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Asile et migration : une année record depuis 2015


Les foyers d’hébergement – 54 structures fin septembre et 7 700 lits – affichent quasiment complet (90,9 %).

Les derniers chiffres officiels le confirment. Le Luxembourg va, a priori, accueillir, courant 2023, plus de 2 400 demandeurs d’asile. Les structures d’hébergement restent débordées.

Rien que pour le mois de novembre, la direction de l’Immigration a enregistré 231 nouvelles demandes d’asile, dont 42 Vénézuéliens, 35 Érythréens et 31 Syriens. À ce rythme, le record absolu de 2015, pointant à 2 447 arrivées de réfugiés au Grand-Duché, va être battu d’ici à dimanche, dernier jour de cette année 2023.

Les chiffres de décembre seront publiés en janvier 2024. En tout état de cause, le bilan reste identique : le Luxembourg atteint ses limites en termes d’accueil de migrants, d’autant plus que les réfugiés de guerre ukrainiens continuent à affluer en nombre (981 entre début janvier et fin novembre).

Face à cette évolution, le ministre sortant en charge de l’Immigration, Jean Asselborn (LSAP), s’était vu forcé, le cœur lourd, de décréter la fin de l’hébergement d’office de demandeurs d’asile au Grand-Duché. La mesure, lourdement fustigée par les associations de défense des droits de l’Homme, a concerné en premier lieu les hommes adultes voyageant seuls et déjà enregistrés comme demandeurs d’asile dans un autre pays de l’UE.

«Ce changement dans la procédure d’accueil a été mis en place afin de donner la priorité absolue aux femmes, enfants et familles ainsi qu’aux personnes les plus vulnérables», s’est justifié à plusieurs reprises le doyen des ministres du gouvernement tricolore formé par le DP, le LSAP et déi gréng.

CSV et DP à leur tour dos au mur

Aujourd’hui, le libéral Max Hahn, dont le parti a réussi à se positionner dans la majorité après les législatives du 8 octobre, a la lourde tâche de gérer l’épineux dossier de l’accueil des demandeurs d’asile et des autres migrants. La gestion des procédures est, elle, assurée par le nouveau ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden (CSV).

La première décision majeure est de laisser en vigueur le durcissement de la procédure d’accueil mis en place par Jean Asselborn, qui a décidé après son départ du gouvernement de quitter le monde politique.

Les chiffres concernant l’arrivée de demandeurs d’asile semblent laisser peu de choix au nouvel exécutif, sachant que les foyers d’hébergement – 54 structures fin septembre, 7 700 lits – affichent quasiment complet (90,9 %), en dépit d’une augmentation de 252,5 % ou de 5 518 lits supplémentaires par rapport à 2014.

«Heureusement», sur les près de 4 500 réfugiés de guerre bénéficiant d’une protection temporaire, un nombre important continue d’être hébergé par des personnes privées. Entre janvier et fin novembre, 801 nouvelles arrivées ont été enregistrées alors que 3 648 personnes ayant fui la guerre en Ukraine ont obtenu un renouvellement de leur droit de séjour.

L’Office national de l’accueil (ONA) disposait, à la fin de l’été 2023, d’une capacité d’environ 1 880 lits pour les réfugiés de guerre ukrainiens. Le taux d’occupation affichait 90,5 % au 31 décembre dernier.

Le Don Bosco, pourtant vétuste, fait de la résistance

Situé juste à côté du campus Limpertsberg de l’Uni.lu, le foyer Don Bosco, complètement vétuste, va encore voir sa durée de vie prolongée en raison du «manque de capacité d’accueil pour demandeurs de protection internationale», comme le détaille le ministre de la Famille, Max Hahn (DP), dans sa réponse à une question parlementaire de déi Lénk.

Également interpellé par le Parti pirate, le nouveau responsable politique pour l’accueil des réfugiés au Grand-Duché précise qu’un groupe de travail a été mis en place depuis février de cette année pour mener à bien la fermeture du foyer. La Ville de Luxembourg et son Office social, tout comme la Croix-Rouge et l’Office national d’inclusion sociale, préparent, avec le gouvernement, le relogement des migrants concernés.

«En règle générale, les fermetures programmées des structures (…) sont planifiées plusieurs mois à l’avance», de manière à ce que les personnes concernées puissent être relogées.

Pour ce qui est des occupants du Don Bosco, il est à noter que jusqu’au 20 décembre, 59 personnes avaient quitté la structure, dont 24 qui ont pu se reloger sur le marché privé. Ils sont 35 à avoir trouvé refuge dans un autre foyer, tandis que trois personnes ont disparu de la circulation.