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Deborah de Robertis finalement exposée au Centre Pompidou


La photo de la performance de Déborah de Robertis sous L’Origine du monde au musée d’Orsay en mai 2014 est exposée dans la salle des œuvres inspirées du tableau de Courbet. (Photo Philippe Marque)

Après s’être répandue sur les réseaux sociaux parce qu’elle n’avait pas été retenue pour l’exposition Lacan au Centre Pompidou-Metz, la scandaleuse artiste-performeuse luxembourgeoise Deborah de Robertis y est finalement exposée. La «bête noire» des institutions culturelles savoure sa victoire.

Elle a fini par avoir gain de cause. La sulfureuse artiste-performeuse luxembourgeoise Deborah de Robertis est bien exposée depuis le 31 décembre au Centre Pompidou-Metz. Miroir de l’origine, son œuvre, y est présentée à quelques mètres de L’Origine du monde, le célèbre tableau de Gustave Courbet, dans le cadre de Lacan, l’exposition, quand l’art rencontre la psychanalyse.

Il se trouve dans une pièce consacrée aux interprétations qui se sont inspirées de ce tableau majeur de l’histoire de la peinture. Cette photo montre l’artiste dénudée, les jambes écartées, assise sous L’Origine du monde alors exposée au musée d’Orsay. Une scène qui avait fait scandale en mai 2014.

Après avoir échangé dans un premier temps avec le Centre Pompidou-Metz au sujet de cette exposition, l’artiste avait ensuite appris en avril que sa pièce ne figurerait pas dans l’exposition finale. Une décision qu’elle a dénoncée à de multiples reprises sur les réseaux sociaux. Au final, l’œuvre de la performeuse qui se trouve dans les 600 signataires d’une contre-tribune d’artistes appelant à «refuser la banalisation de propos et d’actes tels que ceux» de Gérard Depardieu, a finalement été intégrée :

«J’ai eu avec Bernard Marcadé, le commissaire, un échange déterminant au sujet de son rapport à mon œuvre qu’il connaît depuis mes 26 ans. Suite à notre conversation téléphonique, il m’a été confirmé par lui que Miroir de l’Origine ferait partie de l’exposition et qu’elle y a sa place. Elle est d’ailleurs accrochée entre deux œuvres de Fontana et de Valie Export, deux artistes majeurs auxquels je me réfère pour parler de mon geste trop souvent vulgarisé. Je ne dois cette victoire qu’à mon audace, ma persévérance, et à mon désir légitime de voir mon « sexe politique » accroché au mur.»

Une reconnaissance

Par sa démarche, Deborah de Robertis dit vouloir questionner la place des femmes dans l’histoire de l’art et l’hypocrisie des musées français. Devenue la bête noire des institutions culturelles après y avoir créé des scandales suite à des performances dénudées, voilà qu’elle y est aujourd’hui exposée.

Une reconnaissance qu’elle savoure : «Pompidou-Metz est à la hauteur de l’ouverture que j’attendais d’une institution importante dirigée par une femme et des équipes largement féminines, féministes ? Je ne cache pas ma jouissance d’occuper à l’aube de mes 40 ans une place légitime, là où jusqu’ici le soutien à mon travail, s’il y en avait, a toujours été hors circuit, non assumé et malheureusement trop souvent prétexte à autre chose. Mon acharnement à faire entrer ma photo dans cette exposition magnifique, était tout sauf opportuniste. Cela a été un geste instinctif et viscéral. Exactement comme en 2014, lorsque j’ai ouvert mon sexe sous L’Origine du monde. Il s’agit d’un geste vital, un cri.»

Deux condamnations

Pour s’être dénudée en 2014 et 2016 au musée d’Orsay, devant L’Origine du monde ou Olympia d’Édouard Manet, la performeuse avait fait l’objet de rappels à la loi. Pour avoir dansé en 2017, à demi-nue, devant la Joconde au Louvre, elle a été relaxée.

Mais elle a été condamnée à deux reprises pour s’être dénudée en 2018, les mains jointes et la tête recouverte d’un voile bleu, à l’entrée de la grotte… de Lourdes. Et en 2019 pour dégradations volontaires après avoir jeté du sang de porc au… Parlement européen de Strasbourg.