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Scandale du baiser forcé : Luis Rubiales démissionne


Photo : AFP

Le président suspendu de la Fédération espagnole de football (RFEF), Luis Rubiales, qui a provoqué l’indignation internationale pour avoir embrassé de force la joueuse Jennifer Hermoso après le sacre mondial de la « Roja », a annoncé dimanche soir sa démission.

« A propos de ma démission, oui, je vais le faire, oui, parce que je ne peux pas continuer mon travail », a-t-il dit en anglais dans un entretien accordé au journaliste de télévision britannique Piers Morgan.

Rubiales a ajouté que son entourage proche lui avait dit « +Luis, tu dois te soucier de ta dignité et poursuivre ta vie. Sinon, tu vas faire du mal aux gens que tu aimes et au sport que tu aimes ».

La Fédération espagnole de football a confirmé. « Il en a informé la fédération dans une lettre adressée à Pedro Rocha Junco (président intérimaire). Il a également démissionné de son poste de vice-président de l’UEFA », a déclaré la RFEF dans un communiqué.

Celle-ci va désormais entamer un processus pour désigner le remplaçant de Rubiales.

« L’ancien président de la RFEF a fait ce qu’il devait faire, je pense que c’est ce que tous les citoyens espagnols lui demandaient », a commenté le secrétaire d’État chargé des Sports, Victor Francos, au micro de la radio Cadena Ser.

« C’est fini »

Sur le réseau social X (anciennement Twitter), la ministre à l’Égalité, Irene Montero, a simplement écrit « Se Acabo » (C’est fini, en espagnol), reprenant un slogan que Jenni Hermoso et ses coéquipières de la sélection avaient également utilisé pour exprimer leur protestation.

« Le pays féministe avance de plus en plus vite », a souligné de son côté Yolanda Diaz, seconde vice-Première ministre du gouvernement espagnol. « La transformation et l’amélioration de nos vies sont inévitables. Nous sommes avec toi, Jenni, et avec toutes les femmes », a-t-elle ajouté sur X.

Dans sa lettre de démission, Rubiales dit avoir agi avec le souci de protéger le football espagnol mais se défend de nouveau d’avoir agressé l’internationale, âgée de 33 ans.

« Suite à la rapide suspension de la Fifa et aux procédures ouvertes à mon encontre, il est évident que je ne pourrai pas retrouver mon poste », a-t-il écrit dans cette lettre.

« Je ne veux pas que le football espagnol puisse subir les préjudices de cette campagne disproportionnée » lancée, selon lui, à son encontre, dit-il encore. « J’ai confiance dans la vérité et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour qu’elle prévale. »

Le 20 août, quelques minutes après le sacre mondial de la « Roja » féminine à Sydney, le patron du foot espagnol, âgé de 46 ans, avait embrassé sur la bouche par surprise Jenni Hermoso, provoquant l’indignation en Espagne et à travers le monde.

Refusant de démissionner pour « un petit bisou consenti », il avait attaqué, lors d’un discours retentissant le 25 août, un supposé « faux féminisme » et argué qu’il avait obtenu l’autorisation de la joueuse avant de l’embrasser.

Une version démentie par Jenni Hermoso qui a dit s’être « sentie vulnérable et victime (…) d’un acte impulsif et sexiste, déplacé et sans aucun consentement de (sa) part ».

Plainte pour « agression sexuelle »

Suspendu par la Fifa pour une durée de 90 jours, Rubiales risque aussi d’être poursuivi pour « agression sexuelle » par la justice espagnole, le parquet ayant réclamé vendredi son inculpation après avoir reçu une plainte de Jennifer Hermoso.

Depuis une récente réforme du Code pénal espagnol, un baiser non consenti peut être considéré comme une agression sexuelle, catégorie pénale regroupant tout type de violence sexuelle.

Selon une porte-parole du parquet, la peine encourue par Luis Rubiales va de l’amende à quatre ans de prison.

La police australienne de Nouvelle-Galles du Sud a déclaré lundi qu’elle était prête à coopérer avec l’enquête espagnole, indiquant ne pas avoir pas été saisie pour l’instant.

Cette affaire a plongé le football espagnol dans le chaos en pleine candidature à l’organisation du Mondial 2030 aux côtés du Portugal et du Maroc, et éclipsé le sacre mondial de l’équipe nationale féminine.

Critiqué par ses joueuses, le sélectionneur Jorge Vilda, un proche de Rubiales, a été limogé mardi par la fédération et remplacé par son ancienne adjointe, Montse Tomé.

Son homologue de la sélection masculine, Luis De la Fuente, a dû pour sa part demander « pardon » la semaine dernière pour avoir applaudi, comme de nombreux membres de la fédération, le discours de Rubiales le 25 août.

Première femme à diriger la sélection féminine, Montse Tomé va devoir rapidement convaincre les 23 championnes du monde de mettre fin à leur grève alors que les prochains matchs internationaux auront lieu les 22 et 26 septembre.