L’OGBL confirme son statut de premier syndicat du pays avec 37 sièges sur 60. Même si le LCGB sort affaibli (17 mandats, -1) de ce scrutin, le front syndical uni restera de mise, clament les dirigeants.
«Pendant la campagne, j’avais déjà fait remarquer que lorsqu’on a atteint une majorité aussi large, il est difficile de la consolider, voire de l’étendre. Mais avec nos 37 sièges, nous sommes les grands gagnants de ces élections», se satisfait Nora Back, la présidente de l’OGBL, jointe hier par téléphone.
Le premier syndicat du pays occupe ainsi près de 62 % des mandats au Parlement du travail. «On est vraiment très contents. Cela reflète la tendance que l’on a pu observer dans les entreprises, en particulier dans les plus grandes d’entre elles, où l’OGBL est aussi arrivé en tête, devant les délégués dits neutres», reprend Nora Back.
ALEBA et Syprolux également satisfaits
Dans sa globalité, le LCGB et son président Patrick Dury se disent aussi «satisfaits» du résultat des élections sociales. «Avec un nombre record de candidats, nous avons obtenu plus de mandats de délégués du personnel effectifs», introduit-il. Mais le grand bémol est le verdict à la CSL. «Si nous avions gagné 3 sièges lors du scrutin de 2019, nous ne pouvons pas être satisfaits de perdre cette fois un siège. Nous avons notamment été renforcés dans l’industrie, mais dans l’ensemble, nous voyons que la présence de l’ALEBA a augmenté la concurrence.» Or, «cela ne doit pas remettre en cause le travail que nous avons fourni ces dernières années. Nous avons consolidé notre statut de deuxième syndicat du pays», ajoute le chef de file du syndicat chrétien.
Le siège perdu par le LCGB revient à l’ALEBA. Le groupe regroupant les salariés du secteur financier reste aux mains du syndicat présidé par Roberto Mendolia. L’objectif d’atteindre les 20 % de sièges afin d’être doté de la représentation nationale n’a pas été atteint, et de très loin. «On signe toutefois avec 8,6 % notre meilleur score, sans oublier le nombre plus élevé de délégués élus. Mais cela montre aussi l’ampleur du travail qu’il nous reste à effectuer pour atteindre ce cap des 20 %», développe le futur élu effectif à la CSL. Lui et ses équipes ne regrettent en tout cas pas le choix de s’ouvrir à d’autres secteurs : «Tout le monde reste d’avis que cette décision a été le bon choix. Et on signe un bon score sans avoir grandement mené campagne».
Le Petit Poucet à la CSL demeure le Syprolux. La présidente Mylène Bianchy, réélue, affirme que «l’objectif que l’on s’est fixé a été atteint». Elle évoque même un «résultat historique» en renvoyant vers l’élection des délégués du personnel au sein des CFL. «Nous avons gagné 4 sièges pour atteindre désormais la parité avec l’OGBL dans les deux grandes délégations», se réjouit la présidente du syndicat de cheminots.
Nora Back vise un deuxième mandat
La plus grande déception réside dans le taux de participation toujours très réduit (lire également ci-contre). Il s’agira d’un des défis majeurs à relever par la nouvelle Chambre des salariés avec Nora Back qui, au vu de son score personnel (38 886 voix dans le groupe «Autres services»), va postuler pour un second mandat de présidente du Parlement du travail. Avec toujours Patrick Dury (20 314 voix) comme l’un des vice-présidents à ses côtés? «Je ne vais pas encore postuler aujourd’hui (lire hier), mais je suis disponible pour une coopération avec l’OGBL», répond le président du LCGB.
Un ticket Back-Dury à la tête de la CSL consoliderait le front uni, qui doit aux yeux des deux leaders syndicaux rester de mise, notamment pour faire face aux chantiers épineux qui s’annoncent (réforme des pensions, conventions collectives, etc.). «Il est important d’agir ensemble à la fois à la CSL ainsi que sur d’autres terrains. Ceci afin de pouvoir tenir tête au gouvernement», insiste la présidente Nora Back.
L’assemblée constituante de la CSL renouvelée doit avoir lieu le 18 juin.
Vers un vote électronique pour doper la participation?
Avec 34,4 % des enveloppes renvoyées, le taux de participation pour renouveler la CSL a légèrement augmenté par rapport aux 32,6 % de 2019 (+1,8 point). «Il ne faut pas oublier que même une augmentation limitée représente en chiffres absolus des dizaines de milliers de votants en plus», souligne Nora Back, la présidente sortante de la CSL.
En fin de compte, ce sont toutefois plus de 400 000 bulletins sur les 615 000 expédiés qui ont terminé à la poubelle. «La participation est décevante au vu de la forte mobilisation de la CSL et des syndicats», constate Roberto Mendolia, le président de l’ALEBA.
Les syndicats sont tous d’accord pour aborder le prochain scrutin de 2029 avec un système réformé. Le passage à un scrutin électronique est la piste prioritaire qui se dégage. «Un groupe de travail avait été mis en place dès 2019, mais les pourparlers engagés avec le ministre du Travail de l’époque ont été stoppés net», se remémore Patrick Dury.
L’identification des plus de 615 000 votants sera un des obstacles majeurs à surmonter. Le président du LCGB plaide pour utiliser la carte de sécurité sociale qui se trouve à la fois dans les portemonnaies des travailleurs résidents et frontaliers.
Il s’agira d’une des pistes à explorer avec le ministre Georges Mischo (CSV) qui avait annoncé le jour même du scrutin (12 mars) qu’il consulterait les syndicats si le taux de participation restait bloqué aux alentours des 30 %.