Les résultats du projet pilote sur l’acquisition de la lecture et de l’écriture en français sont plutôt encourageants.
Mal classé lors des études sur les compétences scolaires des élèves, le Luxembourg se devait de réagir. Depuis plusieurs années, il a mis en place des mesures censées répondre à la problématique de la très grande diversité linguistique, cause à la fois d’inégalité entre les élèves et d’échecs pour certains d’entre eux. Un rapport de la Commission européenne revient notamment sur le projet pilote d’acquisition de la lecture et de l’écriture en français.
Au moment de leur entrée à l’école, constate le rapport, les élèves possèdent les compétences de base essentielles pour commencer à acquérir les aptitudes à lire et à écrire. Dès le début de la troisième primaire, à partir de l’âge de 8 ans, les compétences de nombreux élèves en compréhension de l’écrit en langue allemande et en mathématiques diminuent sensiblement, en particulier celles des élèves issus de milieux défavorisés ou dont la première langue n’est ni l’allemand ni le luxembourgeois.
Pour tenter de répondre à la problématique de la très grande diversité linguistique, le Luxembourg a augmenté le nombre d’écoles publiques européennes. Les résultats sont encourageants, indique le rapport. Ces élèves «obtiennent de meilleurs résultats, redoublent moins souvent et sont moins susceptibles de changer de filière que les élèves du système traditionnel». Mais il convient de nuancer ces résultats puisque «les élèves fréquentant les écoles publiques européennes ont un profil socio-économique plus favorable que les élèves fréquentant les écoles traditionnelles».
Le français avant l’allemand
En 2022/2023, un projet pilote a vu le jour dans quatre écoles primaires, supervisé par un comité consultatif scientifique composé d’experts internationaux et évalué par le Centre luxembourgeois d’évaluation de l’éducation de l’université du Luxembourg.
Alphabétisation en français : des «retours positifs»
À l’inverse du schéma traditionnel, le français est la première langue écrite et parlée, tandis que l’allemand est ensuite introduit à l’oral à l’âge de 6 ans et à l’écrit à l’âge de 8 ans. Et bien que le nombre d’élèves concernés ne soit pas très important et que les questions divergent un peu, il apparait que les résultats sont, là aussi, encourageants.
Lors des premières épreuves standardisées, passés par les élèves de première année à l’automne 2023, les élèves participant au projet pilote ont obtenu de meilleurs résultats que leurs camarades ayant reçu un enseignement en allemand. Les résultats en mathématiques et en luxembourgeois à l’oral étaient solides pour tous les élèves, indépendamment de leur langue familiale et de leur langue d’alphabétisation, précise encore le rapport.
Dans l’accord de coalition, le gouvernement a annoncé son intention d’étendre l’option relative à la lecture et à l’écriture en français au niveau national à partir de 2026-2027 si les résultats du projet pilote sont positifs.
En 2018, les performances scolaires des élèves de 15 ans au Luxembourg avaient été évaluées dans le cadre du programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) de l’OCDE. Les résultats quasi identiques à ceux des années précédentes montraient que les niveaux de compétence moyens au Luxembourg étaient considérablement plus faibles que la moyenne de l’UE dans l’ensemble des trois matières testées. Les élèves affichaient 470 points en lecture (moyenne de l’OCDE : 487), 477 points en sciences naturelles (moyenne de l’OCDE : 489) et 483 points en mathématiques (moyenne de l’OCDE : 489).
Bien sûr, les spécificités de la population scolaire du Grand-Duché pouvaient expliquer ces résultats. Le Luxembourg était en effet le pays de l’OCDE qui affichait à la fois le taux le plus élevé d’élèves avec origine migratoire (55 %) et le taux le plus élevé de jeunes dont la première langue parlée à la maison n’était pas la langue de l’école ni celle du test PISA (83 %). Sans compter que le contexte socio-économique des adolescents jouait aussi un rôle important. Or l’écart observé entre les résultats des étudiants favorisés et ceux des étudiants défavorisés était le plus important parmi tous les pays de l’UE.
Le rapport est disponible dans son intégralité sur le site de la Commission européenne.