Emmanuel Macron a promis 700 millions d’euros de l’État pour aider à la construction de 13 RER métropolitains. Mais l’enveloppe ne devrait couvrir qu’une toute petite partie du coût total de ces projets.
Parmi les grands axes de la «planification» pour une écologie «souveraine», «compétitive» et «juste», Emmanuel Macron a promis lundi un plan de financement de 13 RER métropolitains.
C’est en novembre 2022 que le président de la République avait évoqué pour la première fois l’accélération de projets de RER (réseau express régional, aussi appelé SERM, pour service express régional métropolitain) dans 10 grandes métropoles et leurs agglomérations.
Le but : désenclaver les zones périphériques et encourager les habitants à ne pas prendre leur voiture. Le RER permet souvent de traverser une métropole de bout en bout sans changer de train. Il a une outre une fréquence de passage plus élevée que l’actuel TER (Train express régional). Mais des questions restent en suspens.
700 millions alloués à 13 projets de RER
«On a retenu 13 projets. Et (sur) ces RER métropolitains, nous engageons dès aujourd’hui 700 millions d’euros de l’État pour accompagner les projets», a annoncé le président de la République à l’issue lundi du Conseil de planification écologique à l’Élysée.
Ces projets de RER «donneront lieu à une planification» et à des financements dans le cadre des contrats de plan État-régions qui seront signés en octobre, a-t-il précisé. «Ça permettra de lancer là aussi des projets pour notre industrie ferroviaire et les emplois qui vont avec», a promis le président.
«Évidemment, ensuite, on va continuer ce soutien de l’État», a par ailleurs assuré Clément Beaune ce mardi sur France Inter, sans donner de chiffres plus précis.
Une liste encore indéfinie
Un an après les premières annonces d’Emmanuel Macron, si la liste semble avoir grossi avec 13 prétendants aujourd’hui, on ne connaît toujours pas la liste des RER métropolitains retenus.
Néanmoins, de nombreux projets – plus ou moins avancés – sont d’ores et déjà sur les rails et devraient bénéficier d’une partie de cette enveloppe de 700 millions d’euros. Il s’agit notamment de RER dans les agglomérations de Toulouse, Grenoble, Nantes, Lyon, Rennes, Lille, Nice, Aix-Marseille ou encore Bordeaux. Un autre projet prévoit de relier Nancy au Luxembourg en passant par Metz et Thionville.
Les dates de construction et de mises en service prévues sont toutes différentes, mais ces projets devraient tous se déployer d’ici 2042, selon un rapport d’information du Sénat paru en juillet.
Des débuts compliqués à Strasbourg
Ces projets de RER peuvent toutefois interroger au regard des débuts compliqués du premier RER hors d’Île-de-France lancé en décembre 2022 à Strasbourg. Durant ses premiers mois de service, ce réseau express métropolitain européen a enregistré des manques criants de trains aux heures de pointe et des annulations en pagaille, pointent Les Dernières nouvelles d’Alsace.
Mais le réseau a enfin atteint le niveau de service exigé par la Région Grand Est et l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) six mois plus tard, à la fin du printemps. Avec 640 trains supplémentaires par semaine par rapport au TER, le RER strasbourgeois reste toutefois en dessous de ses ambitions initiales, qui prévoyaient 820 trains supplémentaires en avril dernier et 1 072 trains en août.
Une enveloppe trop maigre ?
Selon Emmanuel Macron, le coût total de la concrétisation de ces 13 projets de RER s’élèverait au total à 10 milliards d’euros, loin des 700 millions promis par l’État. L’été dernier, le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou avait estimé ce coût à 13 milliards d’euros.
Quant au Sénat, il avait détaillé dans son rapport d’information que ces RER nécessiteraient «entre 15 et 20 milliards d’euros d’investissement». Certains élus locaux font quant à eux part d’une facture encore plus salée et pointent en ce sens une participation selon eux trop faible de l’État.
«Coût estimé du seul RER métropolitain Bordelais : 680 millions d’euros», a commenté le député écologiste de Gironde Nicolas Thierry dans un tweet. «700 millions ne suffiront pas», a lui aussi dénoncé Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen. «Ceux qui ont proposé ces chiffres au Président ne sont pas sérieux !», a abondé sur LCI ce mardi le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand, qui parle d’un projet de RER «à sept à neuf milliards d’euros» dans sa seule région.
🔴700 millions pour les RER métropolitains
🗣️ »Ceux qui ont donné ces chiffres au président de la République ne sont pas des gens sérieux. Si c’est le ministre des transports @CBeaune, il n’est pas à la hauteur de ses responsabilités », dénonce @xavierbertrand auprès d’@agindre. pic.twitter.com/NGJ2RxdDI7— LCI (@LCI) September 26, 2023
À Grenoble, le coût du RER métropolitain s’élèverait à environ un milliard d’euros. Ce mardi, plusieurs élus de la métropole grenobloise ont ainsi signé un communiqué commun, rapporte Le Dauphiné Libéré, dans lequel ils estiment que ces 700 millions d’euros sont «une plaisanterie de mauvais goût».