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Déi Lénk veut un débat sur la loi électorale


Marc Baum constate que depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, aucune coalition n’avait reçu si peu de voix que celle-ci avec 47,91 % des voix. (photo Julien Garroy)

Le nouveau gouvernement a été mis en place avec une majorité de 47,91 % des voix, mais dispose d’une majorité de 35 sièges. Marc Baum y voit un grave déficit démocratique.

La petite phrase a fortement agacé le député de la Gauche (déi Lénk) Marc Baum, lors du discours de présentation du programme gouvernemental. Le Premier ministre, Luc Frieden, y déclarait dans son introduction, en s’adressant aux 60 députés, qu’ils pouvaient être fiers de la démocratie luxembourgeoise qui avait encore bien fonctionné. Pas pour Marc Baum.

Déjà, seuls 231 344 électeurs ont rendu un bulletin valable, soit un peu plus d’un tiers de la population, qui par leur vote ont accordé 47,91 % des voix aux deux partis de la coalition, le CSV et le DP. Donc moins de la moitié des voix. «En d’autres termes, seulement un sixième de la population a exprimé sa confiance aux deux partis de la coalition», déclarait le député déi Lénk à la tribune.

Le député y voit un sérieux déficit démocratique et estime que le pays doit mener un débat sur le nombre de citoyens qui peuvent décider de la manière dont est constituée la Chambre qui forme ensuite le gouvernement.  «En tant que gauchistes, nous restons d’avis qu’il s’agit là d’un des défis centraux de notre démocratie.»

Marc Baum se dit profondément déçu de n’avoir entendu aucune remarque à ce sujet dans le discours de Luc Frieden. Si ce débat n’a pas lieu, il est d’avis que le Parlement risque de perdre en crédibilité et légitimité aux yeux des gens qui vivent, qui travaillent et qui habitent dans ce pays.

«Il y a quelque chose de pourri dans l’État du Luxembourg»

«Au-delà de cette question de droit de vote, on doit constater que depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, aucune coalition gouvernementale n’avait reçu si peu de voix que celui-ci avec 47,9 % des voix», remarque-t-il. Certes, l’ancien gouvernement tricéphale avait également moins de la moitié des voix, en l’occurrence 49,6 %, mais cette situation précaire se reflétait dans la distribution des sièges de députés avec une courte majorité de 31 sièges répartis entre trois partenaires.

Cette fois, deux partis parviennent à réunir une majorité de 35 sièges alors qu’ils ont obtenu moins de voix. «Il y a quelque chose de pourri dans l’État du Luxembourg», lâche-t-il.

Il qualifie la nouvelle coalition «de plus impopulaire de ces 80 dernières années» et s’inquiète que ce nombre impressionnant de 35 sièges se reflète aussi dans les commissions. Ce qui lui fait dire que la démocratie représentative est en crise, et que la composition de la Chambre, non seulement ne reflète pas la population, «mais elle déforme même les rapports de force politiques de ceux qui sont allés voter le 8 octobre».

Il le répète : le pays a un besoin urgent d’une révision fondamentale de la loi électorale, tout simplement parce que la composition de la Chambre des députés ne reflète pas le résultat des élections «et c’est ce qui peut arriver de pire dans une démocratie parlementaire», ajoute-t-il.

«Un gouvernement impopulaire»

Marc Baum regrette que ce thème n’ait pas été abordé par les partis de la majorité, ni par le Premier ministre. Cela ne le surprend guère de la part de ceux «qui profitent de ce système». En revanche, il aurait préféré ne pas les entendre vanter la démocratie luxembourgeoise et affirmer en plus qu’elle fonctionnait bien.

«Mais ce gouvernement devrait en tenir compte, car la démocratie ne vit pas seulement dans les institutions, mais aussi dans les entreprises, les écoles et dans les rues. Un gouvernement impopulaire ferait bien d’en être conscient.»

Le député déi Lénk, de son côté, a pris conscience que ce gouvernement a mené les discussions de l’accord derrière des portes capitonnées au château de Senningen, ne livrant rien de concret à la presse, sinon répété à l’envi que l’ambiance de travail était bonne. «Si le gouvernement précédent avait déjà fait de grands efforts pour permettre au public d’accéder à des informations importantes, cette coalition donne l’impression qu’elle revient dix ans en arrière», observe Marc Baum.

Il critique tout autant la répartition des portefeuilles ministériels qui ne suivent aucune logique. Comme l’accord de coalition qui apparaît «comme un amas d’idées en partie contradictoires, rassemblées au hasard». En revanche, il y a un principe qui transpire de tous les chapitres, commente-t-il : «Ceux qui ont le plus bénéficié du système jusqu’à présent devraient en bénéficier encore davantage. Les riches devraient devenir encore plus riches et les pauvres doivent se débrouiller.»

Ceci est le résumé du programme gouvernemental du CSV et du DP, selon Marc Baum.