« Notre message à l’Europe est clair. La souveraineté est la priorité pour nous en termes d’organisation du système politique. L’Espagne ne sera plus jamais à la périphérie de l’Allemagne. Nous allons travailler afin de retrouver le sens du mot souveraineté dans notre pays », déclarait, lundi, Pablo Iglesias, le leader du parti antiaustérité espagnol Podemos devenu, en un peu moins de deux ans, la troisième force politique au Parlement espagnol après les élections de dimanche.
Son allié grec Syriza au pouvoir à Athènes tenait à peu près le même discours il y a encore quelques mois avant de se faire littéralement humilier et d’appliquer désormais avec zèle le programme économique imposé par Bruxelles et Berlin, c’est-à-dire l’austérité.
Plus près du Luxembourg, à l’autre bout de l’échiquier politique, le Front national de Marine Le Pen pointe également du doigt la responsabilité de l’UE dans la crise que traverse la France, qui ne serait plus maître de sa politique économique. Mais à ces critiques, la chef de l’extrême droite française ajoute celles concernant la crise migratoire. La France – qui n’accueille que très peu de réfugiés eu égard à sa population – serait ainsi submergée par la faute de l’Europe. Marine Le Pen est rejointe sur ce point par les pays de l’Est, dirigés par des gouvernements de droite et qui s’opposent à la répartition des réfugiés entre États.
De la gauche à l’extrême droite, l’UE, dominée par l’Allemagne d’Angela Merkel, cristallise donc toute une série de mécontentements. L’année 2015 aura vu l’hostilité à l’Europe atteindre un niveau qu’elle n’a jamais connu depuis sa fondation en 1957 par le traité de Rome. Elle est donc passée du symbole de la paix sur un continent ayant connu deux effroyables guerres, de l’unité retrouvée après l’élargissement à l’Est des années 2000, à celui d’une machine élitiste qui s’échine à broyer les peuples.
Dans ce sombre tableau, une petite lueur d’espoir : pour l’instant, aucun peuple dans sa majorité n’a exprimé le souhait de quitter l’UE et les candidats se bousculent toujours au portillon. Mais sans véritable changement, pour combien de temps?
Nicolas Klein