Chaque jour plus impacté par les blocages d’agriculteurs, les enseignes alimentaires luxembourgeoises livrées depuis la Belgique attendent avec impatience que la situation se calme.
Cernées depuis une semaine par la colère des agriculteurs français, belges ou allemands, certains enseignes alimentaires du Grand-Duché pâtissent des blocages de centres de dépôt, de camions de livraison ou encore des axes routiers. Bien que les routes françaises se vident des agriculteurs, à la suite de la levée des blocages demandée jeudi par les leaders syndicaux, certains rayons des supermarchés Aldi, Lidl ou Delhaize vont rester vides pendant encore quelques jours. «Il y a eu pas mal de livraisons ce matin, donc la situation s’est un peu stabilisée par rapport à hier et avant-hier», relativisait vendredi Karima Ghozzi, chargée de la communication de Delhaize au Luxembourg. «On a bon espoir qu’avec le déblocage, ils puissent y avoir plus de livraisons ce week-end comme il y en a déjà eu pas mal aujourd’hui. Mais vu le retard pris, évidemment qu’il va falloir entre quatre et cinq jours pour un retour à la normale dans les magasins.»
«Des pénuries temporaires»
Il faudra donc être patient car en Belgique, le mouvement des agriculteurs ne faiblit pas. Pour Delhaize, le dépôt de Ninove reste encore bloqué, tandis que ceux de Zellik «fonctionnent normalement pour l’instant». Avec une trentaine de livraisons quotidiennes venant de Belgique, ainsi qu’une centaine des fournisseurs luxembourgeois, «la plus grande partie de nos magasins, surtout les Proxy et les supermarchés, sont encore assez problématiques en termes de livraisons», précisait la porte-parole de l’enseigne de supermarchés belge.
Pour Aldi, le dépôt de Villeroux en Belgique est bloqué depuis dimanche, vidant progressivement les rayons au Grand-Duché «Dans certains magasins, il peut y avoir des pénuries temporaires de certains produits de manière générale», confirme Jason Sevestre, porte-parole d’Aldi Luxembourg. Au vu de la situation en Belgique, «plus le blocage dure, plus l’impact sur les magasins est important». Le concurrent Lidl n’est pas en reste non plus puisque son centre de distribution à Marche-en-Famenne connaissait son cinquième jour de blocage vendredi, malgré des négociations. Joint par nos soins mais sans réponse de leur part, Lidl Luxembourg a tout de même répondu, jeudi, à un consommateur mécontent sur Facebook en assurant que «nous mettons tout en œuvre pour approvisionner nos magasins le plus rapidement possible», sans donner plus de détails.
Le malheur des uns…
Ce flou et cette pénurie sur les arrivages profitent cependant à d’autres vendeurs tels que La Provençale à Leudelange. «Ce sont des moments où il faut être réveillé et quand on l’est, on fait la différence», glisse Georges Eischen qui codirige la centrale d’alimentation. Ce mouvement de blocage, «c’est plutôt une amélioration du chiffre d’affaires en compensant ceux qui ne sont pas réveillés» ajoute-t-il, fort de 30 ans d’expérience. «C’est notre dose d’inhabituel régulier.» Bien que La Provençale soit également approvisionnée par des camions venus de Belgique ou de France, «on a contourné les blocages avec des routes alternatives grâce à une équipe de commerciale qui était sur le terrain avec les bonnes informations». «Ça s’est plutôt bien passé», se félicite l’associé gérant, bien qu’un camion belge ait été «pris en otage» mardi, près Neufchâteau, durant 24 heures, nécessitant le rapatriement du chauffeur et la surveillance du véhicule par un garde. Et pour les cas de retard ponctuels, «une solution a toujours été trouvée».
Ce qui est loin d’être le cas pour les grandes surfaces, bloquées par les agriculteurs belges qui n’ont pas suivi leurs homologues français. Pour Georges Eischen, le blocage est comparable à celui d’une ruche. «Pour contrôler des abeilles, la manière la plus efficace c’est de bloquer l’entrée et la sortie du nid. Une fois en dehors, c’est difficilement contrôlable. Donc une fois les camions en route, ils peuvent éviter les blocages.» À cette heure, l’envol des camions d’Aldi ou de Lidl n’est pas encore connu.