À l’Estec, le centre technique de l’Agence spatiale européenne, des jeunes ingénieurs du pays travaillent aux côtés de leurs confrères du Vieux Continent pour construire les futurs projets de l’ESA.
Dans la cité balnéaire de Noordwijk, aux Pays-Bas, se trouve le plus grand site de l’Agence spatiale européenne, le Centre européen de recherche et de technologie spatiales, l’Estec. Ici, environ 2 500 techniciens, ingénieurs et chercheurs travaillent dans le développement des technologies spatiales, mais aussi sur la conception des engins spatiaux. C’est également à cet endroit que sont testés les satellites de l’ESA.
Dans l’un des bâtiments de l’Estec, un lieu est justement spécialisé dans ces expertises. On l’appelle la «salle blanche». Pour y accéder, il faut se revêtir de la tête aux pieds de plusieurs protections. Car aucune poussière ou fine mèche de cheveux ne doit s’y déposer. Impressionnante, cette pièce haute de plusieurs mètres permet aux techniciens de tester d’imposants satellites, juste avant leur lancement dans l’espace. Cette étape est cruciale pour vérifier que tout fonctionne correctement.
Ici, on trouve aussi des modèles réalistes de satellites. Parmi eux, le Juventas. Ce nanosatellite, actuellement en phase de test à l’Estec, est une vraie fierté pour le Luxembourg. Celui-ci a été, en partie, conçu par la société Gomspace, basée à Esch-sur-Alzette. Après plusieurs années de travail, son lancement, tant attendu, est prévu pour octobre prochain.
Dans l’espace, il sera intégré au satellite européen Hera dont la mission a pour principal objectif de dévier un éventuel astéroïde qui arriverait sur Terre. Le rôle de Juventas est, grâce à son instrument radar, de mesurer la structure interne de l’astéroïde.
«Je suis très fier de représenter le Luxembourg»
Un peu plus loin, nous découvrons un autre lieu bien particulier de l’Estec. Dans cette salle remplie de picots bleus, les ingénieurs et techniciens viennent tester les antennes présentes dans l’espace. Ce travail, Benedikt Byrne l’effectue depuis maintenant quatre ans aux Pays-Bas. Ce Luxembourgeois originaire de Hesperange travaille à l’ESA en tant qu’ingénieur spécialisé dans les antennes. Concrètement, dans cette chambre, il mesure l’interface entre les ondes électromagnétiques se propageant dans l’espace et le courant électrique présent dans un satellite. «On mesure surtout la performance des antennes qui permettent la communication entre le satellite et la Terre», explique-t-il.
Fasciné depuis «tout petit» par l’espace et l’astronomie, le trentenaire se dit «très fier de représenter le Luxembourg, ici aux Pays Bas». En seulement quatre ans, le jeune expert luxembourgeois a réalisé de nombreux challenges et a pu voir le lancement d’un satellite. «C’était une expérience très spéciale et incroyable», confie-t-il.
Un vivier de jeunes talents
Ces moments, d’autres jeunes talents luxembourgeois les vivront sans doute dans quelques années. Au Centre européen de recherche et technologie spatiales, plusieurs d’entre eux ont eu l’opportunité de rejoindre le programme «ESA’s Young Graduate Trainee». Celui-ci permet à de jeunes diplômés de se former pendant un parcours de deux ans au sein de l’Agence spatiale européenne.
Liz Schneider, 29 ans, a rejoint cette formation de l’Estec il y a un mois à peine. Cette Luxembourgeoise originaire de Remich étudie ici, avec plus de 30 experts, le début d’une mission spatiale. Fascinée par l’espace depuis son enfance, elle souhaiterait, comme beaucoup d’apprentis comme elle, revenir au Luxembourg. «J’ai fait mes études à l’université du Luxembourg. Après mon expérience à l’ESA, je voudrais travailler dans ce secteur qui se développe bien dans le pays.»
Cet objectif, Aurélien Caramelle le partage également. Ce jeune ingénieur natif de Mont-Saint-Martin, en Meurthe-et-Moselle, travaille justement dans un projet de développement des activités spatiales au Grand-Duché. Pour ce frontalier franco-luxembourgeois, le positionnement du pays dans ce secteur représente une vraie chance aujourd’hui. «Cela permet surtout de rendre accessible la profession», confie-t-il.
Si tous ces jeunes talents ambitionnent de travailler dans le spatial, d’autres rêvent un jour d’aller dans l’espace. «Quand on voit qu’un Belgo-Luxembourgeois a été sélectionné parmi les astronautes de l’ESA, on se dit que oui, c’est possible», indique Ryan Jacmohome. Lui qui travaille sur un projet d’extraction des ressources de la Lune pourra peut-être y arriver un jour. «Sinon, il faudra que j’économise pendant un certain temps», sourit-il. Mais avant d’aller dans l’espace, il découvrira, dans quelques mois, le lancement d’un satellite. Un premier pas vers son rêve.