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L’IA au service des ressources humaines


Alexis Delaforge et Chloé Broyot ont eux-mêmes passé le test de personnalité de Zortify à leur entrée dans l’entreprise. (Photo : alain rischard)

Zortify utilise l’intelligence artificielle pour aider les entreprises à recruter. Ses chercheurs ont mis au point un questionnaire qui permet de déterminer la personnalité d’un candidat.

Si l’on entend parler partout d’intelligence artificielle, difficile parfois de comprendre à quoi elle peut bien servir. Entre les entreprises qui n’hésitent pas à communiquer sur la moindre application de cette technologie, même la plus inutile, et les réseaux sociaux débordant de deepfakes humoristiques, il est même assez compliqué d’en comprendre le réel intérêt. Mais au-delà de recréer la voix de Johnny Hallyday pour lui faire chanter du Taylor Swift, les utilisations sont nombreuses. Chez Zortify, une entreprise fondée en 2018 à la House of Startups Luxembourg, on a très vite compris l’intérêt de l’IA.

La société fait le lien entre les spécialités de ses deux créateurs, Marcus Heidbrink et Florian Feltes : la psychologie et les NLP (Natural language processing, une technologie qui permet aux machines de comprendre le langage humain). Zortify a ainsi développé une série de produits devant aider les entreprises dans la gestion des ressources humaines.

Améliorer le recrutement

L’un d’entre eux, ZortifySelect, permet d’améliorer le recrutement en analysant la personnalité des postulants. «On s’est rendu compte en faisant une analyse du marché qu’il y avait énormément de mauvais recrutements, environ 25 à 35 %», affirme Chloé Broyot, content manager. Une perte de temps pour l’employeur qui peut aussi lui coûter très cher. «On s’est aperçu que les humains n’étaient peut-être pas les mieux placés pour prendre ces décisions. Surtout dans le recrutement où l’on est sujet à des biais sociétaux. Et puis, une personne n’est pas forcément très vendeuse au premier abord.»

Zortify a donc mis au point un test de personnalité afin de mettre en évidence les traits utiles au sein d’une entreprise. L’intelligence artificielle analyse alors les réponses et fournit un rapport complet pour aider le recruteur dans son choix. Sous forme de PDF, celui-ci se compose de deux parties. La première, composée de questions fermées, équivaut à de nombreux tests de personnalité déjà existants. Elle permet de cibler un peu mieux le profil d’un candidat ainsi que les risques et les opportunités que comporte son recrutement.

La deuxième partie, qui utilise vraiment l’intelligence artificielle, est plus novatrice. Composée de six questions ouvertes, elle permet au candidat de s’exprimer plus librement. «Par exemple, on leur pose la question : quel genre de personne êtes-vous? Ou encore : que diraient vos amis à votre sujet?, énumère le docteur Alexis Delaforge, directeur de Zortify Lab. De notre côté, on a entraîné un algorithme qui est capable, à l’aide de ces réponses, de réaliser une prédiction sur ces différentes dimensions.»

Éviter au maximum les biais

Pour obtenir ces prédictions, Zortify a fait passer son test dans de nombreuses entreprises. Leurs salariés ont répondu aux questions dans un cadre non compétitif afin d’obtenir les réponses les plus honnêtes possibles. «Ça nous aide parce que dans un contexte d’embauche, les gens veulent se présenter de manière plus positive.»

Zortify dispose d’environ 16 000 données actuellement. Celles-ci ont servi à entraîner un réseau de neurones artificiels qui a alors pu créer un modèle permettant de prédire la personnalité d’un candidat en analysant ses propres réponses. «Il faut savoir que le modèle qu’on utilise est multilingue, donc on vend le produit en trois langues : anglais, allemand et français.»

«Il y a toujours des gens qui sont sceptiques»

L’intérêt de l’IA dans le recrutement est de mettre en valeur des traits de caractère que la personne va manifester naturellement dans ses réponses et pas ceux qu’elle tente de mettre en avant dans le cadre d’un entretien d’embauche. «De plus, nos résultats ne sont pas soumis aux biais humains», ajoute Alexis Delaforge. L’IA a pourtant elle-même des biais, mais, d’après Zortify, la méthode de récolte des données d’entraînement permet de limiter ce problème. Chaque candidat a également accès à ses résultats et peut les commenter ou les critiquer.

Les produits de Zortify ont déjà convaincu plusieurs grosses entreprises, comme Mitsubishi. «Évidemment, il y a toujours des gens qui sont sceptiques, que ce soit par culture ou tout simplement par prudence.»

La société ne semble pas faire face à la défiance des services de ressources humaines qui pourraient y voir une concurrence à leur métier. «Notre objectif n’est pas de les remplacer, mais de les guider. On veut qu’ils puissent prendre les bonnes décisions.» Ce n’est donc qu’un outil de plus que Zortify veut continuer à faire évoluer. «On commence à réfléchir à un processus qui se rapprocherait d’un agent conversationnel.» Car comme souvent avec les nouvelles technologies, la concurrence est rude et il est facile de se laisser dépasser.

Un commentaire

  1. Le but n’est pas de les substituer, mais plutôt de les orienter, en prenant les bonnes décisions et en adoptant une stratégie appropriée la question qui me préoccupe, c’est dans quelles conditions faire exprimer et traduire sur le terrain.
    Je vous remercie sincèrement de nous partager et de nous permettre d’exprimer des idées qui peuvent être extrêmement utiles. Signer M. NOURA.

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