Globalement positif, le dernier Eurobaromètre indique toutefois que les résidents luxembourgeois identifient l’immigration et l’insécurité comme de nouveaux problèmes majeurs. Le résultat est cependant à nuancer.
La bonne nouvelle en premier : les citoyens résidant au Grand-Duché restent résolument favorables à l’UE. «Le Luxembourg est toujours un pays clairement proeuropéen. Les gens cautionnent entièrement le statut d’État membre, l’image de l’UE reste largement positive et la confiance dans les institutions européennes est présente», commente Anne Calteux, la cheffe de la représentation de la Commission européenne. «Ce sont surtout les jeunes qui se montrent très positifs, bien davantage que les adultes et leurs pairs dans les autres pays de l’UE. Il est intéressant de voir cette évolution», ajoute-t-elle au moment de présenter les résultats de l’Eurobaromètre de l’hiver 2023-2024.
En chiffres, ce sont 58 % des résidents qui disent avoir confiance dans l’UE (moyenne européenne de 44 %). Il s’agit certes d’une baisse de 7 points par rapport au sondage de cet été, mais la moyenne est davantage plombée par les 40-54 ans (47 % de confiance) que par les 15-24 ans (74 % au Luxembourg, contre 52 % dans l’UE). «L’image positive se reflète aussi dans la proposition de l’UE comme lieu de stabilité dans un monde troublé. Soixante-dix-sept pour cent des personnes interrogées au Luxembourg sont d’accord» est une autre conclusion. Il est à noter que le sondage représentatif (504 personnes interrogées) a été mené entre le 23 octobre et le 17 novembre, soit après le début de la guerre au Proche-Orient, en date du 7 octobre.
Un tiers redoute une dégradation
En outre, 90 % des résidents considèrent la situation au Luxembourg comme bonne. Ils sont même 86 % à juger la situation économique comme étant positive, plaçant le Luxembourg en tête des pays de l’UE. Or, 34 % s’attendent à une évolution plus négative de l’économie nationale dans les mois à venir.
Les raisons de ce coup de mou sont diverses. Comme principal problème (voir également ci-dessous), les résidents luxembourgeois placent toujours le logement en haut de l’échelle : 53 % en moyenne et même 65 % auprès des 25-34 ans. Derrière suit la hausse des prix (48 %), qui reste une préoccupation majeure malgré le recul de l’inflation (selon le Statec, 3,8 % en 2023 et 2,6 % en 2024).
«Deux nouveaux éléments sont venus s’ajouter à ce tableau, à savoir l’immigration et le niveau d’insécurité. La tendance est négative, ce qu’il faut prendre au sérieux et continuer à suivre de près. Même si le taux d’inquiétude enregistré au Luxembourg est encore inférieur à celui d’autres pays européens, ces deux problèmes sont clairement dans la tête des gens», renchérit Anne Calteux.
Plus concrètement, l’insécurité est désormais identifiée comme un problème par 14 % des résidents sondés, alors que la moyenne européenne se limite à 9 %. «Ce fut une des thématiques centrales lors de la campagne pour les législatives en octobre. Au moment du sondage, c’était encore très présent dans la perception des gens. Il me faut toutefois souligner qu’il s’agit d’un sentiment d’insécurité. Ce n’est pas la criminalité qui a fait un bond de 14 points», relativise la représentante de la présidente de la Commission européenne au Luxembourg.
L’autre nouvelle préoccupation est l’immigration (13 %, +6 points). Dans le domaine des défis qui se posent à l’UE, les sondés luxembourgeois placent l’immigration à la deuxième place des soucis, avec un taux de 26 %, contre 24 % pour la guerre en Ukraine. «Cela suit clairement une tendance européenne où le taux d’inquiétude par rapport à l’immigration est passé à 20 %. La hausse est de l’ordre de 11 points», renseigne Manon Breden de l’institut de sondage Ilres.
Très favorables à aider les réfugiés
En même temps, une grande majorité des résidents grand-ducaux (89 %) se disent d’accord pour aider les réfugiés (72 % dans l’UE). Ils sont 81 % à penser que les personnes migrant à l’intérieur de l’UE contribuent positivement au Luxembourg. Le score est encore plus important parmi les 15-24 ans (89 %). Par contre, un doute plus large existe par rapport à l’apport de l’immigration provenant de pays tiers (61 %). Encore une fois, les jeunes se disent plus ouverts que les plus âgés (moyenne de 74 %).
«Au vu de ces résultats, il existe un important besoin de dialogue avec les citoyens. Le nouveau gouvernement doit s’occuper de manière intense de ces thématiques, notamment en vue des élections européennes de juin. Il faudra faire face au populisme qui a tendance à mettre tout le monde dans le même sac en clamant, par exemple, qu’un immigrant est un terroriste», met en garde Anne Calteux.
Soutien limité à l’élargissement de l’UE
Les personnes interrogées lors de cette deuxième vague de l’Eurobaromètre se montrent beaucoup moins favorables à l’élargissement de l’UE qu’à l’été 2023. Le sondage se solde ainsi par un net recul du soutien, passant de 58 % à 39 % (-19 points). Par contre, ils demeurent 57 % à rester en faveur d’accorder à l’Ukraine le statut de pays candidat à l’adhésion à l’UE.
Ces chiffres interviennent au moment même où les chefs d’État et de gouvernement de l’UE ont acté, jeudi dernier, l’ouverture de négociations d’adhésion avec l’Ukraine, mais aussi avec la Moldavie. La Bosnie-Herzégovine se rapproche aussi de négociations, tandis que les tractations se poursuivent avec quatre autres pays des Balkans occidentaux : le Monténégro, la Serbie, la Macédoine du Nord et l’Albanie. Le Kosovo a le statut de «candidat potentiel».