La gauche veut afficher son unité avec son « Nouveau Front Populaire » vendredi à 16 jours du premier tour des élections législatives, contrairement aux fractures chez LR, où Eric Ciotti conteste devant la justice son exclusion de la présidence du parti après son ralliement au Rassemblement national.
Les chefs de file LFI, PS, écologiste et communiste tiendront une conférence de presse à 11h30 à la maison de la Chimie à Paris pour célébrer leur union. Jeudi soir, ils ont annoncé un programme commun de « rupture », avec une « déclinaison pour les 100 premiers jours du mandat », à l’issue de quatre jours d’intenses tractations.
Les leaders de gauche ont multiplié les superlatifs pour saluer un « événement politique considérable en France », « une page de l’Histoire ». Mais une inconnue de taille demeure sur ce qu’en pense Raphaël Glucksmann, qui se mure dans le silence. C’est « compliqué », a glissé à l’AFP un proche de la tête de liste PS/Place publique aux européennes.
Huit mois après l’implosion de la Nupes, un nouveau programme est annoncé ainsi que des candidatures uniques et un partage des circonscriptions: 229 pour LFI, 175 pour le PS, 92 pour les Ecologistes et 50 pour les communistes. A gauche, même l’aile la plus hostile à La France insoumise soutient cet accord, dont l’ancien chef de l’Etat socialiste François Hollande. Pour faire barrage à « l’extrême droite », « on va au-delà des divergences », a-t-il expliqué sur TF1.
Fractures chez LR
Un paysage loin des fractures chez LR, sur lesquelles la justice va être amenée à se pencher. Le tribunal judiciaire de Paris examine vendredi le recours d’Eric Ciotti contre son exclusion des Républicains, pour son ralliement au Rassemblement national.
Les ténors des Républicains doivent de leurs côtés se réunir dans un nouveau bureau politique pour valider formellement l’éviction de leur président prononcée mercredi.
Mais les responsables de LR n’en ont pas fini avec leurs divergences, notamment au sujet de l’attitude à adopter en cas de duel entre le « Nouveau Front Populaire » et le RN au second tour du 7 juin.
L’eurodéputé François-Xavier Bellamy voterait « bien sûr » pour le RN, a-t-il lâché avant de temporiser sur les réseaux sociaux, quand d’autres prônent l’abstention.
Et les JO ?
Du côté du Rassemblement national, Marine Le Pen et Jordan Bardella ont déjeuné avec leur nouvelle prise de guerre, Eric Ciotti, jeudi. Et les deux responsables d’extrême droite vont faire campagne sur le terrain, Marine Le Pen dans son fief d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) pour une déambulation sur le marché le matin, et Jordan Bardella dans une exploitation agricole dans le Loiret, l’après-midi.
Du côté de la majorité présidentielle, le Premier ministre Gabriel Attal poursuit lui aussi sa campagne. Après Boulogne-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais, il devrait se rendre sur les chantiers de Saint-Nazaire et à Nantes, pour un déplacement consacré à l’économie et aux entreprises, avec dans le viseur RN et LFI.
Jeudi, il a fustigé « l’accord de la honte » à gauche. Les électeurs « de Raphaël Glucksmann doivent se sentir tellement trahis, ils ont entendu pendant toute la campagne » des européennes que c’était « fini avec Jean-Luc Mélenchon », a-t-il martelé.
En marge du G7 en Italie, Emmanuel Macron a convoqué pour sa part un autre argument, l’approche des Jeux olympiques de Paris du 26 juillet au 11 août. Les Français vont « intégrer les Jeux olympiques » de Paris « dans leurs choix » aux législatives anticipées, a-t-il assuré. « Je pense qu’ils n’ont pas envie d’avoir des Jeux olympiques qui se présentent mal », et voudront des responsables « qui ont préparé ces Jeux » et « pas des gens qui ne sont pas prêts du tout », a ajouté le chef de l’Etat, en visant implicitement le Rassemblement national.
Il ne « croit pas », par ailleurs, être affaibli à l’international malgré la menace d’une cohabitation avec l’extrême droite. « Mes interlocuteurs » du G7 « sont tous des élus démocratiques. Ils ont tous dit: +C’est courageux+ », a-t-il affirmé devant des journalistes, à propos de la dissolution de l’Assemblée nationale et de ces élections législatives à hauts risques les 30 juin et 7 juillet.
Un désaccord de plus avec son prédécesseur socialiste François Hollande, qui considère que la décision de dissoudre l’Assemblée nationale « intervient au pire moment et dans les pires circonstances ».