndicats étudiants nationalistes pendant trois jours. Les cours avaient repris jeudi, après notamment des appels au calme des présidents nationalistes de l’exécutif et de l’assemblée de la Collectivité territoriale de Corse, Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni.

Le blocage a toutefois de nouveau repris dès vendredi, pour protester contre la condamnation à 10 mois de prison, dont 5 ferme, prononcée à l’encontre d’un étudiant interpellé lors des incidents de mardi soir à Corte, une «lourde condamnation» dont M. Simeoni a regretté vendredi soir qu’elle ait enrayé la «logique de désescalade» des jours précédents.

Le contexte corse est aussi marqué par la crispation entre Paris et les dirigeants nationalistes arrivés au pouvoir à la faveur d’une victoire historique lors des élections territoriales de décembre, la manifestation de samedi fait craindre des débordements d’éléments incontrôlés.

A la différence des grandes manifestations nationalistes des années 1980-90, strictement encadrées par des organisations politico-militaires, des groupes de jeunes gens très mobiles et déterminés affrontent désormais les forces de l’ordre dans de véritables scènes de guérilla urbaine en fin de défilé.

AFP/M.R.