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Asile : Gloden veut des retours plus humains


Le ministre en charge de l’Immigration compte accélérer les procédures, à la fois pour les réfugiés ayant une perspective de séjour que pour ceux qui doivent à nouveau quitter le territoire.(Photo : AFP)

Le ministre en charge de l’Immigration compte accélérer les procédures, à la fois pour les réfugiés ayant une perspective de séjour que pour ceux qui doivent à nouveau quitter le territoire.

Le CSV semble avoir appris des erreurs commises en 2002 et 2003 par Luc Frieden, alors ministre de la Justice. À l’époque, le désormais Premier ministre, avait ordonné une action coup-de-poing pour expulser des dizaines de réfugiés ayant fui la guerre en ex-Yougoslavie, y compris des familles déjà pleinement intégrées au Luxembourg. La police avait même débarqué dans des salles de classe pour ramener les enfants des parents concernés dans une structure de transit, avant d’être renvoyés de force dans leur pays d’origine.

Ce triste épisode, certes légal, mais assez inhumain, le nouveau ministre chrétien-social en charge de l’Immigration ne semble pas l’avoir oublié. «Je ne veux pas que des enfants soient enlevés de leurs salles de classe comme ce fut le cas par le passé, alors que ces élèves étaient déjà scolarisés depuis deux ou trois ans», relate Léon Gloden. Mercredi, le successeur de Jean Asselborn (LSAP) a tenu à calmer les partis de l’opposition, très inquiets sur le virage répressif qui s’annonce sous le nouveau gouvernement CSV-DP.

Afin d’éviter ce genre de «situations toujours dramatiques», comme le décrit Marc Goergen (Parti pirate), le ministre Gloden compte accélérer les procédures, à la fois pour les réfugiés ayant une perspective de séjour que pour ceux qui doivent à nouveau quitter le territoire. «On veut mener une politique migratoire responsable», souligne-t-il à la sortie d’un échange avec les députés de la commission des Affaires intérieures.

Les plans de l’ancien député-maire de Grevenmacher s’inscrivent dans le contexte du nouveau pacte migratoire, en cours de finalisation à l’échelle de l’UE.

Les réfugiés plus vite mis au travail

Côté accueil et intégration des demandeurs d’asile obtenant le statut de réfugié, le gouvernement prévoit de les accompagner au mieux. «On compte ouvrir davantage le marché du travail aux demandeurs d’asile en cours de procédure. Mais, même s’ils trouvent un emploi temporaire, cela ne veut pas dire qu’ils vont d’office obtenir le statut de réfugié. La situation sera analysée au cas par cas», annonce le ministre du CSV.

Au bout de quatre mois de séjour au Luxembourg, les demandeurs d’asile pourront postuler à des postes vacants dans des secteurs en grande pénurie. Pas assez, selon Meris Sehovic (déi gréng) : «Sachant que le travail est un facteur majeur pour l’intégration, il est dommage de vouloir limiter cela à des secteurs isolés. On regrette aussi que l’on n’abaisse pas davantage le délai».

«À entendre le patronat, il existe des pénuries dans tous les secteurs d’activité. Pour l’instant, nous ne savons pas encore jusqu’où veut aller le gouvernement. On doit également faire attention de ne pas se montrer trop généreux afin d’éviter que l’on voit déferler de nouvelles vagues de migrants», complète Marc Goergen.

Côté expulsions, le ministre Gloden s’engage à pleinement respecter les droits de l’homme et la dignité humaine pour mener ces retours forcés de demandeurs d’asile déboutés. Dans cet ordre d’idées, une Maison de retour, réservée en priorité aux familles avec enfants, doit voir le jour. Elle sera complémentaire au centre de rétention existant. L’ADR de Fernand Kartheiser soutient pleinement les intentions du ministre dans ce domaine.

«Nous allons suivre de près comment va se mettre en œuvre cette politique. Le respect des droits de l’homme et des aspects humanitaires sont très importants pour le LSAP», souligne, pour sa part, le député-maire de Dudelange, Dan Biancalana.

En attendant, les partis de l’opposition saluent la continuité annoncée dans la politique migratoire. Le Luxembourg restera un pays d’accueil solidaire.