Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Championnats Grande Région, samedi, à Metz. Malgré la victoire, le lanceur du CAB ne s’est pas rassuré avec un jet à 18,88m.
À un mois des Mondiaux indoor à Portland, Bob Bertemes a rendu une pâle copie lors de sa première compétition à Metz.
En observant Bob Bertemes à la fin de son concours, on avait l’impression que le ciel lui était tombé sur la tête. On a senti de l’abattement, voire de l’incompréhension… Sonia Ilieva tentait de le rassurer et de trouver les bons mots pour faire réagir son poulain. Mais à un mois des championnats du monde indoor à Portland, celui-ci a encore pas mal de chemin à faire pour redevenir ce fameux gladiateur que son entraîneur souhaite revoir.
Samedi, Bob Bertemes a effectué son tout premier meeting de la saison après une blessure au dos. Dès l’échauffement, on le sentait concerné, motivé. Il répétait sans relâche les mêmes gestes… Alors qu’il ouvrait le bal, le lanceur s’est perdu dans son cercle dès son premier jet à 18,21 m. Le doute commence à s’installer dans sa tête et on lit dans son expression faciale toute l’inquiétude. Sa deuxième (18,68 m) et sa troisième (18,46 m) tentative ont montré qu’il avait beaucoup de mal à se libérer. Sonia Ilieva lui lance même : «Pourquoi tu as peur?» Son élève répond de manière désabusée : «C’est vraiment n’importe quoi…»
Son meilleur essai sera mesuré à 18,88 m et il remporte largement ce concours lors de ces championnats de la Grande Région. Mais voilà : Bob Bertemes n’est pas au meilleur de sa forme et il semblerait que ce soit dans la tête que ça coince.
Trop grande pression? Trop d’attentes en ce qui concerne la norme pour les Jeux olympiques de Rio? Sonia Ilieva analyse sa prestation : «Il était trop stressé. À l’entraînement, il a lancé à 19,30 m! Il n’était pas dedans et il a fait n’importe quoi. Mardi, on part en stage au Portugal… On va essayer de bien se préparer pour les Mondiaux. Et puis on va croiser les doigts», confie-t-elle.
O. K., on aurait préféré voir Bob Bertemes un peu plus serein à Metz, mais c’est quand même loin d’être catastrophique.
«Beaucoup de déception et de colère»
Sa rentrée était attendue par pas mal de monde et il est clair que le lanceur du CAB souhaitait montrer un tout autre visage : «On peut essayer de se consoler comme on peut, ce n’était vraiment pas bon ce que j’ai lancé. Il y a beaucoup de déception et de la colère. Je n’ai pas assez travaillé avec mes jambes et mes bras!», souffle-t-il après son concours, le regard complètement ailleurs.
En tout cas, les années se suivent et ne se ressemblent pas : on est très loin de la saison indoor de l’an passé. Il est certes dans le creux de la vague, mais rien ne dit que dans quatre semaines, entouré des meilleurs mondiaux, Bob Bertemes ne va pas rehausser le ton et montrer à tout le monde qu’il peut se dépasser malgré des débuts compliqués.
Toujours est-il qu’on aura rarement vu Bob Bertemes dans ce genre de situation. Il ne faut pas tirer la sonnette d’alarme puisque on se dit que ça ne peut pas être pire et que le meilleur reste à venir.
À Portland, le lanceur de poids n’aura rien à perdre et il devra retrouver cette agressivité et cette vélocité qui ont fait sa force l’année dernière.
Ce qui est sûr, c’est que le chemin pour Rio est encore long pour atteindre les 20,50 m, mais tout est encore possible. La date butoir étant le 11 juillet 2016, Bob Bertemes aura comme dernière compétition les championnats d’Europe à Amsterdam (6-10 juillet). L’optimisme n’était pas au beau fixe, samedi après-midi, et on imagine que le changement d’air à Albufeira (Portugal) pourra évidemment faire beaucoup de bien à Bob Bertemes. C’est tout ce qu’on peut lui souhaiter avant de s’envoler ensuite aux États-Unis.
De notre correspondant Matthieu Bebon
