Parti pirate : un troisième matelot à la Chambre

Dans une soirée riche en rebondissements, le Parti pirate a gagné un siège. Un résultat en dessous des attentes, mais célébré sur un air de fête, et avec fierté.

S’il fallait résumer l’ambiance, dimanche soir, au Grizzly Bar, au cœur des rives de Clausen, il suffirait de faire la liste des chansons qui ont accompagné la soirée électorale des pirates : Celebration, Les Rois du monde, What a Feeling… De la victoire, il y en a eu, et une belle : celle de Ben Polidori, 33 ans, qui s’est assuré «en dernière seconde» un siège à côté de ceux de Sven Clement et Marc Goergen à la Chambre. «Je n’y croyais pas», a déclaré simplement, mais les yeux embués, le nouvel élu de la circonscription Nord. L’annonce, accueillie par une liesse générale – et, pour le principal intéressé, des larmes de joie –, a fini de donner le ton d’une soirée où l’optimisme était de rigueur.

Il faut dire cependant que «l’ascenseur émotionnel» n’a cessé de faire des va-et-vient, chez les militants et têtes de listes, dès les premières estimations sérieuses. Un quatrième siège, longtemps espéré et pratiquement sécurisé, a fini par échapper au Parti pirate. Si, au QG, la nouvelle définitive a déçu, pas question de paraître amer. Au contraire, c’est la fierté qui est affichée : «Nous avons démontré ce soir que tout ne se fait pas d’un claquement de doigts, et que rien n’est jamais acquis», a déclaré Sven Clement. «Nous avons présenté un programme solide, sans nous lancer dans des promesses irréalisables (…) En sortant renforcés de ces résultats électoraux, nous sommes motivés à poursuivre les efforts déjà formés durant ces cinq dernières années, pour les cinq prochaines.»

À chaud, le cofondateur du parti avouait devoir encore «mettre le doigt sur l’angle mort», quand les sondages et l’attente générale auprès du parti étaient plus confiants que les résultats finaux. «Une chose est claire : dans neuf mois, il y a des élections européennes, et il nous faut élaborer une stratégie. Pour cela, on n’a pas de temps à perdre.» L’ADR, qui a pris tout le monde de court – et dont Sven Clement surveillait attentivement les résultats –, a fait main basse sur cinq sièges; un objectif qui était dans le viseur du Parti pirate, qui rêvait de finir cette soirée électorale à la bande-son triomphante en tant que groupe parlementaire à part entière. Mais en affichant un grand sourire tout ce temps, Sven Clement a conclu son discours avec une pirouette, rappelant à «ceux qui ne savent pas compter que trois, c’est plus que deux».