Parmi beaucoup d’autres projets, l’administration de la Nature et des Forêts (ANF) vient de lancer un programme de renaturation dans les environs de Beaufort.
Au Grand-Duché, lorsque l’on détruit des biotopes pour construire tout type d’infrastructures, il faut compenser les pertes quelque part. Tout cela est codifié dans la loi de 2018 sur la protection de la nature. Avant les travaux, un écobilan doit être créé dans un format numérique. Des experts y répertorient les espèces animales et végétales ainsi que les habitats qui vont disparaître. Des écopoints leur sont attribués en fonction de leur rareté. Si à la fin du chantier, le solde est négatif (c’est-à-dire que le site est écologiquement plus pauvre qu’avant), l’aménageur est contraint de payer une taxe proportionnelle aux pertes environnementales. L’argent récupéré alimente alors un fonds de compensation géré par l’administration de la Nature et des Forêts qui se charge de renaturer des terrains dont l’État est propriétaire.
Un nouveau site de ce type vient tout juste d’être ouvert au lieu-dit Kosselt, non loin de Beaufort. Il s’agit d’environ 45 hectares de prairies et de pâturage, qui sont totalement dépourvus de haies ou d’arbres isolés. L’ANF a identifié sur ce terrain un grand potentiel de revalorisation écologique.
Outre de nouvelles plantations qui permettront de recréer les structures paysagères qui accueilleront une foule d’oiseaux, d’insectes ou de petits mammifères (dont des chauves-souris), mais aussi une grande variété de plantes, des mares seront également aménagées. Celles-ci forment en effet des habitats particulièrement riches, et pas uniquement pour les batraciens.
La création d’un nouveau réseau de plans d’eau a lieu depuis une vingtaine d’années un peu partout dans le pays. Et pour cause, afin de faciliter l’exploitation agricole et notamment le passage des machines lourdes, environ 80 % des zones humides ont disparu du Luxembourg au cours des 70 dernières années. Or, cette évolution met en péril la survie des espèces animales et végétales qui dépendent de l’eau.
Des mares
pour la biodiversité
Pour inverser cette tendance, l’ANF, mais aussi d’autres structures comme les syndicats intercommunaux (Sicona, SIAS) ou natur&ëmwelt créent ces nouveaux petits étangs exclusivement alimentés par la pluie. Exposés au soleil et sans poissons (qui se nourriraient des œufs des batraciens), ils offrent des habitats rares à des espèces souvent en grand danger, comme le triton crêté ou la rainette verte d’Europe.
Ces mares ont beaucoup d’autres avantages. Elles stockent aussi l’eau de pluie, ce qui soulage les systèmes d’évacuation des eaux usées et réduit le risque d’inondations dans les zones urbanisées. À l’inverse, lors des périodes de sècheresse, ces étangs restituent l’eau à la nature lorsqu’elle en a le plus besoin. Ces mares modifient ainsi considérablement le paysage et deviennent très rapidement des hauts lieux de biodiversité.
À Beaufort, l’ANF va également planter des vergers en sélectionnant prioritairement des variétés locales comme la pomme Triumph luxembourgeoise ou le Nélchesbir, une variété de petites poires traditionnellement utilisées pour élaborer de l’eau-de-vie. La plantation d’arbres à feuilles caduques, rares mais typiques du Luxembourg, comme l’alisier blanc, l’alisier torminal, le cormier ou l’orme champêtre, contribuera à la préservation de ces espèces anciennes que l’on ne trouve plus beaucoup. Plus de 360 arbres seront plantés au total.
Les différents terrains qui seront développés à Koffelt continueront à être utilisés par les agriculteurs, mais de façon très extensive. Des clôtures vont permettre de diviser les surfaces en différents usages et de créer une mosaïque de prairies de fauche et de pâturages. Les bandes de jachère, qui ne sont fauchées que tous les deux ans, seront des refuges pour les lièvres ou les hérissons. Bien sûr, l’utilisation de produits phytosanitaires comme les engrais et de pesticides sera totalement proscrite. Cela favorisera les herbes et les fleurs, dont se régaleront les pollinisateurs et les coléoptères, eux aussi en fort déclin.



ANF : les grands rendez-vous de l’année
La sensibilisation est un volet important des activités de l’administration de la Nature et des Forêts, dont une des missions est de partager avec le grand public les enjeux de l’indispensable protection de la nature. Chaque année, une série d’actions a lieu, vous pouvez d’ores et déjà noter celles-ci dans votre agenda.
18 juin : Dag an der Natur au Ellergronn (Esch-sur-Alzette)
Cette campagne existe depuis plus de 20 ans! En collaboration avec natur&ëmwelt, l’ANF va proposer cette année encore plusieurs centaines d’activités qui se tiendront dans tout le pays du printemps jusqu’à l’été. Plus d’une centaine de professionnels de la nature seront impliqués dans ces différents évènements. Le grand moment de cette grande période de découverte sera la fête qui se déroulera le 18 juin au Centre nature et forêt du Ellergronn.
5 octobre : Birdwatch day au Biodiversum (Remerschen)
Les étangs de Remerschen (nés des anciennes sablières) qui longent la Moselle sont un endroit remarquable. De nombreux oiseaux migrateurs viennent s’y reposer, voire y nicher. Organisé avec la centrale ornithologique de natur&ëmwelt, le Birdwatch day est une formidable occasion de découvrir ce magnifique paysage ainsi que ses habitants. Depuis les cabanes d’observation situées autour de l’eau ou simplement depuis les rives, vous pourrez assister au baguage des oiseaux et beaucoup apprendre sur la protection de la nature et des oiseaux. Cette journée est dédiée à toute la famille.
16,18 et 20 juin : Dag mam Fierschter an der Natur (Niederanven)
« Une journée avec un forestier dans la nature » est un rallye pédagogique organisé par la commune et les gardes forestiers de l’ANF. Elle s’adresse aux classes scolaires, à partir du cycle 4.1. Comme chaque année, l’objectif sera de sensibiliser la jeune génération afin qu’elle perçoive la forêt en tant qu’habitat pour de nombreuses espèces animales et végétales, tout en introduisant le thème de la conservation de la nature et des métiers qu’elle propose. Chaque classe reçoit un questionnaire à remplir en cours de route, les questions porteront sur la détermination d’un animal, d’une plante ou d’un arbre. Des jeux seront organisés dans les stations. L’an passé, plus de 550 élèves avaient participé à l’évènement.