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Christian Kmiotek : il n’est pas un «mendiant criminel»


Tout en fustigeant le non-respect de décisions judiciaires par le trio Polfer-Gloden-Frieden, Christian Kmiotek (à g.) souligne que «la pauvreté n’est pas un crime!». (Photo : archives lq/julien garroy)

L’autodénonciation de Christian Kmiotek pour avoir fait la manche en Ville a été classée sans suites pénales. La conclusion du parquet viendra-t-elle enterrer le règlement «anti-mendicité»?

On peut affirmer qu’il s’agit d’un camouflet supplémentaire pour la députée-maire de Luxembourg, Lydie Polfer (DP), et le ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden (CSV). Vendredi matin, le mendiant agressif supposé Christian Kmiotek a réceptionné un courrier signé en personne par le procureur d’État de Luxembourg. «Compte tenu de toutes les circonstances de l’espèce, j’ai décidé de classer le dossier sans suites pénales», écrit Georges Oswald en faisant référence à l’autodénonciation de l’ancien président de déi gréng, datant du 29 janvier.

Le procès-verbal dressé le 6 février par la police (commissariat Ville-Haute) fait état que Christian Kmiotek s’est autodénoncé «pour avoir le 29 janvier 2024 entre 13 h 15 et 13 h 30  à Luxembourg, place Guilaume-II, tendu la main à des passants en les interpellant dans les termes suivants : « Gëff mer Suen«  (NDLR : « Donne-moi de l’argent« )», précise le procureur dans sa lettre, rendue publique sur les comptes Facebook et X de l’ancien politicien.

Selon la définition même du règlement de police contestée de la Ville de Luxembourg, finalement validée en décembre dernier par le nouveau ministre en charge de la Sécurité intérieure, l’action de Christian Kmiotek représente une infraction à l’interdiction de mendier en interpellant des passants. Un agissement qui correspondrait donc à de la mendicité dite agressive, sans oublier qu’un second article du règlement précité interdit aussi «toute autre forme de mendicité», donc aussi le fait d’être assis en rue avec un gobelet à ses pieds.

Dans ce contexte, il est à rappeler que les agents présents en force depuis la mi-février, notamment dans les artères commerciales de la Ville-Haute, invitent encore et toujours les «simples» mendiants à ranger leur gobelet, voire de déguerpir de la «zone interdite». Que faut-il donc conclure de la décision du procureur Georges Oswald?

Un vide juridique enfin clarifié?

L’intention primaire de Christian Kmiotek était d’obtenir une clarification de la justice sur la légalité de la «chasse» aux mendiants décidée par la Ville de Luxembourg, validée en décembre par le ministre chrétien-social des Affaires intérieures. Un premier élément de réponse a été donné par un haut magistrat, qui avait ouvertement fustigé le vide juridique, voire la violation de l’État de droit, apparus autour du règlement défendu bec et ongles par le duo Polfer-Gloden.

Jusqu’au 20 mars dernier, deux autres mendiants avaient été verbalisés sur le territoire de la capitale. Seront-ils aussi blanchis?

«Mon affaire a été classée. Contrairement à Gloden, Polfer, Frieden, je respecte cette décision de la justice, je ne la commente pas et je ne la remets pas en question», commente Christian Kmiotek sur les réseaux sociaux, en fustigeant également le Premier ministre, Luc Frieden (CSV). «Mais, il n’en reste pas moins : la pauvreté n’est pas un crime!»

Le glas aurait-il sonné pour le règlement «anit-mendiants» de la capitale?

En Ville, à peine 10 mendiants
verbalisés entre 2019 et 2023

Le ministre Léon Gloden (CSV) ne cesse de clamer que l’objectif du dispositif spécial policier, déployé dans la capitale, n’a pas pour objectif de multiplier les verbalisations. Cette affirmation vaut pour la mendicité (simple, organisée et agressive), mais pas forcément pour d’autres infractions. Nos confrères du Wort ont ainsi rapporté, fin mars, que les centaines de policiers mobilisés à travers tout le pays pour sévir en Ville, ont constaté… 143 infractions au code de la route, contre 3 procès-verbaux dressés à l’encontre de mendiants, supposés agressifs ou agissant en bande.

En réponse à deux questions parlementaires de Marc Goergen (Parti pirate), le ministre en charge de la Sécurité intérieure livre d’autres chiffres interpellants. Entre 2019 et 2023, pas un seul procès-verbal pour mendicité simple n’a été dressé au Grand-Duché. Le bilan est un brin moins désastreux en ce qui concerne la lutte contre la mendicité dite organisée. Les cinq dernières années, 106 procès-verbaux ont été dressés, dont à peine 10 à Luxembourg-Ville. La capitale est talonnée par la commune rurale d’Erpeldange-sur-Sûre, où 9 mendiants ont été verbalisés.

Finalement, 6 dossiers ont été traités par les parquets de Luxembourg (3) et de Diekirch (3).

2 plusieurs commentaires

  1. Les passants ont du rigoler en voyant Kmiotek connu de tout le monde tendre la main et reclamer des sous.
    Si j etais passe a ce moment,je luu aurais glisse 5 cents alors que je ne donne rien aux vrais mendiants😀

  2. C’est un test amusant et intéressant de Kmiotek. Il manque une certaine base scientifique, bien que la personne qui teste ne soit pas choisie au hasard ou inconnue.