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L’amertume demeure 

L’interdiction de la mendicité sur une partie du territoire de Luxembourg-Ville semblait oubliée. Le dispositif policier renforcé est levé. Les «méchants» mendiants agressifs et agissant en bande auraient disparu. Et même si le règlement ne leur permet toujours pas de poser un gobelet à leurs pieds, les «sages» mendiants restent assis dans les rues de la capitale. Tout est bien qui finit bien?

Pas si vite. Car une question fondamentale n’est toujours pas tranchée. La décision communale de la majorité DP-CSV de chasser les mendiants de certaines rues, cautionnée par le ministre Léon Gloden (CSV), est-elle conforme à la loi et à la Constitution? La cellule scientifique de la Chambre des députés en vient à la conclusion que «les dispositions relatives à la mendicité contenues dans le règlement général de police de la Ville de Luxembourg sont vraisemblablement contraires» à la loi suprême. La note publiée mercredi par le Parlement examine de manière scrupuleuse les motivations et justifications mises en avant par le collège échevinal. Même si les scientifiques mandatés par la Chambre restent prudents, il se confirme que la légalité de l’interdiction de toutes les formes de mendicité dans les quartiers Gare et Ville-Haute ne tient qu’à un fil.

Pas de quoi impressionner les deux protagonistes de cette saga. Interrogée par nos confrères du Tageblatt, la bourgmestre de Luxembourg estime que la note parlementaire n’«apporte aucun élément neuf dans le débat». Plus étonnante est sa réaction sur les ondes de RTL. Lydie Polfer, qui est pourtant elle-même députée, se dit étonnée que la cellule scientifique, mandatée par la Chambre, se prononce à un moment où le gouvernement tente de clarifier le cadre légal. L’élue libérale voit même la séparation des pouvoirs remise en cause. C’est peut-être trop vite oublier que la même Lydie Polfer avait, au plus fort de la polémique, reproché à la justice de ne pas être indépendante…

Le ministre Léon Gloden se dit lui aussi peu impressionné par la note parlementaire. L’amertume demeure après les attaques subies de toutes parts. Le même constat vaut pour la bourgmestre Lydie Polfer. Au moins, les démarches pour sortir de cette impasse sont engagées. Avec quel résultat à la clé ?