Le Luxembourg pourrait manquer de certains médicaments destinés aux enfants ces prochains mois. La ministre de la Santé appelle à la prudence et à une «gestion rationnelle».
C’est une inquiétude qui grandit en Europe : avec l’arrivée de l’automne et de l’hiver, certains médicaments pourraient venir à manquer, comme ce fut le cas l’année dernière dans de nombreux pays, dont le Luxembourg.
Une inquiétude partagée par la ministre de la Santé, Paulette Lenert, qui appelle, dans une réponse à une question parlementaire, à la prudence. En effet, la demande d’antibiotiques et de médicaments contre la douleur et la fièvre risque d’augmenter ces prochains mois, face à une hausse des infections respiratoires, comme ce fut le cas fin 2022, début 2023.
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«Au Luxembourg, comme dans tous les pays européens, des pénuries de livraison de médicaments destinés aux enfants ont été régulièrement détectées. Il s’agit principalement de l’amoxicilline et du paracétamol. Même si ces produits sont désormais à nouveau disponibles, il faut rester prudent, notamment en cas d’augmentation des maladies infectieuses chez les enfants, ce qui entraînerait une demande accrue pour ces médicaments.», souligne ainsi la ministre de la Santé.
Des mesures européennes
Au niveau européen, un certain nombre de mesures de l’Agence européenne des médicaments (EMA) visent à prévenir une telle indisponibilité et «le Luxembourg y est impliqué», assure Paulette Lenert.
L’EMA, en collaboration avec la direction générale de la préparation et de la réaction aux urgences sanitaires de la Commission européenne (DG HERA), suit de près l’offre et la demande de différents sous-groupes d’antibiotiques, dont l’Amoxicilline, afin de «réagir immédiatement en cas de goulots d’étranglements et tenter de les éviter au mieux».
Si besoin, l’EMA peut également autoriser la fourniture de divers médicaments qui ne sont pas autorisés dans un État membre donné ou de prévoir diverses dérogations (totales ou partielles) aux exigences d’étiquetage et d’emballage, afin d’éviter d’éventuelles pénuries.
L’Agence européenne et le MSSG peuvent aussi aider les différents États membres à prendre éventuellement des mesures coordonnées supplémentaires pour améliorer la situation des patients concernés et maintenir la santé publique dans l’Union européenne, par exemple en intervenant directement auprès des fabricants pour augmenter les capacités de fabrication.
Les Luxembourgeois friands de médicaments
Pour rappel, le Luxembourg importe 100% des médicaments qu’il commercialise, dont 80 à 90% proviennent de Belgique, 7 à 17% d’Allemagne et 3% de France, selon les chiffres avancés en mars dernier par les acteurs luxembourgeois publics et privés.
Et le problème préoccupe de plus en plus, alors que les Luxembourgeois consomment beaucoup de produits de santé – même légèrement plus que les pays voisins. L’achat de médicaments représentait ainsi 38% des dépenses totales des ménages en 2019, soit une somme globale avoisinant les 250 millions d’euros en 2020 selon la CNS, qui a pris à sa charge 86% de cette facture.
En juillet dernier, le Conseil de la concurrence formulait ses recommandations pour contrer les ruptures de stock :
- Des obligations de production minimale dans les commandes au niveau européen;
- La fin des restrictions territoriales dans l’UE et l’harmonisation des prix;
- La prescription de substances actives, et pas du nom commercial d’un médicament, pour booster les génériques;
- Le recours aux marchés publics pour mieux négocier et sécuriser les livraisons;
- Le monitoring des ruptures de stock avec centralisation des données européennes
La ministre de la Santé, de son côté, martèle que «le manque d’un certain nombre de médicaments essentiels rend impérative une gestion rationnelle de ces médicaments».