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Fermeture entre Belvaux et Rédange : la France prend des mesures


De g. à d. : Sandrine Mlodzieniak, Francine Closener, Virginie Borali, Esbelta de Freitas et Élise Patassi, avant que le débat commence.

Les arguments pour que la route entre Belvaux et Rédange reste ouverte ont été bien accueillis à la Chambre. Mais une annonce du GECT Alzette-Belval rebat les cartes.

«On n’a plus de marge de manœuvre», soupire la présidente de la commission des Pétitions, Francine Closener. Jusque-là, les quatre pétitionnaires avaient eu l’impression d’avoir été entendues, quand patatras tout est à refaire, côté français cette fois.

Mais revenons en arrière. Attendu par les 4 931 signataires de la pétition publique «Non à la fermeture de la route entre Rédange et Belvaux», le débat a eu lieu hier matin à la Chambre des députés. Face à Francine Closener (LSAP), à la ministre de la Mobilité, Yuriko Backes (DP), et aux députés se tiennent quatre femmes, toutes frontalières. Parmi elles, Sandrine Mlodzieniak, à l’initiative de cette pétition.

En lisant la presse en fin d’année 2023, l’Audunoise avait appris une nouvelle qui risquait de bouleverser non seulement son quotidien, mais aussi celui de 4 000 frontaliers. Une petite phrase issue du Plan national de mobilité luxembourgeois l’avait «médusée» :«Pour ce qui est de Belvaux, la mise en service de la liaison Micheville 211 permettra de fermer le CR178 au trafic motorisé transfrontalier.»

Autrement dit, des bornes – rétractables pour les bus et véhicules de secours – seront installées à Belvaux et la route entre cette commune (côté luxembourgeois) et celle de Rédange (côté français) sera interdite aux navetteurs. L’idée étant de dévier le trafic de cet itinéraire bis pour désengorger Belvaux.

«Une catastrophe en l’état actuel du trafic transfrontalier et en raison de l’absence de modes de transport alternatifs suffisants», a estimé Sandrine Mlodzieniak, ce jeudi matin. «Tous les usagers arrivant d’abord de Rédange, Russange, mais également d’autres villages alentour vont tous se diriger vers Audun-le-Tiche et le contournement en place déjà étranglé aux heures de pointe ne pourra pas supporter une telle augmentation de fréquentation», détaille-t-elle.

Surtout qu’à ces milliers de véhicules reversés sur un rond-point et l’A4, il faut ajouter les futurs navetteurs. En effet, près de 400 logements et commerces sont en construction dans l’écoquartier de Rédange, sans compter les centaines prévus sur le site de Micheville, dont la population ne cesse de se densifier.

Une phase pilote à Rédange

Nathalie Morgenthaler, échevine de la commune de Sanem, demande alors pourquoi les navetteurs ne prendraient pas les transports en commun. La réponse fuse, limpide, de la part d’une autre pétitionnaire, Esbelta De Freitas : il n’existe qu’un seul bus, dont la cadence est d’un passage par heure entre Rédange et Esch-sur-Alzette en passant par Belvaux.

Quant au train, il faut en changer deux à trois fois pour rejoindre la capitale. «Un bus par heure, imaginez si tous le prenaient, ça n’a aucun sens, vous ne pouvez pas mettre toute cette population dans ce bus-là. C’est une solution inexploitable pour le moment», répétera-t-elle plusieurs fois pendant le débat.

«Quelle alternative proposez-vous?», s’enquiert Meris Sehovic (déi gréng) après avoir évoqué les dangers que représentent les pollutions sonores et atmosphériques engendrées par le trafic routier.

«Nous avons identifié des chemins et des routes appartenant à la France et au Grand-Duché entre Rédange et Belval qui pourraient être utilisés et qui permettraient de proposer un autre passage sans fermer le CR178, répond Esbelta De Freitas. Parce qu’avec un second accès, bien évidemment, ça désengorgerait Belvaux et Rédange.»

Elle ajoute, malicieusement : «Vous avez raison de parler de pollution, mais elle nous impacte également, puisque nous sommes juste de l’autre côté.»

La ministre de la Mobilité prend alors la parole pour rappeler que cette fermeture s’effectue dans le cadre d’un plan global cohérent, dont le CR178 est une pièce du puzzle. Mais, assure-t-elle, il n’a jamais été question de fermer une frontière.

«Vous avez raison, sur le texte, il n’y a pas de fermeture. Mais dans les faits, si le contournement est totalement paralysé et si le CR178 est fermé, la conséquence pratique, c’est une fermeture de la frontière», nuance Esbelta De Freitas.

C’est alors que Yuriko Backes lance : «Il y a deux jours, dans une lettre, les Français du GECT Alzette-Belval (NDLR : une structure de coopération transfrontalière franco-luxembourgeoise) ont proposé que le trafic de transit soit arrêté en France, à Rédange, rue de la Côte par des bornes, lors d’une phase pilote.»

Stupeur. «Nous avons été surprises, reconnaîtra Esbelta De Freitas à la fin du débat. On avait commencé à approcher nos élus locaux pour leur dire de bouger, que la problématique n’est pas que du côté luxembourgeois, elle est commune. On pensait que cette route était déjà interdite à la circulation à certaines heures depuis août 2023, puisqu’il y avait eu un arrêté municipal en ce sens.»

Les quatre frontalières, qui ont constitué un collectif, prévoient de demander rapidement des précisions à la municipalité de Rédange. Quant au versant luxembourgeois de l’affaire, il se poursuit avec l’envoi par les pétitionnaires des propositions de routes alternatives et la prochaine réunion entre les ministères concernés et la commission des Pétitions.

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