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Du Luxembourg au Brésil pour protéger la savane et ceux qui y vivent


François Ramaekers, en compagnie du chantre de la tribu Kraho. Le président d’Abram n’hésite pas à se plier aux coutumes locales.  (Photo : abram)

L’Association bras ouverts au monde (Abram) veut accompagner toutes les générations sur un chemin de prise de conscience de l’urgence sociale et environnementale, du Luxembourg au Brésil.

François Ramaekers a vendu sa maison au Luxembourg et pris un congé sans solde de l’Éducation nationale pour se consacrer à la cause environnementale et sociale au Brésil, dans le Cerrado, une région de savane, entre deux réserves, l’une de nature, l’autre ethnique.

Avec des proches, il a fondé l’ASBL Abram au Luxembourg, qui postule, après dix ans d’existence et d’expérience, pour obtenir un agrément du ministère des Affaires étrangères. En dix ans, une multitude de projets ont vu le jour, aussi bien au Luxembourg avec des formations en permaculture, qu’au Brésil, dans les domaines de l’éducation non formelle, du commerce équitable, du développement durable et du tourisme responsable et solidaire. Interview.

Vous avez été accueilli dans le Cercle des ONG cette année, après dix ans d’existence, une première reconnaissance?

François Ramaekers : Oui. Nous faisons désormais partie des 94 ONG au Luxembourg, mais quatre ne sont pas encore agréées par le ministère des Affaires étrangères, dont Abram. J’y travaille. J’ai envoyé le dossier le 31 août seulement, nous sommes dans l’attente d’une réponse. Dans le Cerrado, plus précisément dans la petite ville de Cavalcante, tout ce qu’on construit, c’est avec les élèves du LTC et de l’école Waldorf. Depuis 2023, Abram dispose de l’agrément du ministère de l’Éducation nationale pour l’exercice de son activité dans la cadre du service volontaire des jeunes administré par le Service national de la jeunesse.

Que va changer cet agrément sur lequel vous comptez énormément?

Notre intérêt direct, c’est de pouvoir financer 80 voire 100 % de nos projets dans le domaine de l’environnement. On travaille toujours dans le domaine de l’environnement, mais on bricole depuis des années. Chaque fois qu’on a besoin de monter un projet, on doit s’y prendre longtemps à l’avance, courir derrière nos membres, chercher des sponsors. Il faut cravacher. Pour l’instant, nous fonctionnons grâce aux dons des particuliers. Pour le projet JadEr, ici au Luxembourg qui est une formation à la permaculture, nous sommes financés par l’Œuvre nationale de secours Grande-Duchesse-Charlotte et par l’André Losch Fondation. Mais la pierre angulaire, c’est obtenir cet agrément du ministère des Affaires étrangères pour pouvoir proposer un service volontaire de coopération qui doit obligatoirement être opéré avec un partenaire solide de l’autre côté, et c’est précisément notre filiale d’Abram au Brésil.

Tout ce qu’on construit, c’est avec les élèves du LTC et de l’école Waldorf

En quoi consiste le service volontaire de coopération?

On envoie des jeunes entre 18 et 30 ans à l’autre bout du monde pour réaliser un parcours qui leur donne de l’expérience, des compétences et, bien souvent, ils apprennent une nouvelle langue. Quand ils reviennent, ils sont armés pour le marché du travail, ce sont des autres personnes, transformées par leur expérience. Le service qui peut durer un an et demi est reconnu comme une année d’études et ça compte aussi pour leur pension. C’est magnifique que le Luxembourg offre cette chance, ça ne se fait nulle part ailleurs. Ces jeunes reçoivent de l’argent de poche, le voyage est payé et ils sont logés. Pour la jeunesse c’est génial, je suis admiratif.

Vous êtes prêt à les accueillir?

Notre centre d’accueil est prêt, notre centre de formation aussi. Une quinzaine de jeunes lycéens vont encore venir cette année et se retrouveront en plein milieu d’une réserve grande comme la Wallonie. Au milieu se trouve la ville de Cavalcante, qui est un peu le repère de tous les résistants, les agriculteurs, les ONG qui travaillent pour la préservation de l’environnement. On travaille main dans la main avec tous ces gens, qui représentent une multitude de partenaires associatifs ou institutionnels.

Quel est votre objectif derrière ce service national de coopération?

L’idée, c’est de faire prendre conscience, à tout le monde, que si l’on veut préserver l’environnement, il faut aussi préserver ses gardiens. Il faut accompagner tous les peuples du Cerrado qui sont les gardiens de la savane. Il s’agit de faire venir des jeunes, et des moins jeunes, qui, dans le cadre du service volontaire de coopération, sont d’abord sensibilisés. Puis ils apprennent à faire pour changer de regard. Ce que l’on fait principalement, c’est de la conscientisation. C’est la seule chose qui compte. On a tous intérêt d’envoyer des jeunes là-haut, parce que si personne ne s’occupe de ces terres, dans cinq ans, c’est un désert. Le Cerrado, qui s’est constitué sur des millions d’années, disparaît. Quand je parle de conscientisation, c’est un peu se retrouver dans la nature intacte. Cela devient rare. Pendant que tout le monde regarde l’Amazonie, plus personne ne regarde le Cerrado, or là-bas c’est beaucoup plus simple de tout raser.

Vous soutenez aussi le tourisme solidaire…

En gros, nous avons créé un centre d’accueil pour nos volontaires, qu’ils soient du service de coopération ou pas. Nous avons déjà des volontaires qui viennent et des stagiaires. En même temps, nous avons un centre de formation. L’année prochaine, nous accueillerons un groupe d’Amérindiens pour une formation en agroécologie, destinée à leur permettre de traverser la crise climatique. On s’insère dans des réseaux locaux, ils font des voyages d’études payés par des ONG locales et des cours sont organisés. C’est petit ce qu’on fait, mais on est petit, mais à un moment, on sera plus efficace. Avec l’agrément, ces projets vont prendre une autre dimension. L’idée avec le ministère des Affaires étrangères, c’est aussi d’obtenir un dédommagement qui ira à chaque partenaire de nos projets, de l’ordre de 15 ou 20 euros par jour de formation, ce qui est énorme pour eux.

Abram en fête

Abram fête ses dix ans samedi, à partir de 14 h, au centre culturel de Reckange-sur-Mess. L’association propose un marché artisanal, des ateliers, une exposition et une grande soirée brésilienne à partir de 19 h.

L’association luxembourgeoise Abram est ouverte à toutes les cultures et qui souhaite déployer son action en faveur de ceux qui préparent le monde de demain : plus juste, plus ancré, plus respectueux, plus responsable. En bref : un monde plus ouvert.

Abram déploie son action dans divers domaines qui, tous, poursuivent des buts de conscientisation aux grands défis que notre époque doit relever et qui tiennent en deux mots : transition et résilience.

L’ASBL se décrit comme un modeste acteur de la transition écologique et de la transformation sociale. À travers divers projets multidimensionnels, Abram soutient des causes diverses et variées qui, toutes sont liées entre elles : protection et restauration de l’environnement, travail social et éducatif, lutte contre les inégalités et pour le respect des droits humains, protection de la faune domestique et sauvage, tourisme solidaire et commerce équitable.

 

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