À première vue, le bilan de la Commission européenne sortante et, donc, de l’UE dans son ensemble, est positif. Au plus fort de la pandémie de covid, les 27 États membres ont compris que se replier sur soi-même n’allait pas leur permettre de faire face à cette crise majeure. Cela n’a pas empêché la fermeture unilatérale de frontières, comme si la propagation du virus pouvait être stoppée en plaçant des policiers équipés de mitraillettes sur les ponts enjambant la Moselle… Mais après cet incident diplomatique, même un grand pays comme l’Allemagne a décidé de s’allier à ses partenaires européens pour préparer la riposte sanitaire, financière et sociale.
«Il s’agit d’un jalon décisif, car il existe un monde avant et après le covid. Ce qui est important de retenir est que la réponse de l’UE face à la crise sanitaire a été la base pour une nouvelle solidarité entre États membres, que l’on retrouve dans la réponse apportée à la guerre en Ukraine», affirme Anne Calteux, la représentante de la Commission européenne au Luxembourg, dans l’Interview du lundi qu’elle nous a accordée. En effet, la Russie de Vladimir Poutine a rapidement dû comprendre que sa stratégie de semer la zizanie parmi les Vingt-Sept était vouée à l’échec, même si la Hongrie emmenée par Viktor Orbán continue de flirter avec Moscou tout en tentant de faire chanter le reste de l’UE.
La vigilance doit rester de mise, vu les tendances extrémistes, voire pro-russes, qui se font ressentir dans de plus en plus d’États membres, mais aussi parmi les pays ayant le statut de candidat à l’adhésion. Il suffit de regarder vers la Géorgie, où des pro-européens risquent désormais d’être jetés en prison pour pacifiquement manifester en rue. Ce sont surtout les jeunes qui sont mobilisés face à une loi contre l’«influence étrangère», clairement inspirée d’un texte du Kremlin utilisé pour réprimer les voix dissidentes.
Si la loi géorgienne, portée par le parti Rêve géorgien, est adoptée, le rêve européen du pays du Caucase risque d’être brisé. Mais nous, qui faisons déjà partie de l’Union, devons pouvoir prendre exemple du courage et de la rage des jeunes Géorgiens, qui croient dans une Europe qui, malgré tous ses défauts, se trouve, elle aussi, à un moment charnière.