Le camp libéral a validé à l’unanimité l’accord de coalition et la liste de ministres, où figurent deux surprises : Stéphanie Obertin et Eric Thill. Les ressorts attribués au DP s’annoncent très lourds.
Le comité directeur du DP s’était donné rendez-vous, hier soir, au centre sociétaire de la rue de Strasbourg, artère principale du quartier chaud de la gare de Luxembourg. Très chaud s’annonce aussi le travail gouvernemental qui attend les futurs ministres libéraux, dont cinq sortants qui se maintiennent et deux nouveaux arrivants en les personnes de Stéphanie Obertin (49 ans), médecin de formation, non-élue sur la liste Centre du DP (11e position), et Eric Thill (29 ans), bourgmestre de Schieren depuis 2009, lui resté à quai sur la liste Nord du parti (4e position).
Déception de ne pas avoir décroché la Santé
Comme le CSV, les délégués du DP n’ont pas eu droit à une présentation intégrale de l’accord de coalition qui sera scellé ce matin avec les représentants du Parti chrétien-social. Cela n’a pas empêché la principale instance décisionnelle à adopter à l’unanimité les grandes lignes que le futur gouvernement compte mettre en œuvre. «Nous avons échangé sur différents points. En fin de compte, je suis content de la confiance accordée», se félicite le Premier ministre sortant, Xavier Bettel, qui va céder demain le flambeau à Luc Frieden (CSV).
«Il s’agit d’un compromis global dans l’intérêt du pays. Il ne faut également pas penser qu’on a eu tout faux avec ce qui a été réalisé lors de ces 10 dernières années. On ne va pas faire marche arrière, même avec un nouveau partenaire, qui est prêt à mener avec nous une politique dans l’intérêt du pays et de ses citoyens», reprend Xavier Bettel. Ce serait d’ailleurs avec un «pincement au cœur» qu’il aurait pris congé, hier matin, de ses collègues ministres du LSAP et de déi gréng, mais aussi de son collègue de parti Marc Hansen, qui ne fera pas partie du nouvel exécutif.
Longtemps pressenti pour prendre en main la Santé, le DP a finalement dû délaisser ce ressort au CSV (lire en page 2). Le virologue Gérard Schockmel, élu à la Chambre, se voyait déjà ministre. Il n’en sera rien, ce qui ne laisse pas sans regrets la nouvelle ministre Stéphanie Obertin, qui prendra notamment en charge la Digitalisation. «En tant que médecin, il est toujours dommage de ne pas pouvoir obtenir la Santé. Cela vaut pour moi, mais plus encore pour Gérard Schockmel. On aurait pu apporter notre expérience de terrain et aider à améliorer le système de santé», affirme-t-elle au Quotidien.
Xavier Bettel se dit, lui, largement satisfait de la répartition des ressorts, même si un certain manque d’équilibre et de cohérence n’est pas à nier. «Avec 26 ministres, beaucoup plus aurait été possible. Or, le nouveau gouvernement comptera 17 ministres, et nous avons essayé de trouver le bon équilibre, en misant aussi sur les compétences et la volonté des candidats. Il nous a aussi importé d’avoir un quasi-équilibre au niveau du nombre de mandats», défend le futur ministre des Affaires étrangères.
Cinq hommes, deux femmes
La principe d’une meilleure cohérence interministérielle serait aussi donnée, par exemple, dans le Logement, où Claude Meisch prend aussi en main l’Aménagement du territoire. «Il s’agira toutefois d’un effort collectif à fournir pour contrer la crise du logement. On compte ficeler rapidement un paquet de relance», précise celui qui conserve également l’Éducation, après avoir vu le CSV le fustiger en permanence pendant la décennie écoulée.
Le DP hérite en outre du nouveau ministère de l’Égalité des genres et de la Diversité. Force est de constater que seules deux femmes vont représenter le parti libéral au gouvernement contre trois au CSV et, donc, uniquement cinq sur l’équipe de 15 ministres. «Ce sont les résultats électoraux qui comptent. On n’est pas un parti de quotas. On estime avoir choisi les bonnes personnes», se défend, en guise de conclusion, Xavier Bettel.
Deux surprises du chef :
«Super content et hypermotivé»
Stéphanie Obertin : «Je suis contente d’avoir obtenu la confiance du DP pour pouvoir travailler dans l’intérêt du pays. Tout est cependant nouveau pour moi, il s’agit d’un énorme changement. Je dois encore prendre mes marques. La Digitalisation est un ressort qui se trouve notamment en lien avec l’Enseignement supérieur et la Recherche, ce qui est une bonne chose. Pour le reste, il me faut encore prendre connaissance du programme de coalition détaillé.»
Eric Thill : «Honnêtement, je suis encore un peu étonné de ce qui m’arrive. Je suis néanmoins super content et hypermotivé pour entamer le travail. Je suis jeune et arrive avec de nouvelles idées. En tant que bourgmestre, je dispose de l’expérience de terrain, ce qui peut aussi servir dans le Tourisme. Il est très important d’avoir un équilibre entre jeunesse et expérience.»