Au moins 41 personnes ont été tuées et 180 blessées mardi dans une frappe de missiles russes sur la ville de Poltava, dans le centre de l’Ukraine, qui a notamment partiellement détruit un institut militaire.
Des blogueurs populaires et des responsables ont sévèrement critiqué le commandement militaire ukrainien après cette attaque particulièrement meurtrière, qui a visé selon eux un groupe de soldats rassemblés au même endroit sur le site de cet institut.
Selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, deux missiles balistiques ont touché « un établissement d’enseignement et un hôpital voisin » à Poltava. « L’un des bâtiments de l’Institut des communications a été partiellement détruit. Des personnes se sont retrouvées sous les décombres », a-t-il souligné, parlant de cet établissement fondé dans les années 1960 et spécialisé dans la formation de spécialistes des télécommunications militaires. Il a lui-même donné un premier bilan d’au moins 41 morts et de plus de 180 blessés.
D’après le ministère ukrainien de la Défense, la frappe a eu lieu dans un délai très court après le déclenchement de l’alerte antiaérienne. Les missiles « ont surpris les gens en train d’évacuer vers l’abri souterrain », a-t-il expliqué. « Grâce au travail coordonné des sauveteurs et des médecins, 25 personnes ont été secourues, dont 11 ont pu être dégagées des décombres. Les sauveteurs poursuivent actuellement leur travail », a ajouté le ministère.
L’attaque a eu lieu dans la matinée sur Poltava, une ville située à environ 300 kilomètres à l’est de Kiev et qui comptait quelque 300.000 habitants avant l’invasion russe de l’Ukraine.
Un journaliste de l’AFP sur place a vu plusieurs ambulances se dirigeant vers le site atteint, peu après la frappe. Des médias locaux ont diffusé des appels à la population à donner du sang. Des images envoyées sur les réseaux sociaux ont montré un bâtiment de plusieurs étages complètement éventré et des secouristes travaillant au milieu de gravats.
« Les tragédies se répètent »
Cette frappe a provoqué une vive colère parmi les blogueurs militaires ukrainiens, qui ont, comme en Russie, une certaine influence du fait de la guerre. Selon certains d’entre eux, l’armée russe avait pour objectif une cérémonie militaire officielle en plein air, soit une grande concentration de soldats qui en a fait une cible facile.
« Poltava… Comment ce fait-il qu’un si grand nombre de personnes aient été rassemblées dans un tel établissement ? », a interrogé le blogueur Serguiï Naoumovitch, suivi par plus de 135.000 personnes sur Facebook.
La députée Mariana Bezougla, membre de la commission Défense du Parlement et très critique du commandement militaire ukrainien, a regretté sur Telegram qu’aucun officier de haut rang n’ait été puni pour avoir mis en danger des groupes de militaires à l’occasion d’incidents similaires par le passé. « Les tragédies se répètent. Quand cela cessera-t-il ? », a-t-elle écrit.
Le président ukrainien a dit avoir ordonné « une enquête complète et rapide » sur les circonstances ayant permis cette attaque russe. Il a aussi promis de tenir la Russie « pour responsable » et une nouvelle fois appelé les alliés occidentaux de Kiev à livrer d’urgence davantage de systèmes de défense antiaérienne et à autoriser l’Ukraine à pouvoir atteindre en profondeur le territoire russe avec les missiles de longue portée qui lui ont été fournis.
Crash d’un F-16 la semaine dernière
Plusieurs pays occidentaux, dont les Etats-Unis, se refusent jusqu’à présent à donner leur feu vert à de tels bombardements au-delà des régions frontalières de crainte d’une escalade avec Moscou.
Le commandement militaire russe avait également été fortement critiqué à plusieurs reprises depuis le début de la guerre après des frappes ukrainiennes très meurtrières ayant visé des concentrations de soldats. Des blogueurs militaires russes ont diffusé mardi des images aériennes prises par un drone semblant correspondre au bâtiment de l’institut à Poltava.
La semaine dernière, le commandement de l’armée ukrainienne s’était déjà retrouvé sous pression en raison du crash d’un avion de combat F-16, un précieux équipement militaire récemment livré à Kiev après plus de deux ans d’attente, et de la mort de son pilote, formé aux Etats-Unis. Volodymyr Zelensky avait alors limogé le commandant de l’armée de l’air, Mykola Olechtchouk.