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[Gardiens de la nature] Nichoirs : c’est le moment !


De nombreux modèles de nichoirs existent, chaque espèce d’oiseaux ayant ses préférence. (photo natur&ëmwelt)

Avec le réchauffement climatique, les oiseaux nichent plus tôt. Si vous voulez inviter la nature chez vous, il est temps d’installer un nichoir.

Non, l’hiver n’a pas été particulièrement chaud, mais il n’empêche, la mécanique du réchauffement climatique est bien présente. La preuve : les oiseaux migrateurs ne vont pas tarder à revenir. D’ailleurs, à l’image de ces dernières années, certains ne sont même pas partis. «Migrer représente une énorme dépense énergétique et nous constatons que de plus en plus d’individus préfèrent essayer de passer l’hiver ici», relève Lieke Mevis, conseillère nature à natur&ëmwelt.

C’est le cas des grues cendrées, par exemple, mais pas seulement. «On ne peut pas dire qu’une espèce en particulier migre moins. Nous observons surtout des comportements individuels, ajoute-t-elle. Scientifiquement, nous vivons un moment de transition et c’est passionnant à étudier.» Il faut dire que, pour les oiseaux, ne pas migrer présente un autre avantage : ceux qui restent auront la primeur pour choisir les sites où ils se reproduiront. Premiers arrivés, premiers servis !

Les oiseaux de nos jardins (mésanges, moineaux, rouges-gorges…) auront tout à profiter d’un nichoir fonctionnel et bien installé, qui leur permettra de pondre et de nourrir leur progéniture en toute sécurité. Chaque espèce a ses préférences : les moineaux et les mésanges apprécient les nichoirs fermés, avec juste une petite entrée ronde.

Les moineaux ont besoin d’un trou de 32 millimètres de diamètre, tandis que les mésanges, plus menues, préfèrent un orifice légèrement plus petit. Ceci dit, les mésanges sont suffisamment malignes pour gratter un peu les bords et les élargir si l’emplacement d’une cabane pour moineaux les comble ! D’autres oiseaux préfèrent les nichoirs semi-ouverts, comme les rouges-gorges, les rouges-queues ou les merles. À chacun ses habitudes !

Globalement, les populations de ces oiseaux qui se sont bien familiarisés à l’urbanisation sont assez stables. «Le nombre de moineaux avait grandement chuté il y a quelques années, mais heureusement, cette dynamique inquiétante semble s’être calmée», indique Lieke Mevis.

En ville aussi

Reste à savoir où installer ces petites habitations. L’idéal, bien sûr, serait de les fixer dans un endroit où la nourriture serait proche, histoire d’offrir le gîte et le couvert. «S’il y a un jardin ou un parc à proximité, c’est parfait. Le mieux serait même d’avoir une nature un peu sauvage, des broussailles, des haies et un mélange de fleurs qui permettraient aux insectes d’en profiter pendant une longue saison», précise la spécialiste. Avec cette carte postale, il y en aura pour tout le monde : les insectes dont se nourrissent les poussins seront attirés par les fleurs et les adultes pourront se repaître des graines produites par ces parterres multicolores.

Toutes ces conditions ne sont cependant pas absolument nécessaires, il est tout à fait possible d’installer un nichoir sur une petite terrasse ou un balcon. «Le plus important est de faire attention à l’orientation, prévient Lieke Mevis. Le nichoir ne doit pas être trop au soleil, ni trop à l’ombre, pour que la température et le degré d’humidité conviennent aux petits. Idéalement, l’entrée doit être orientée vers l’est ou le sud-est.»

Photo : roland felten

Installer un nichoir ne pose pas de difficultés, mais il n’est pas toujours judicieux d’en mettre plusieurs. Les mésanges, par exemple, sont très territoriales et n’acceptent personne dans un rayon de sept mètres. En revanche, pas de problème pour les moineaux, qui apprécient la compagnie de leurs congénères.

Et puis, il vaut mieux y penser avant : le nichoir ne doit pas être accessible aux prédateurs. Il y a les fouines, mais surtout les chats qui peuvent faire de véritables carnages… Avec une hauteur d’environ deux mètres, sans branches ou autres éléments qui pourraient servir d’accès, tout devrait bien se passer! Il existe aussi des dispositifs que l’on peut installer pour bloquer l’accès.

Quant au choix des matériaux, le bois est toujours une bonne option, mais exposé aux intempéries, il se dégrade rapidement. Une bonne alternative durable est le béton de bois, qui est, comme son nom l’indique, un béton dans lequel sont incorporés des copeaux de bois. Ce matériau est un bon isolant et il respire, ce qui évite l’humidité et la moisissure qui apparaîtraient immanquablement dans un nichoir conçu dans une matière complètement imperméable. Le béton de bois a l’avantage d’être quasiment indestructible et facile à nettoyer.

Effectivement, il est intéressant de passer un coup de frais tous les deux à trois ans. Enlever les nids qui se superposent chaque année permet de libérer de la place, mais enfilez des gants, car on peut y trouver des parasites. Ensuite, un coup de brosse et d’eau chaude suffit (pas de produits chimiques!). Pour cette année, c’est un peu tard, puisque les oiseaux arrivent, mais pensez-y pour l’année prochaine !

Installer un nichoir promet de beaux moments d’observation. C’est un excellent moyen pour captiver les plus jeunes et ainsi leur transmettre ce message ô combien important que la nature est belle, qu’il faut la respecter et la protéger.

D’ailleurs, si vous voulez donner un coup de main aux oiseaux qui en ont le plus besoin, n’hésitez pas à contacter les stations biologiques du Sicona ou du SIAS qui vous diront s’il est possible d’installer chez vous des nichoirs pour les hirondelles et les martinets noirs, deux espèces dont le déclin est particulièrement inquiétant. Des solutions existent et elles sont subventionnées par l’État.

Où acheter un nichoir?

De nombreux magasins et jardineries en proposent, la Haus vun der Natur également. Installée à Kockelscheuer et facilement accessible depuis le Park and Ride, vous trouverez en plus au siège de natur&ëmwelt les meilleurs conseils pour bien les choisir et les installer comme il faut. Profitez-en pour déambuler à l’arrière du bâtiment et visiter la petite ferme avec ses animaux. Vous pourrez aussi prendre connaissance du projet 2 000 m2, un champ cultivé en bio qui synthétise la surface qui est à la disposition de chaque habitant du Grand-Duché.

Carte d’identité

Nom : Lieke Mevis

Âge : 43 ans

Poste : conseillère nature, chez natur&ëmwelt

Profil : Elle a étudié la primatologie à l’université d’Utrecht (Pays-Bas), mais rebutée par la captivité des animaux qu’elle observait, elle a préféré s’intéresser à la fouine dans le cadre de sa thèse de doctorat. Enseignante, puis conseillère indépendante, elle a rejoint natur&ëmwelt il y a trois ans.