Malgré des campagnes de prévention et des contrôles ciblés de la police, utiliser son téléphone au volant n’est pas rédhibitoire pour bon nombre d’automobilistes. Peut-être que les sanctions plus lourdes, en vigueur depuis quelques jours, auront plus de poids. C’est en tout cas ce qu’espère la directrice de la Sécurité routière, Isabelle Medinger.
Annoncée en juillet, la modification de la loi sur les infractions routières est entrée en vigueur la semaine dernière, comme l’indique le Luxemburger Wort ce vendredi. Parmi les changements apportés, le fait d’utiliser son téléphone au volant est désormais considéré comme appartenant à la catégorie des contraventions graves.
Autrement dit, être surpris en train de manipuler son smartphone en conduisant est passible d’un avertissement taxé de 250 euros, au lieu de 145 euros il y a encore quelques jours, et d’un retrait du permis de 4 points contre deux auparavant. Et si utiliser son portable dans les embouteillages ou à l’arrêt à un feu rouge était encore accepté, ce n’est plus le cas. Seuls les conducteurs qui ont garé leur véhicule sur une place de stationnement ont encore le droit de passer un coup de fil ou envoyer un SMS sans risquer de sanction.
La peur du policier peut-elle avoir une influence positive sur les chiffres des accidents de la route, dont le dernier bilan était particulièrement mauvais ? Avec une augmentation de 67 % des accidents mortels et le franchissement de la barre des plus de 1 000 blessés sur les routes du pays en 2022, il fallait réagir. Troisième cause principale des accidents graves et mortels, derrière la vitesse et la conduite sous l’empire de l’alcool, la distraction au volant est un véritable fléau.
Sanctionner plus sévèrement les comportements entraînant une distraction au volant était donc une demande de la Sécurité routière de longue date. Pour l’ASBL, il y avait un grand décalage entre la dangerosité d’utiliser son smartphone au volant et le retrait de seulement deux points du permis de conduire.
Déviation de la trajectoire, augmentation du temps de réaction et de freinage, moindre conscience de l’environnement… les conséquences de conduire en utilisant son téléphone sont bien réelles.
Toutefois, la directrice de la Sécurité routière, Isabelle Medinger, ne raisonne pas en termes de chiffres : «Il est très difficile de prouver, lorsqu’un accident s’est produit, qu’il est lié à l’utilisation d’un smartphone», poursuit-elle. «Contrairement à la mesure du taux d’alcool dans le sang, les policiers n’ont pas de bon outil.»
Dans une ancienne étude Ilres, se souvient Isabelle Medinger, les gens interrogés convenaient sans problème que téléphoner ou utiliser un smartphone au volant était dangereux. Mais, glisse la directrice dans un sourire, chacun a ses petites raisons pour le faire quand même, chacun s’accommode avec ses propres petites exceptions. Pour elle, si l’amende n’est pas forcément dissuasive, le retrait de quatre points devrait l’être un peu plus.
Quant à l’efficacité du durcissement de la loi, il sera difficile de la prouver : on ne peut pas comptabiliser les accidents qui ne sont pas produits, constate Isabelle Meringer, pour qui la technologie pourrait être une solution, comme les voitures autonomes ou l’installation de radars détectant automatiquement les conducteurs au téléphone. Et avant que toutes ces technologies ne soient opérationnelles, pourquoi ne tout simplement pas activer le mode « ne pas déranger » de son smartphone quand on s’installe sur le siège du conducteur ?