Differdange est la quatrième ville du pays à accueillir le Musée du déchet (MUD), un parcours éducatif qui vise à sensibiliser le public à l’économie circulaire et à la gestion de nos ressources.
Differdange rêve de neutralité carbone. Et tente de se donner les moyens d’y arriver. Fière de sa nomination parmi les «100 smart cities» de l’Union européenne (la seule dans la Grande Région!), la commune entend atteindre cet objectif d’ici à 2030. Ce projet ambitieux justifie la présence, depuis un peu plus d’un mois, du Musée du déchet en plein cœur de la ville.
Ce parcours éducatif et itinérant a été lancé en décembre 2021 à Luxembourg et a vu du pays depuis, notamment en posant ses valises à Esch-sur-Alzette, Strassen et Niederanven. C’est désormais dans la Cité du fer que le musée ouvre ses portes pour les six prochains mois. Voire plus si affinités.
Le concept reste le même que dans les autres villes : le MuD offre un parcours aux visiteurs afin qu’ils visualisent l’impact de leurs déchets quotidiens. Que contient votre poubelle ? Combien de jouets possèdent vos enfants et combien sont réellement utilisés ? Quelles sont les solutions à adopter pour réduire votre impact sur l’environnement? Autant de questions auxquelles le MuD tente d’apporter des réponses.
«Nous sommes ici sur un travail de sensibilisation qui est essentiel. Il faut changer les habitudes, les mentalités, nous n’avons plus le choix », martèle Philippe Reuter, chargé technique au service écologie de Differdange. Changer des mentalités en offrant un vrai lieu de réflexion aux jeunes Differdangeois, voilà le véritable but du MuD. Car au-delà de l’aspect «sensibilisation», le Musée du déchet se veut aussi un lieu où trouver des solutions. Et garder l’espoir d’un monde sans déchets d’ici à 2050.
Envisager un monde meilleur
Utopique ? Certainement pas aux yeux de Zenia Charlé, échevine responsable de l’environnement à la commune. «Notre système n’est pas inchangeable. Le gaspillage est assez récent, cela n’existait pas avant, c’est lié à notre société de consommation. C’est possible de changer ça en s’aidant des nouvelles technologies par exemple», note la jeune femme.
Surcyclage (upcycling), vêtements de seconde main, achat en vrac, bibliothèques partagées, consommation locale… Les idées sont là et ne demandent qu’à être appliquées à plus grande échelle. Il n’est pas interdit d’envisager un monde meilleur et plus respectueux de ce qui constitue notre fragile planète.
Chaque année, dans l’UE, près de 59 millions de tonnes de denrées alimentaires sont perdues, ce qui représente 131 kg de déchets par personne. À Differdange, ce chiffre atteint aujourd’hui les 168 kg. «Nous ne sommes pas si mauvais, mais nous ne faisons pas assez», souligne Philippe Reuter. La commune vise un taux de recyclage de 65 % et une réduction de 40 % des déchets d’ici à 2030.
L’exposition itinérante est accessible tous les mardis et jeudis de 9 h à 16 h. Une offre pédagogique est mise à la disposition des enseignants sur demande, ce qui offre aux élèves l’opportunité de découvrir de manière interactive les enjeux liés à la gestion des déchets et au recyclage.
De l’IA dans les poubelles
S’aider des nouvelles technologies pour réduire notre impact écologique, voilà le mantra mis en avant par Charlé Zenia, échevine à Differdange. Un rêve déjà devenu réalité, puisque la commune a mis en place un projet pilote, «Fusilli», visant à réduire les gaz à effet de serre dans une cantine gérée par Servior, l’établissement public chargé du logement des personnes âgées au Luxembourg.
Concrètement, l’initiative utilise deux poubelles intelligentes pour suivre et réduire les déchets alimentaires. L’IA collecte et analyse les données relatives aux déchets alimentaires et aide ainsi à adapter les menus et les flux de travail pour réduire efficacement les déchets.
Les données ont montré qu’une cuisine perdait entre 50 000 et 60 000 euros par an à cause des déchets alimentaires. Ce projet pilote a donc permis d’adapter les menus, de faire des achats efficaces et de réduire fortement le gaspillage alimentaire. «Je serais heureux si tout le monde commençait à se soucier de ce qu’il jette et à réfléchir avant d’acheter. De petits pas peuvent conduire à de grands changements», souligne Philippe Reuter.