En un an, le taux d’inflation s’est réduit de moitié, atteignant son niveau le plus bas depuis deux ans. Le Statec prévoit une prochaine tranche indiciaire pour le 3e trimestre 2024, en fonction de l’évolution des prix énergétiques.
En octobre 2023, l’inflation annuelle au Luxembourg atteint son niveau le plus bas en deux ans, à 3,2%, note le Statec ce mardi matin.
Derrière ce ralentissement apparent, les prix pétroliers et l’inflation sous-jacente suivent des tendances opposées. Depuis février, les produits pétroliers contribuent à faire baisser le taux d’inflation général, mais le prix du Brent se renchérit néanmoins depuis l’été. Les produits pétroliers devraient ainsi de nouveau contribuer à la hausse de l’inflation annuelle sur la première moitié de 2024.
L’inflation sous-jacente (hors produits pétroliers surtout), quant à elle, ralentit depuis 4 mois et s’affiche à 4,2% en octobre. En cause : la flambée des prix de l’alimentation qui s’est limitée à 7,5% sur un an en octobre (contre 11,5% lors du pic en mars !) mais aussi celle des biens industriels non énergétiques, qui n’a augmenté que de 3,3% sur un an en octobre.
Les prix des services continuent néanmoins de progresser et soutiennent ainsi l’inflation sous-jacente du Grand-Duché. En effet, les trois tranches indiciaires payées en février, avril et septembre 2023 ont nourri les prix des services qui atteignent leur plus forte inflation annuelle en 2023 avec 3,7% en octobre.
Un marché de l’énergie plus détendu
Les spéculations autour de l’impact potentiel du conflit entre le Hamas et Israël ont poussé les prix mondiaux de l’énergie à la hausse. Néanmoins, par rapport aux niveaux historiquement élevés de 2022, les marchés de l’énergie continuent à être relativement détendus en Europe. Une dynamique baissière est observée sur les marchés et affectent directement le prix de l’électricité : en octobre 2023, le prix moyen de l’électricité sur le marché allemand, avec lequel le réseau luxembourgeois est le mieux connecté, était de 85 euros/MWh (contre 155 euros/MWh en juillet 2022).
Cette détente des marchés de l’énergie demeure cependant fragile dans la mesure où elle résulte principalement d’une demande de gaz plus faible. Si le prochain hiver est moins clément et la consommation de gaz retrouve son niveau d’avant la guerre en Ukraine, un nouvel emballement des prix de l’énergie est possible. Par ailleurs, les anticipations de prix des marchés pourraient changer en cas d’aggravation des tensions géopolitiques, notamment au Proche-Orient.
Des factures moins chères à venir ?
Néanmoins, à partir de l’évolution récente des prix sur les marchés de l’énergie et du mode d’approvisionnement des fournisseurs d’énergie au Luxembourg, les ménages luxembourgeois pourraient bénéficier dès le début de l’année prochaine de tarifs de gaz inférieurs au prix actuellement plafonné à 0,83 euros/m3. Pour l’électricité, l’évolution récente a moins d’effets sur les tarifs de l’année prochaine au Luxembourg, puisqu’une grande partie de l’électricité qui sera fournie en 2024 a déjà été achetée au cours de 2021 et 2022, aux prix du marché qui prévalaient à ce moment.
Pour rappel, en 2024, l’État prendra en charge les frais d’utilisation de réseau pour le gaz. Le prix de l’électricité resterait constant et une remise de 15 centimes d’euro par litre serait accordée sur le prix du mazout de chauffage. Ces mesures, décidées dans le cadre du Solidaritéitspak 3.0, devraient éviter un rebond de l’inflation que le Statec avait auparavant anticipé.
En revanche, le renchérissement du prix du Brent va impacter à la hausse les prix des produits pétroliers. Ces derniers connaîtraient des baisses moins importantes avec -7,3% en 2023 et -0,7% en 2024 (contre -10,1% et -3,9% précédemment). Le Statec table ainsi sur une inflation de 3,8% pour cette année et 2,6% pour 2024.
Selon les prévisions d’inflation du scénario central, la prochaine indexation aurait lieu au 3e trimestre 2024.
Deux scénarios alternatifs
Comme à l’accoutumée, deux scénarios alternatifs sont établis à partir des marchés à terme, reflétant les anticipations les plus optimistes ou pessimistes sur les prix de l’électricité et du gaz en 2024. S’y ajoutent des évolutions alternatives du prix du Brent en 2023 et 2024, établies à partir des déviations historiques.
Le scénario bas anticipe une baisse des prix du gaz (-30%) et du Brent (-23%) en 2024, mais pas de variation sur le prix de l’électricité. Le scénario haut est limité par les boucliers tarifaires sur le prix du gaz et de l’électricité. Ainsi, ce scénario suppose qu’en 2024, le prix de l’électricité resterait constant, le prix du gaz ne serait augmenté que de 2% (suite à la hausse de TVA qui passerait de 7% à 8% et de la majoration de la taxe CO2), alors que le prix du Brent augmenterait de 26%.
Le scénario bas ne prévoit aucune indexation en 2024, alors que dans le scénario haut, une indexation aurait lieu déjà au 2e trimestre 2024.