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Remaniement en France : Borne a démissionné, Attal pourrait lui succéder


(Photo : AFP)

Elisabeth Borne a présenté lundi la démission de son gouvernement après s’être entretenue lundi après-midi à l’Élysée avec Emmanuel Macron qui devrait, selon des sources proches de l’exécutif, nommer le jeune ministre de l’Éducation Gabriel Attal pour lui succéder à Matignon.

Elisabeth Borne a remis la démission du gouvernement au président Macron qui l’a acceptée, a annoncé l’Élysée. Le chef de l’État l’a remerciée sur X « de tout cœur » pour son travail « exemplaire » au « service de la Nation » .

 

La Première ministre était restée plus tôt dans l’après-midi un peu moins d’une heure auprès du che

f de l’État avant de regagner son bureau avec un sourire crispé, sans mot dire. Ses vingt mois à la tête du gouvernement ont été marqués par l’adoption de la réforme impopulaire des retraites et de la loi controversée sur l’immigration.

« Alors qu’il me faut présenter la démission de mon gouvernement, je voulais vous dire combien j’ai été passionnée par cette mission, guidée par le souci constant, que nous partageons, d’aboutir à des résultats rapides et tangibles pour nos concitoyens », a écrit Borne dans la lettre, transmise au président de la République.

Après avoir surmonté près d’une trentaine de motions de censure à l’Assemblée nationale, Elisabeth Borne, 62 ans, est souvent décrite comme usée par ses propres alliés.

Chamboule-tout gouvernemental

Son sort était en suspens ces derniers jours, beaucoup de proches d’Emmanuel Macron misant sur un vaste chamboule-tout gouvernemental avec son propre départ.

L’Élysée n’a pas annoncé immédiatement le nom de son successeur. Mais Gabriel Attal, 34 ans, est remonté en flèche lundi dans les pronostics de la macronie pour lui succéder à Matignon, ce qui en ferait le plus jeune Premier ministre de la Ve République, battant le record du socialiste Laurent Fabius nommé à 37 ans en 1984.

C’est lui qui devrait être chargé de former le prochain gouvernement, a assuré un proche de l’exécutif.

Si sa jeunesse et sa nomination récente à l’Éducation nationale, où il est arrivé en juillet et a lancé de vastes chantiers à concrétiser, étaient invoquées ces derniers jours par plusieurs conseillers pour écarter l’hypothèse de sa nomination, les mêmes arguments justifient aujourd’hui sa possible promotion.

« La jeunesse, la cote dans l’opinion et la capacité réelle ou supposée à conduire la campagne gouvernementale des européennes ont fait la différence », croit savoir la source proche de l’exécutif, en référence au scrutin de juin pour lequel le camp présidentiel est pour l’instant distancé dans les sondages par le Rassemblement national.

« Créé de toutes pièces par Macron »

« Il est populaire, jeune, et c’est quelqu’un créé de toutes pièces par Macron », abonde aussi une ministre, tout en précisant ne pas avoir confirmation du choix du président.

Jusque-là, tous décrivaient une course à deux : Julien Denormandie, 43 ans, marcheur de la première heure ; et Sébastien Lecornu, 37 ans, actuel ministre des Armées, issu de la droite, qui s’est au fil des années taillé une place dans le cercle des conseillers politiques du président.

Par rapport à ces deux figures peu connues du grand public, Gabriel Attal affiche un profil plus politique. Sa cote de popularité est montée rapidement ces derniers mois, jusqu’à en faire une des personnalités politiques préférées des Français.

De quoi offrir enfin à Emmanuel Macron l’élan que son second quinquennat n’a jamais trouvé, privé qu’il est depuis sa réélection en 2022 de majorité absolue à l’Assemblée nationale.

Cet acte II du quinquennat doit se faire sous le signe du « réarmement » vanté par le chef de l’État lors de ses vœux du Nouvel An : « réarmement industriel, économique, européen » mais aussi « civique », autour notamment du vaste chantier de l’école porté depuis l’été dernier par Gabriel Attal, qui a initié de nombreuses réformes d’ampleur.

Le président de la République doit expliciter sa feuille de route lors d’un mystérieux « rendez-vous avec la Nation » courant janvier.

Le choix du successeur d’Elisabeth Borne est loin d’être neutre pour maintenir l’équilibre précaire du camp présidentiel, mis à mal dernièrement par les divisions sur loi immigration. Si le patron des députés Renaissance, Sylvain Maillard, a assuré sur LCI que ses troupes « travailleront en toute loyauté » avec le prochain Premier ministre, d’autres redoutent un coup de barre à droite.

Comme la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, attachée au « dépassement » des clivages traditionnel, promesse du macronisme initial, qui a estimé sur franceinfo que « sortir l’aile gauche de la majorité, ce serait faire le jeu des oppositions ».

Allié de poids du chef de l’État, le patron du MoDem François Bayrou avait montré des réticences à une nomination de Sébastien Lecornu, selon lui, en contradiction avec cette idée d’un dépassement du clivage droite-gauche.

À cet égard, une nomination de Gabriel Attal, également macroniste de la première heure, offrirait des garanties aux tenants de l’aile gauche de la majorité.

Plusieurs membres de la garde rapprochée du chef de l’État, dont François Bayrou, appellent à en profiter pour resserrer un gouvernement qui compte aujourd’hui 39 membres.