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Construction : le maintien de 20 000 emplois se précise


Les ministres du Travail, Georges Mischo, et de l’Économie, Lex Delles, affirment avoir des «discussions constructives et ouvertes» avec les syndicats sur la crise dans le bâtiment. (Photo : ministère du travail)

OGBL et LCGB se sont légèrement rapprochés, vendredi, pour négocier un plan de maintien dans l’emploi sectoriel, mais ciblé. Les deux syndicats sont soutenus par le gouvernement.

Les fêtes de fin d’année s’annoncent compliquées pour les quelque 20 000 salariés actifs dans le génie civil et le gros œuvre, les deux entités particulièrement touchées par la crise du bâtiment. «Ils ne doivent pas craindre, le soir de Noël, de ne plus avoir d’emploi en janvier, après le congé collectif d’hiver», souligne le ministre de l’Économie, Lex Delles (DP), à côté du ministre du Travail, Georges Mischo (CSV).

Vendredi, ils avaient convié les syndicats OGBL et LCGB à une entrevue séparée pour avancer sur un plan sectoriel de maintien dans l’emploi. LCGB et patronat soutiennent cette solution, l’OGBL se montre plus réservé. Mais les positions se sont rapprochées, comme le laisse entrevoir Jean-Luc De Matteis, secrétaire central à l’OGBL : «Ce qui doit primer est la protection des emplois. Il est important de ne pas arroser l’ensemble du secteur. Si l’on parvient à négocier un accord global, incluant des garde-fous, on peut imaginer beaucoup de choses.»

«On ne peut plus rester spectateurs»

Dans les jours et semaines à venir, syndicats et patronat doivent se revoir pour avancer dans les négociations, qui sont restées sans résultat palpable, vendredi (lire ci-dessous). «Il est temps d’agir. On ne peut plus rester spectateurs devant une situation qui ne cesse de se dégrader», martèle Robert Fornieri.

Le chef de la délégation du LCGB, à l’instar des ministres de tutelle, souligne que la négociation de plans individuels risque de s’avérer trop lourde : «Plus de 80 % des PME dans la construction sont touchées par la situation actuelle. Il faudrait dès lors négocier des centaines de plans, alors que, en fin de compte, les mêmes critères et mesures vont s’appliquer.»

4 000 emplois potentiellement menacés

L’OGBL semble plus ouvert à cette voie. L’éligibilité aux différentes aides (chômage partiel, prêt de main-d’œuvre, préretraite, etc.) doit toutefois être clairement définie, ce qui est parfaitement possible. «Le plan sectoriel de maintien dans l’emploi reste rare, mais il est possible de cibler de manière précise les secteurs qui peuvent en profiter. Une différenciation peut être faite entre la construction proprement dite, le génie civil ou les différents métiers de l’artisanat», assure le ministre Lex Delles.

«On est sur la bonne voie. Mais il reviendra aux syndicats et au patronat de trouver un accord, qui sera à valider par le gouvernement. La volonté de définir des garde-fous est confirmée par tous les camps», complète le ministre Georges Mischo.

Sans réaction, le camp patronal redoute que jusqu’à 4 000 emplois puissent être menacés. Depuis le début de cette année 2023, un millier d’ouvriers a déjà été mis à la porte. Une partie d’entre eux ont toutefois été réembauchés par d’autres entreprises.

Le patronat campe sur ses positions

Les employeurs plaident pour un plan sectoriel de maintien dans l’emploi, qui «constitue le seul et unique moyen d’éviter de nombreuses faillites et les pertes d’emplois qui vont avec». Cet argument est repris dans une lettre envoyée aux chefs d’entreprise, dont Le Quotidien a obtenu une copie. Des plans individuels, tels que le réclame l’OGBL, «mèneront (…) à des situations de distorsion de concurrence du fait que les aides étatiques attribuées pourront se différencier d’une entreprise à l’autre».

Comme nous l’évoquions dans notre édition de vendredi, cette même lettre appelle explicitement les patrons à ne pas mener de négociations individuelles avec l’OGBL. Une «mise en garde» est exprimée, écrite en gras et incluse dans un encadré.

Le camp patronal continue aussi à refuser toute négociation sur une nouvelle convention collective, au point mort depuis près de deux ans. Le LCGB affirme avoir tenté, vendredi, de rapprocher les positions, en vain. Quoi qu’il en soit, les syndicats mettent la pression pour obtenir certaines concessions dans une prochaine convention avant de valider un éventuel plan sectoriel de maintien dans l’emploi.