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Une chocolatière écossaise choisie pour les Oscars


Fiona McArthur a ouvert la chocolaterie végane Fetcha en 2019 dans son village écossais. Elle a été choisie par les Oscars pour concevoir de nouveaux chocolats, inspirés des films nommés dans les principales catégories.

Son histoire improbable pourrait inspirer un film. Fiona McArthur, jeune chocolatière végane dans un port reculé d’Écosse, s’est vu demander de fabriquer des chocolats pour les Oscars, qui se tiendront dimanche à Los Angeles. Ils iront aux nominés dans les principales catégories et Fiona, qui a ouvert en 2019 sa petite chocolaterie à Campbeltown, dans l’ouest de l’Écosse, doit se pincer pour y croire. «Ils auront tous une de mes boîtes de chocolats. Des gens comme Cillian Murphy, Bradley Cooper, Lily Gladstone, Emma Stone, c’est incroyable!» dit-elle depuis Fetcha, sa chocolaterie dont elle est la seule employée.

Passionnée de cinéma, elle a vu la plupart des films en compétition pour les statuettes hollywoodiennes dans le cinéma art-déco local ouvert en 1913, carnet en main pour prendre des notes. À partir de là, elle a conçu six chocolats véganes, inspirés des films les mieux placés. Le chocolat Oppenheimer – drame biographique de Christopher Nolan sur le père de la bombe atomique, le favori des Oscars avec 13 nominations – ressemble ainsi à une boule de feu. Cette truffe jaune et orangée, avec un bonbon pétillant à l’intérieur, a une «coquille assez dure, donc, quand on mord, elle explose en quelque sorte dans votre bouche» explique la chocolatière de 37 ans. Un peu de piment laisse ensuite un peu de chaleur en bouche. La comédie noire Poor Things, de Yorgos Lanthimos, sorte de Frankenstein au féminin qui cumule onze nominations, a inspiré à son tour un chocolat blanc sur écrin de chocolat au lait avec une pointe de cannelle.

Ils auront tous une de mes boîtes de chocolats. Des gens comme Cillian Murphy, Bradley Cooper, Lily Gladstone, Emma Stone, c’est incroyable!

Barbie a bien sûr son chocolat rose, en forme de cœur, aux parfums de fraise et rose. Mais les cœurs que Fiona McArthur démoule et dépose sur une plaque ne sont pas lisses. «Cela va avec l’histoire» dit-elle. «Ils sont grossièrement coupés, un peu comme son voyage à travers Barbieland jusqu’au monde réel. Ce n’était pas un voyage fluide, il était plein d’angles.» Un de ses autres chocolats célèbre le film Maestro, de Bradley Cooper, sur le compositeur Leonard Bernstein, avec des notes de musique faites de beurre de cacao délicatement posées sur le chocolat au sel et au poivre. Sel et poivre ont été choisis pour «célébrer la différence et la complémentarité des vies de Leonard et Felicia», joués par le réalisateur et l’actrice Carey Mulligan.

La fresque de Martin Scorsese Killers of the Flower Moon a son chocolat noir, ganache au caramel, avec touches de lilas, jaune et vert, et pour The Holdovers, d’Alexander Payne, Fiona McArthur a imaginé une coquille de chocolat noir avec un intérieur à la cerise et crème glacée. Avant de fermer chacune de ses boîtes, elle y glisse une note explicative sur son inspiration.

Ses chocolats feront partie des «goodies», sacs de cadeaux de plusieurs dizaines de milliers de dollars offerts aux principaux nommés aux Oscars. Ses chocolats sont tous véganes, sans produits laitiers ni œufs, et sans alcool. Le chocolat «est fait avec de la poudre de lait de riz» explique-t-elle. Pour la ganache, elle utilise «une ganache à l’eau». Elle n’utilise pas non plus de gluten. Elle-même est végane, et affirme que plusieurs nominés le sont aussi, comme les acteurs Emma Stone ou Paul Giamatti.

Fiona, qui avait commencé à tester ses chocolats dans la cuisine de sa mère, est une passionnée. Sa «micro-entreprise de luxe (…) n’utilise pas de plastique». Dans sa note de présentation, elle précise que «des arbres sont plantés pour chaque commande, et qu’elle utilise autant que possible des produits biologiques et de commerce équitable». De quoi taper dans l’œil de l’entreprise chargée des «goodies» des Oscars, qui l’avait contactée il y a deux ans. Fiona avait cru à un canular. Elle avait cherché sur internet. L’entreprise existait bien.

À Campbeltown, où elle a grandi, elle se sent comme une petite célébrité. Les gens l’arrêtent dans la rue pour la féliciter, raconte-t-elle. Sa boutique, où sa mère donne un coup de main, n’arrive plus à répondre à la demande locale. «Désolée, en rupture de stock», y indique une affichette. Un petit tapis rouge a été exposé en vitrine. «Fetcha part à Hollywood», peut-on lire sur un petit panneau. Déjà, ses chocolats y sont partis, par la poste.