Bruxelles risque bien d’être assiégée par les tracteurs dans quelques semaines. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a clôturé les discussions avec les dirigeants des pays du Mercosur : un accord économique sans précédent doit lier l’alliance sud-américaine à l’UE, et ce sera désormais aux pays européens d’approuver le texte discuté depuis maintenant une vingtaine d’années. Les agriculteurs d’une partie de notre continent sont vent debout contre cet accord avec le Mercosur. France, Italie, Pays-Bas, Pologne ou Autriche… dans ces pays, la fronde s’organise contre le texte. Une minorité de blocage existe pour refuser cet accord : les pays européens peuvent faire capoter cette initiative décriée… seulement s’ils regroupent 35 % de la population de l’Union. L’Europe risque bien de se déchirer encore un peu plus sur un énième sujet.
Aujourd’hui, une partie des agriculteurs européens estiment que cet accord avec l’Amérique du Sud va provoquer une concurrence déloyale et mettre en péril leur modèle économique, déjà mis à mal par les crises successives. Pour beaucoup de paysans, cette initiative est le coup de boutoir de trop et la colère, déjà vive, risque de se transformer en fureur. Au-delà de la problématique agricole, il y a aussi l’image de l’Union européenne, qui en prend encore un sacré coup. Les partis souverainistes ont le vent en poupe et attendent patiemment dans l’ombre. Leur souhait : que le rêve d’un continent uni se dissipe enfin. L’Union tient pourtant bon depuis plus d’un demi-siècle, contre vents et marées. Mais ce dossier du Mercosur risque de laisser des traces si une partie des Européens n’est pas entendue.
La France est la plus grande puissance agricole du continent, et de loin. Elle ne laissera pas piétiner ce secteur par d’autres, même si ce sont ses plus proches «alliés». Mais le doute va une nouvelle fois s’installer peu à peu chez nos voisins. Le Frexit va continuer à faire son petit bonhomme de chemin dans les esprits. L’Europe est-elle toujours aussi intéressante qu’avant? Les énergumènes qui brandissent ce «Brexit made in France» sont de plus en plus écoutés. Attention à ne pas provoquer un accident historique.