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Rome, le côté obscur de la force à la KuFa


Rome, un projet fait d'ombre et de lumière. (Photo DR)

Jérôme Reuter, avec son projet post-punk Rome, fêtera samedi, sur la scène de la Kulturfabrik d’Esch, les dix ans d’une impressionnante carrière… surtout à l’international !

Vous êtes probablement la star grand-ducale de musique amplifiée la plus méconnue du pays.

Jérôme Reuter (Rome) : Star, non ! Ça ne veut rien dire ça au Luxembourg. Et puis je ne suis pas une star ailleurs non plus. Disons que je suis assez connu dans mon domaine; que j’ai un certain succès, mais auprès d’un public assez délimité.

Rock industriel, composition mélancolique et romantique, pop-folk-post industrial, martial industrial, neofolk, apocalyptic folk, cold wave, etc. sont autant de genres qu’on trouve, ci et là, au sujet de votre musique. Mais comment, vous, vous définiriez votre style ?

Ma musique a beaucoup évolué depuis le début. Tous les termes que je viens d’entendre sont justes. Disons simplement que tout ça découle du post-punk. J’aime tout ce qui est un peu mélancolique. J’ai des chansons qui font penser à Joy Division, alors que d’autres sont plus proches de Jacques Brel. C’est très varié. Et en même temps, pour moi, tout est un peu la même chose. J’ai été dans différents groupes par le passé et Rome, c’est justement mon truc pour pouvoir mélanger tout ça.

En tout cas, ce qui met tout le monde d’accord c’est l’ambiance sombre, noire qui se dégage de votre voix et de votre musique. Vous étiez d’ailleurs à l’affiche du festival Touch of Noir à Dudelange en 2013. Que représente le noir pour vous ? Qu’est-ce qui vous attire autant dans ce côté obscur ?

Je suis aussi bien intéressé par les trucs « dark » que par la lumière, mais je trouve que les choses brillent plus quand elles proviennent de quelque chose de sombre. Il me semble que pour connaître vraiment la valeur de la lumière, il faut avoir vu les ténèbres.

Votre musique est riche mais, en plus, vous êtes rapide. Vous travaillez déjà sur votre onzième album. Quel est votre secret ?

On me demande souvent comment j’ai fait pour sortir dix albums en dix ans. Même si j’ai mes copains avec moi sur scène, je suis seul dans le projet, je ne dois donc pas discuter et convaincre quelqu’un d’autre à chaque morceau. Je fais ce que je veux. Et puis, d’un point de vue mathématique, il y a douze morceaux dans un album, ça n’en fait qu’un par mois. Ça n’a rien d’impossible.

Que pouvez-vous nous dire sur ce onzième album en préparation ?

Il est fini. Pour le reste, je ne sais pas trop. Il ne sortira qu’en août prochain, j’ai donc encore du temps pour trouver des choses pertinentes à dire là-dessus. Disons que ça ne tournera pas autour d’un seul thème, contrairement à l’album de l’an dernier qui traitait de la Rhodésie. Cette fois-ci, j’ai voulu faire un album plus ouvert. Après, comme toujours, il y a quelques idées conceptuelles et de la littérature.

Cette année, vous avez joué, de Los Angeles à Saigon en passant par Berlin, Moscou ou encore Rome et Jérusalem. Revers de la médaille, en dix ans, vos concerts au Grand-Duché se comptent sur les doigts d’une main. N’est-ce pas frustrant de jouer si peu devant les siens ?

C’est vrai. Samedi, ce ne sera que le cinquième concert de Rome au Luxembourg. Et je suis beaucoup plus nerveux que d’habitude, justement parce que je connais les gens qui seront là. Samedi dernier, j’ai joué à Zurich, je ne connaissais presque personne parmi les 200 spectateurs. Là, s’il y a 200 spectateurs, je risque de tous les connaître. C’est plus compliqué, car sur scène on est quelqu’un d’autre. Mais les gens au Luxembourg connaissent aussi le Jérôme derrière Rome.

Entretien avec Pablo Chimienti

Concert samedi 5 décembre à 20h à la Kulturfabrik d’Esch-sur-Alzette