Les négociations visant au renouvellement de la convention collective de travail des salariés des pharmacies ont échoué. L’OGBL fait le point face à un conflit social qui semble «inévitable».
Les tensions s’accentuent dans le secteur de la pharmacie. Le syndicat Santé, Services sociaux et éducatifs de l’OGBL a tenu, vendredi, une conférence de presse pour faire le point sur des négociations qui patinent depuis plusieurs mois. En cause : le refus des représentants patronaux d’avancer sur le renouvellement de la convention collective régissant les conditions de travail et de rémunération du personnel du secteur. Pour le syndicat, ce blocage persistant fait désormais planer la menace d’un conflit social ouvert.
Pour l’heure, la convention collective de travail des salariés des pharmacies date de 2006. Et si, à l’époque, elle était bien adaptée, comme le souligne Tom Mamer, secrétaire central adjoint de l’OGBL Santé, ce n’est plus le cas aujourd’hui. «Avec l’inflation et la hausse du coût de la vie, la convention est devenue obsolète», estime-t-il.
Résultat, l’ensemble des salariés travaillant dans les pharmacies ouvertes au public du Luxembourg – pharmaciens, préparateurs, assistants, employés administratifs, salariés sans diplôme – est lésé pour ce qui concerne le salaire, les congés ou le système de gardes. «Ils sont payés au salaire minimum social, ils n’ont pas pu profiter du 26e jour de congé devenu légal…», liste Tom Mamer. Il dépeint un secteur dont les conditions d’emploi sont loin derrière celles du secteur de la santé et même du commerce : «J’ai parlé avec des gens formés et titulaire d’un BTS qui nous disent qu’ils seraient mieux payés au Cactus.»
Une proposition «insuffisante»
L’OGBL Santé, l’Association luxembourgeoise des pharmaciens sans officine (ALPSO) et l’Association des préparateurs en pharmacie du Luxembourg (APPL) ont donc lancé des négociations en début d’année pour tenter de résoudre le problème. «Nous souhaitons rétablir la convention collective à un niveau adéquat au contexte de vie et de travail actuel», explique le secrétaire central adjoint. Les trois organisations revendiquent une revalorisation des barèmes de salaire, une augmentation des jours de congé, une réorganisation de la formation professionnelle continue, une réorganisation des services de garde et une amélioration des conditions de travail.
Mais après plusieurs réunions, les négociations ont échoué. «L’organisation patronale n’est pas prête à faire des concessions», déplore Tom Mamer. Selon lui, tout est une question d’argent : «Comme dans tous les autres secteurs, chaque euro entre dans une poche ou dans l’autre… Et ici, presque tout va dans la poche des patrons.» L’OGBL accuse donc les représentants des employeurs de faire obstruction à toute discussion constructive. Face à cette situation, le syndicat indépendant estime que le dialogue social est dans l’impasse et que le conflit social semble «inévitable».
Après les échecs des négociations en septembre, les représentants des patrons avaient fait une proposition au front composé de l’OGBL, l’ALPSO et l’APPL. Mais ces derniers l’ont jugée «insuffisante», car elle ne répond ni à l’évolution du coût de la vie ni à la charge de travail réelle du personnel et qu’elle maintient des inégalités importantes entre catégories professionnelles. Les salariés du secteur ont tout de même été appelés à voter pour accepter ou rejeter la dernière proposition patronale. Ils ont repoussé la proposition. L’OGBL continue donc son travail : «Nous avons saisi l’Office national de conciliation, donc maintenant la prochaine réunion se fera au ministère. Mais si les patrons veulent nous envoyer une nouvelle proposition et qu’elle est acceptable, nous pouvons oublier tout le reste», informe Tom Mamer.
Les étapes principales du dossier
- Début 2025 : ouverture officielle des négociations
- Juin : blocage sur les revendications salariales et de carrière
- 3 juin : première assemblée plénière sectorielle
- Juillet : lettre au Syndicat des pharmaciens luxembourgeois appelant à prendre les négociations au sérieux
- Septembre : échec des négociations
- 16 octobre : assemblée plénière sectorielle et lancement du vote