Flavio Giannotte a pris quelques minutes pour revenir, à chaud, sur la compétition. Avec de la déception, forcément. Mais également beaucoup de fierté.
Cela fait une bonne heure que s’est terminé votre match. Comment vous sentez-vous ?
Flavio Giannotte : Forcément, je suis un peu déçu, car je n’ai pas atteint l’objectif. Et j’avais dit que terminer deuxième ou dernier, ça ne changeait rien. Maintenant, je sais quand même que je me suis super bien battu. J’ai montré à tout le monde que j’étais là. Que j’avais le niveau. Maintenant, ça se joue à des détails. Un peu de chance aussi. Mais je suis hyper fier de la manière dont j’ai géré la compétition mentalement. Et tactiquement et techniquement, j’étais très fort.
Vous avez tiré à domicile. Avec un soutien incroyable !
Oui, d’ailleurs, je tiens vraiment à remercier toutes les personnes qui sont venues et qui m’ont encouragé. Le public m’a vraiment poussé à faire ce que j’ai fait. Il m’a même sauvé contre Brinkmann. En m’encourageant, il m’a redonné le courage d’y retourner et de l’attaquer. Il y avait mes collègues de boulot. C’est grâce à eux que j’ai pu m’entraîner pendant quatre ans. Ils ont mis de l’ambiance, c’était super. Ça m’évitait de gaspiller de l’énergie en criant. Quand tu es sportif, un peu showman, tu aimes bien être au centre de l’attention. Qu’on te pousse. Ils m’ont poussé. Malheureusement, je ne suis pas allé au bout. Et je tiens à remercier aussi la Banque de Luxembourg Investments, qui croit en moi depuis 2017 et sans qui je n’aurais pas pu faire ce chemin. Il faut des gens qui croient en toi quand tu es jeune. Je ne peux pas tout faire tout seul.
Vous avez terminé invaincu et premier en poules. Est-ce que ça vous a motivé ou ça vous a mis la pression ?
Non, pas de pression. Mais l’objectif ce n’était pas de terminer premier des poules. C’était de gagner le tournoi. Après, terminer premier, ça envoie un statement. Ça montre que je suis là. Que je suis présent.
Je crois qu’il y a encore quatre ans de bonheur qui m’attendent
Votre parcours s’est arrêté face à l’Autrichien Josef Mahringer, que vous connaissez très bien et que vous aviez battu facilement en poules ?
Oui. On est très potes. On partage parfois la même chambre quand on est en déplacement. Il m’arrive de le coacher et lui de même sur certaines compétitions. Après, les poules, je mène très rapidement, je peux gérer le match. Mais sur 15 touches, c’est autre chose. On se connaît par cœur et on savait que celui qui serait devant mènerait la danse. Je fais un bon départ, mais lui passe devant. Je fais un super match, je remonte même à 11-12. Mais après, je me précipite un peu trop. J’aurais pu égaliser. Mais un plaqué qui ne s’allume pas et c’est lui qui marque. Au début, je plaque pas mal de touches, la chance n’était pas de mon côté. Maintenant, c’est l’escrime.
Malgré la défaite et la non-qualification pour Paris, on sent que vous voulez retenir le positif ?
Oui. On était 31 et je finis 6e en perdant un seul match de toute la journée. Les dix premiers ici, ce sont tous des pros. Je fais sixième alors que j’ai un boulot à côté. Je ne dois pas me cacher. J’ai montré que je comptais parmi les meilleurs mondiaux. Que j’avais le niveau pour me qualifier. Pour aller au bout. Ce sont des détails qui ont fait la différence. Des petites choses qui n’ont pas tourné dans mon sens. Comme je l’ai déjà dit, c’est l’escrime. Un sport où la double se joue en un quart de seconde, où une touche se joue à un millimètre. Tu allumes, tu changes le match.
Vous n’irez pas à Paris? Mais vous repartez tout de suite en compétition ?
Oui. Ce lundi matin, je prends l’avion pour Cali. Je n’ai pas atteint l’objectif de me qualifier, mais je suis 45e mondial. Dans d’autres sports, je serais qualifié pour Paris. Le but est de continuer à aller chercher des points au classement mondial. J’enchaînerai avec Paris et les championnats d’Europe. Après, je pense que je progresse année après année. Je n’ai pas encore atteint mon plein potentiel. Il y a de la marge vers le haut. Je pense que si les choses continuent comme cela, je crois qu’il y a encore quatre ans de bonheur qui m’attendent.