(22e JOURNÉE) Le FCD03 a perdu sans vraiment rater son match. Il est juste passé à la machine à laver, rincé dans l’entrejeu par Tarek Nouidra, 36 ans et une activité d’adolescent.
«Allez Tarek, dis-leur quel âge tu as, en vrai!», se marre Achraf Drif en regagnant les vestiaires et alors que son milieu de terrain se fait alpaguer par les médias. Nouidra, né le 9 mai 1987, bientôt 37 printemps, 255 matches de BGL Ligue au compteur et revenu sur les terrains de DN après 14 mois de l’autre côté de la frontière, dans les petites divisions françaises à travailler le foncier à un niveau qui n’est pas le sien.
Au début de sa carrière, ses coachs et dirigeants ne lui reprochaient qu’une chose, c’était de trop en faire, de dézoner constamment, d’être en permanence dans le dépassement de fonctions et de courir aux quatre coins du terrain.
Aujourd’hui, la Jeunesse ne se plaint de rien : elle profite. Contre le FCD03, Nouidra a récupéré au bas mot une quarantaine de ballons dans les pieds de l’adversaire, les rendant tout propres à ses coéquipiers. C’est notamment sur l’un d’eux que Teixeira, l’autre grand bonhomme de ce choc sublime (un but d’anthologie et deux passes décisives), a ajusté Ruffier de quarante mètres.
«Ma fréquence cardiaque, je m’en fous»
Au XXIe siècle, à l’ère de la préparation physique élevée au rang d’art, la Vieille Dame n’a pas encore pu équiper son marathonien d’un GPS qui permette de savoir combien de kilomètres il peut bien courir par match et surtout, à quelle intensité. Car toutes ses projections, jusque dans les arrêts de jeu, sont effectuées avec un dynamisme qui doit finir par être humiliant pour des coéquipiers et adversaires qui ont souvent dix ans de moins que lui.
On dirait du Leandro Barreiro sauce locale. «Mais tout ce qu’on est capable de me dire, c’est ma fréquence cardiaque, or je m’en fous. Je préférerais plutôt savoir combien je cours», sourit l’ex-Niederkornois, Mondorfois, Racingman, Hostertois et Mondercangeois, qui a passé son derby à récupérer du ballon à des moments clefs et dans des endroits clefs.
Juste devant sa défense pour couper avant même qu’elles ne puissent prendre leur essor ces attaques differdangeoises tranchantes qui font si mal aux autres équipes de DN. Ou très haut, au pressing, pour des conversions rapides. «Notre jeu, c’était d’être performants dans cette zone axiale où le FCD03 est si performant et sait combiner», révèle Arnaud Bordi. Du coup, on dit «merci qui…»?
Teixeira non plus, ne tire pas la couverture
Pourtant, on a eu droit à tous les lieux communs, samedi soir, au coup de sifflet final. Ce merveilleux match ne pouvait se réduire à son activité et tous les joueurs ont œuvré à le dire à leur manière. «Je ne veux pas parler d’un joueur en particulier aujourd’hui», tranche Milos Todorovic, capitaine garant de l’écriture d’une histoire collective et surtout pas individuelle.
«Tarek? Je le connais depuis un temps et oui, c’est un bosseur», admet Trani, seul Differdangeois dont l’activité a pu échapper à la sentinelle eschoise mais qui ne veut pas réduire cette première défaite de la saison à l’activité d’un seul homme.
«C’est l’équipe, le héros, aujourd’hui», complète Teixeira, pendant technique du petit Tarek. Qui aura droit à sa statue plus tard, si la Jeunesse fait un truc fou sous l’impulsion qu’il a mise à son arrivée, cet hiver.
Seul hic du week-end, le Français continue de prendre ses cartons à son allure de métronome. Nouidra sera suspendu contre le F91. Il a ramené la dynamique, mais ne pourra pas la faire vivre au Nosbaum, où la Vieille Dame cherchera un nouvel exploit pour croire encore à l’Europe. Pas grave, dit-il : «On a ramené la flamme. Elle était éteinte. Elle est rallumée.» Et le feu, c’est lui qui l’entretient.