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Rentrée parlementaire : «Le travail de qualité» peut commencer


Claude Wiseler veut revoir les temps de parole, le rôle du rapporteur, rendre les commissions publiques et jeter un souffle nouveau sur l’institution. (photo Julien Garroy)

La Chambre des députés est au complet, y compris son nouveau président qui a de grandes ambitions pour le premier pouvoir. Moderniser l’institution pour qu’elle vive avec son temps.

«J’étais un peu ému au début du discours, c’était impressionnant pour moi», confie le nouveau président de la Chambre des députés, Claude Wiseler. Il détient le rôle qu’il voulait avoir, il ne s’en cache pas, parce qu’il l’intéresse. Cela fait 25 ans qu’il s’est lancé dans la politique, autant d’années vécues au Parlement, que ce soit sur les bancs des députés ou dans les rangs du gouvernement, dans la majorité ou dans l’opposition, comme lors des deux dernières législatures.

C’est donc en connaissance de cause qu’il s’adresse tour à tour à toutes les forces en présence, en se voulant rassurant et respectueux des positions et des fonctions qu’elles occupent. Le nouveau président leur rappelle «l’humilité» du rôle que chacun doit jouer dans une démocratie, celui de représenter le peuple et de lui venir en aide.

Claude Wiseler sait que les réseaux sociaux et les internautes impatients peuvent saper le véritable travail des députés. D’un long discours, il ne reste parfois qu’une phrase sortie de son contexte et un député jeté en pâture. Il propose d’engager des discussions sur différents thèmes pour offrir une autre image de la Chambre des députés où les temps de parole sont effectivement longs, souvent répétitifs, et les séances parfois surchargées. Le commun des mortels décroche vite.

Le président suggère de revoir l’organisation des séances plénières ou comment amener certains débats à franchir les portes capitonnées du Parlement pour être discutés à l’extérieur. Il évoque les temps de parole, justement, et les verrait bien un peu plus courts. Il serait de bon ton de revoir le rôle des rapporteurs des projets de loi, qui expriment les positions des commissions qui ont étudié les textes législatifs avant qu’ils n’atterrissent en plénière.

Même le rôle des orateurs, qui doivent refléter l’avis de leur parti politique, fera l’objet d’une discussion, comme l’organisation des travaux en commission. La transparence a sa place aussi et, à ce titre, il suggère d’étudier la possibilité de rendre les commissions publiques, du moins leur retransmission. Claude Wiseler entend aussi proposer des changements en ce qui concerne l’organisation des grands débats de société, et s’assurer que les motions et les résolutions ne se perdent pas au fond d’un tiroir.

Les politiques doivent être évaluées, non seulement quand les députés le demandent, mais également quand elles s’imposent d’elles-mêmes. Quant au suivi des dossiers européens, un pas a déjà été franchi avec la création d’une sous-commission ad hoc.

Seule compte la qualité

«La discussion sur tous ces sujets se fera aussi bien avec la majorité que l’opposition, car il est dans l’intérêt de chacun que la Chambre occupe une place centrale dans la vie politique», justifie le nouveau président. Pour y parvenir, il pose deux «principes importants». Le premier est d’être à l’écoute de tous, les chambres professionnelles comme les ONG et la société civile, tout en conservant à l’esprit que c’est au Parlement que reviendra la décision. Le second consiste à respecter le premier pouvoir qu’incarne la Chambre des députés, et de ce fait, «elle n’est pas un bureau d’enregistrement des projets de loi que dépose le gouvernement, ni une salle d’attente avant de rejoindre le gouvernement», prévient Claude Wiseler.

Depuis la réforme constitutionnelle entrée en vigueur le 1er juillet dernier, la Chambre n’a jamais eu autant de pouvoirs, comme le rappelle le président. Mais la seule chose qui compte, à ses yeux, «c’est la qualité du travail» des députés.

Claude Wiseler s’adresse aux députés de l’opposition, parmi eux, pas moins de huit anciens ministres de la coalition tricéphale. Il se souvient de l’époque, pas si lointaine, où la presse répétait que le CSV n’avait pas encore réalisé qu’il était dans l’opposition et avoue ne pas avoir bien compris la réflexion. «Je n’ai jamais voulu arriver dans l’opposition, je voulais simplement en sortir, dix ans durant.»

Maintenant que c’est fait, il assure aux députés qui y sont que la Chambre et la démocratie ont besoin d’eux et son rôle à lui, c’est de leur garantir leurs droits.