La Pologne, la République tchèque et l’Autriche ont annoncé l’introduction dès mardi à minuit de contrôles à leurs frontières avec la Slovaquie afin d’essayer d’endiguer une immigration irrégulière croissante.
« À partir de minuit, nous réintroduisons des contrôles à la frontière avec la Slovaquie », a déclaré à la presse le ministre polonais de l’Intérieur, Mariusz Kaminski. Travaillant « en coordination avec ses voisins », la République tchèque fera de même, a indiqué le ministère tchèque de l’Intérieur. « Le nombre de migrants illégaux dans l’Union européenne recommence à augmenter. Nous ne prenons pas cela à la légère », a déclaré le Premier ministre tchèque Petr Fiala sur X (anciennement Twitter).
L’Autriche où les arrivées sont en baisse depuis le début de l’année, leur a emboîté le pas. Dans une déclaration, le gouvernement a fait état d’un renforcement de contrôles déjà existants, cette fois directement à la frontière et non dans les zones alentour, à 11 postes différents. « Nous devons contrôler efficacement avant que les passeurs ne changent d’itinéraire », a déclaré le ministre de l’Intérieur conservateur Gerhard Karner.
Dans les trois pays, les contrôles devraient durer dix jours dans un premier temps.
« Solution européenne »
Le Premier ministre slovaque sortant, Ludovit Odor, a promis une réponse mercredi. Redoutant « un effet de cascade », il a estimé dans un communiqué que la question de « la migration nécessitait une solution européenne ». Les Vingt-Sept tardent à se mettre d’accord sur un texte clé de la réforme du système migratoire européen, qui permet notamment d’allonger la durée de détention des migrants aux frontières extérieures du bloc.
La Slovaquie a constaté cette année une augmentation du nombre de migrants, pour la plupart depuis la Serbie, via la Hongrie. Au cours des huit premiers mois de 2023, le pays a détecté environ 24 500 migrants entrés illégalement sur son territoire, contre près de 10 900 sur l’ensemble de l’année 2022 et quelques centaines par an auparavant, selon la police slovaque.
Son chef, Stefan Hamran, a expliqué que la grande majorité d’entre eux se présentaient comme des Syriens qui, en vertu des règles internationales, ne peuvent être détenus ou expulsés, et continuent donc leur route vers l’Europe occidentale.
« Nous devrons recourir à la force »
Robert Fico, dont le parti Smer-SD a remporté les élections législatives en Slovaquie samedi et qui a été désigné Premier ministre lundi, avait promis d’introduire des contrôles immédiats à la frontière hongroise. « Nous devrons recourir à la force pour résoudre le problème des migrants », a-t-il affirmé.
La semaine dernière, l’Allemagne avait également décidé de renforcer ses contrôles aux frontières avec la Pologne et la République tchèque face à la hausse des entrées illégales. La ministre de l’Intérieur, Nancy Faeser, a évoqué la possibilité de mettre en place des points de contrôle fixes aux frontières avec ces deux pays, une mesure déjà en vigueur le long de la frontière entre l’Allemagne et l’Autriche.
Tous ces pays sont membres de l’Union européenne et de l’espace Schengen. La réintroduction des contrôles frontaliers dans l’espace Schengen n’est autorisée que dans des circonstances exceptionnelles et doit être notifiée à Bruxelles avant sa mise en œuvre.
Tous ces pays n’ont trouvé que ce prétexte pour montrer leur opposition à Fico, comme si le vote de leurs voisins les concernait.