La Chambre des métiers a présenté une étude, jeudi, qui montre que l’artisanat s’ouvre de plus en plus à la Grande Région.
Avec un ratio de plus d’une entreprise étrangère concurrente pour une entreprise artisanale luxembourgeoise, la concurrence sur le marché intérieur est une réalité vécue au quotidien par les entreprises du secteur. Depuis la crise économique, une étude commandée par la Chambre des métiers montre que les PME artisanales cherchent à conquérir plus régulièrement des parts de marché en Grande Région, réalisant en moyenne 20% de leur chiffre d’affaires à l’étranger.
L’enquête intitulée «Internationalisation des entreprises artisanales» a été réalisée en septembre dernier par la Chambre des métiers. Elle montre que pour plus de la moitié du panel des entreprises artisanales interrogées, le développement de l’entreprise va de pair avec la conquête de la Grande Région. Un tiers d’entre elles rapportent que leur activité à l’étranger est en augmentation par rapport aux cinq dernières années, tandis que pour plus de la moitié des entreprises sondées, l’internationalisation s’était stabilisée. C’est la Belgique qui tire son épingle du jeu, suivie de près par la France et en troisième position l’Allemagne.
Mais si les entreprises artisanales n’hésitent pas à aller chercher des clients au-delà des frontières, des obstacles subsistent quant à la libre prestation de leurs services. Les entreprises sondées se plaignent surtout de ce qui a trait au détachement de travailleurs et notamment en ce qui concerne l’accomplissement de formalités et l’adhésion à des systèmes de congés payés et de régimes fidélité. Des difficultés existent par ailleurs lors de l’accès aux marchés publics (systèmes nationaux de pré-qualification ou d’agréation) ou en matière de certification par rapport aux normes techniques nationales.
Lever les obstacles sur le marché européen
Face aux constats qu’établit l’étude, la Chambre des métiers a appelé jeudi l’Europe pour qu’elle parvienne à éliminer les obstacles qui subsistent sur le marché européen et favorise le développement des PME. La Chambre des métiers plaide donc en faveur de la mise en œuvre d’une politique en faveur des PME renforcée en Europe, rejoignant ainsi les revendications de l’Union européenne de l’Artisanat et des PME (UEAPME) et du Conseil interrégional des chambres des métiers de la Grande Région (CICM), organisations représentatives des intérêts du secteur aux niveaux européen et interrégional, et à l’égard desquelles la Chambre des métiers et la Fédération des artisans sont membres fondateurs.
Par ailleurs, la Chambre des métiers a également salué le fait que le programme ambitieux de la présidence luxembourgeoise ait mis la politique PME sur son agenda. Dans ce contexte, la Chambre des métiers a insisté jeudi auprès de la présidence actuelle sur la nécessité de proposer des mesures efficaces permettant l’élimination des entraves au marché intérieur et garantissant un meilleur accès aux marchés des biens par une application du principe de «reconnaissance mutuelle» en termes de législation.
Elle s’oppose néanmoins à ce que la Commission européenne fasse des propositions favorisant prioritairement une catégorie précise d’entreprises actives sur les marchés transfrontaliers (par exemple les «start-up») au détriment des entreprises d’artisans plus établies, qui, selon la Chambre des métiers, «pérennisent les activités économiques et l’emploi existants».
Audrey Somnard