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Budget : plus de recettes, moins de déficit


Le ministre Gilles Roth défend son budget, qui reflète le programme du gouvernement : plus de compétitivité et de pouvoir d’achat. (Photo : hervé montaigu)

Le ministre des Finances, Gilles Roth, a répondu aux critiques de l’opposition sur le budget de l’État, non sans avoir, au préalable, apporté quelques bonnes nouvelles.

Après l’exposé de la rapporteuse du budget, Corinne Cahen (DP), sur l’intelligence artificielle et les opportunités qu’elle peut offrir au Luxembourg, l’opposition ne ménage pas ses critiques, reprochant à la députée de s’être égarée dans un sujet qui ne colle pas à la réalité d’un budget. C’est d’abord Gilles Roth, ministre des Finances, qui fait parler les chiffres et qui surprend les députés avec des prévisions plus optimistes que prévu.

Ainsi, le déficit diminuerait de 500 millions d’euros cette année pour l’État et il a même évoqué un éventuel solde positif pour l’administration publique (État, communes, sécurité sociale), «en touchant du bois», comme il le précise. Selon le nouveau calcul, qui inclut des recettes plus importantes qu’attendu, le déficit de l’État central ne s’élèverait plus qu’à 1,4 milliard d’euros à la place des 1,9 milliard d’abord estimé.

Selon Gilles Roth, cette augmentation des recettes proviendrait de l’impôt sur les salaires et des très bons résultats de certaines grandes entreprises. Mais il livre également une autre possibilité.  Certaines dépenses n’ont pas été réalisées, comme des livraisons de matériel, à l’armée et aux chemins de fer, tout comme des postes au sein de l’État n’ont pas été pourvus.

«Un pouvoir d’achat accru», selon Gilles Roth

L’opposition ne manque pas de lui rappeler que le Conseil national des finances publiques avait émis des doutes sur les prévisions, les jugeant trop pessimistes. Il en va de même pour la dette publique, qui atteindrait 26,7 % du PIB en 2028, alors que les prévisions de l’automne dernier portaient la dette à 32,4 % du PIB en 2027.

Le ministre des Finances a répondu aux députés après huit heures de débat qui ne l’ont pas épargné. Il le fait avec tact, ce que les députés de l’opposition apprécient. Toutefois, il ne peut accepter le reproche récurrent dans ce genre de discussions qui veut que le gouvernement en place «n’a aucune vision» ou qu’il «navigue à vue». Au contraire, selon Gilles Roth, «le programme du gouvernement comporte des points importants qui se résument à une meilleure compétitivité et à un pouvoir d’achat accru». Sam Tanson (déi gréng) a beau lui faire remarquer que les arguments dont elle use aujourd’hui sont les mêmes que ceux avancés par l’ancien député Roth, alors dans l’opposition, rien ne fait chavirer le ministre.

Il avait promis «plus de net que de brut» et c’est ce qu’il réalise pour donner plus de pouvoir d’achat aux ménages. L’opposition lui rappelle que l’augmentation du prix de l’électricité va plomber sa théorie, il s’en défend. «C’est le régulateur qui fixe les prix, pas le gouvernement, et nous sommes un des trois seuls pays de l’Union à prendre des mesures pour limiter la hausse réelle du prix de l’électricité», rappelle-t-il.

Le tabac rapporte gros

À ceux qui lui reprochent de diminuer le niveau des investissements, il répond qu’ils représentent 4,6 % du PIB, contre 3,8 % en moyenne au cours des dix dernières années de règne de l’ancien gouvernement tricolore. Le gouvernement ne fait rien pour lutter contre la pauvreté, comme le lui lance Taina Bofferding (LSAP) ou David Wagner (déi Lénk)? Si, au contraire, le salaire social minimum va être augmenté à partir du 1er janvier et il ne sera plus imposé, réplique en substance le ministre. La dette? Elle serait, selon Gilles Roth, le reflet «d’une politique ambitieuse».

Enfin, les recettes issues de la vente des produits de tabac continuent de remplir les caisses de l’État et il n’y a pas de quoi s’en vanter, comme le soulignent plusieurs députés. En effet, les experts tablent sur des recettes à 1,4 milliard d’euros en 2024 et à 1,6 milliard d’euros en 2025 et elles pourraient atteindre 1,9 milliard d’euros en 2028. «Je ne sais pas quel ministre des Finances pourrait se passer des accises sur le tabac», répond Gilles Roth.

Comme le pays ne peut pas se passer, non plus, du dialogue social qui forge sa politique, et le ministre des Finances a tenu à rassurer les députés sur ce point. L’autre constante, c’est le secteur financier qui continue de garantir la bonne santé économique du pays et le ministre donne raison à David Wagner (déi Lénk), qui fustige le fait qu’il représente toujours près d’un quart du PIB. «Oui, l’économie luxembourgeoise doit se diversifier, s’orienter vers le digital et l’économie verte, mais aussi vers l’industrie», reconnaît Gilles Roth.

Le budget sera soumis au vote ce jeudi matin.