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Laurent Jans : «Ma 100e cape et une qualif au Liechtenstein ? Je signe où ?»


Laurent Jans dans son rôle : maintenir la flamme sans que tout s’embrase.

ÉLIMINATOIRES EURO-2024 Laurent Jans, capitaine désormais littéralement historique de la sélection, jouit de l’instant : une grande semaine se prépare.

Le capitaine est touché. Pas blessé, mais il a dû sauter quelques matches avec Mannheim, ces dernières semaines, pour un pépin musculaire à l’ischio gauche et il annonce avoir «du boulot» pour avoir une chance de postuler à Reykjavik, vendredi soir.

Vous imaginez fêter avec une qualification votre centième sélection, du côté du Liechtenstein, dans un petit mois?

Laurent Jans : (Il rit) Ma100e cape et une qualif au Liechtenstein? Je signe où?

Pour autant, cette semaine du mois d’octobre n’est-elle pas d’une importance telle que vous n’en avez jamais connue?

Ouah… Oui, je dirais oui. C’est même la semaine la plus importante de l’Histoire du football luxembourgeois, je dirais. On pourrait le dire comme ça l’importance extrême des matches qui nous attendent. Mais si on le dit comme ça, c’est aussi se rajouter de la pression supplémentaire. Et justement, on ne doit pas en avoir. Mais on l’avait supportée en septembre (NDLR : importantissime victoire 3-1 contre l’Islande), alors que c’était déjà crucial. Et là, à Lipperscheid, je peux vous dire que tout le monde est déjà bien « focus« !

Vous aviez déjà vécu assez douloureusement la défaite 8-0 en Suède, en octobre 2017. Comment s’en relève-t-on, alors que les Roud Léiwen viennent d’encaisser un 9-0 au Portugal?

Je dois avouer que les jours après, et même pendant une semaine, j’y ai beaucoup pensé. Mais à un moment donné, il faut bien oublier. Tu n’as pas le choix : ton club a besoin que tu te reconcentres sur SES objectifs. Mais sur ce genre de moments aussi, nous sommes devenus plus matures. On sait bien qu’on est passés à côté. Mais on sait aussi que malgré cette lourde défaite, on reste dans une situation favorable. On n’y pense déjà plus parce qu’on a des matches bien plus importants que le Portugal qui nous attendent.

C’est la semaine la plus importante de l’Histoire du foot luxembourgeois

Finalement, il vaut quand même mieux perdre une fois 9-0 que neuf fois 1-0?

Oui, et c’est logique. Moi, je prends plutôt le 9-0. Mais…

Mais?

Mais on n’a plus le droit que cela nous arrive encore. Même si le Portugal, avec les Français et les Anglais, sont l’une des meilleures équipes du monde.

Après ce match, fatalement, les réseaux se sont emballés et d’aucuns ont fustigé le fait que le Luxembourg était en position de se qualifier pour le premier Euro à 24 équipes, et que ce résultat démontrait bien l’appauvrissement de la compétition.

Ah bon? Je ne sais pas, je n’ai pas regardé. Cela ne m’intéresse pas ce qui se dit sur les réseaux. Je suis assez grand pour juger moi-même de ce que nous valons, de ce que j’ai bien fait ou pas. Et j’ai un sélectionneur pour ça aussi.

Parlons du sélectionneur justement : il vient d’opérer des choix forts en rappelant Olivier Thill et Gerson Rodrigues, écartés ces derniers mois. En tant que capitaine, avez-vous été consulté au nom du groupe?

Je savais que la question me serait posée… Disons qu’aujourd’hui, le plus important, c’est l’équipe qui compte. Et que tous les garçons que je vois à l’hôtel avec nous sont tous très concentrés et à 100 %. Il y a une forme d’union sacrée.

On n’est pas crispés sur l’objectif parce que tous les joueurs, dans leurs clubs, ont appris à vivre avec la pression

Le Luxembourg a-t-il atteint la maturité nécessaire pour aller décrocher le graal?

Bien sûr qu’on a les armes! On l’a montré à l’aller contre l’Islande, par exemple. Là-bas, les circonstances seront différentes, très compliquées…

… Mais ne vous semble-t-il pas avoir aussi montré qu’intrinsèquement, les Roud Léiwen sont plus forts que ces Islandais qui ont mis le monde à leurs pieds ces dernières années?

Si on regarde l’aller… oui. Oui, on peut le dire. Mais c’est difficile de comparer d’un match sur l’autre, surtout que tout se joue sur des détails. Je n’oublie pas qu’en Bosnie (NDLR : 0-2), si ils marquent leur penalty, cela peut tourner différemment. Les Islandais, ils ont des joueurs qui ont déjà évolué en Premier League, le plus grand championnat du monde. Il n’empêche, on ne doit plus se cacher. Et cette certitude, cela fait longtemps qu’elle est dans nos têtes. On sait que si tout se passe bien, on peut battre énormément d’équipes. Et même quand on encaisse un but maintenant, on sait qu’on peut revenir et même tourner le match. Cela fait une énorme différence avec le passé.

Le match crucial, c’est quand même la Slovaquie, lundi. Une victoire pourrait vous mettre dans une position très, très favorable.

Les quatre matches qui restent dans cette campagne sont tous importants mais si on regarde le classement, oui, la Slovaquie, c’est le plus important. Mais cela ne sert à rien d’y penser tout de suite. On ne peut plus penser. On n’a plus le temps. C’est aussi en cela qu’on voit qu’on a évolué : dans le groupe, plus personne ne se pose de questions. On n’est pas crispés sur l’objectif parce que tous les joueurs de cette sélection, dans leurs clubs, ont appris à vivre avec la pression et elle est là tout le temps.