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Le CSV décidé à faire table rase


La tête de liste Luc Frieden (au micro) s’est vu offrir une plateforme, vendredi, par la fraction parlementaire du CSV. (Photo : julien garroy)

Le bilan parlementaire s’est transformé en règlement de comptes avec la majorité sortante. L’objectif électoral du CSV est de créer une «nouvelle dynamique politique pour les 5 à 10 ans à venir».

Passage en revue du travail parlementaire de ces cinq dernières années? Ou bien meeting électoral avant l’heure? Vendredi, la fraction du CSV n’a pas hésité à mélanger les genres en offrant une large plateforme à sa tête de liste pour les législatives, Luc Frieden, sans mandat de député. Une occasion de plus pour l’ancien ministre de clamer qu’«il est temps pour une autre politique».

«Je suis content que la législature touche à sa fin. Les trois partis formant la majorité gouvernementale sont en profond désaccord sur tous les points essentiels», constate le chef de file du CSV, avant d’enchaîner que l’«on ne peut pas se permettre que le pays demeure dans le statu quo. Nous devons aller de l’avant pour relever les grands défis qui se présentent à nous». Luc Frieden estime que son parti est en mesure de mener une «politique cohérente». «Il est maintenant temps de concevoir une politique qui doit créer une nouvelle dynamique pour les 5 à 10 ans à venir. Nous avons besoin d’une vision à long terme, ce qui fait défaut au gouvernement sortant.»

«Pour la première fois, l’indépendance de la justice est clairement ancrée»

Le terrain pour cette attaque frontale contre la majorité tricolore a été préparé par les co-chefs de fraction Martine Hansen et Gilles Roth, soutenus par Léon Gloden. Le trio a énuméré tous les manquements et erreurs qui seraient à imputer au DP, au LSAP et à déi gréng. Le seul point positif à avoir été mis en avant est la révision de la Constitution, enfin en vigueur après des décennies de tractations. «Pour la première fois, l’indépendance de la justice est clairement ancrée», se félicite Léon Gloden, sans rappeler que lui-même s’était vu reprocher de restreindre cette indépendance.

Pour le reste, le CSV a disséqué point après point la politique menée par la majorité en place depuis 2013. En tête, l’éducation («une politique de façade»), le logement («rien du tout n’a été livré»), la santé («une économie planifiée qui nous mène droit dans le mur»), la sécurité («trop peu, trop confus») et la fiscalité («une charge fiscale inédite»). S’y ajoute l’état des finances publiques. «Le DP est opposé à contracter des dettes pour effectuer une adaptation intégrale du barème d’imposition à l’inflation. Le même parti est toutefois celui qui a forgé le plus grand déficit et la plus importante dette publique que le pays ait jamais connus», fustige Gilles Roth.

«Nous avons besoin d’une politique cohérente»

En fin de compte, le parti du Premier ministre, Xavier Bettel, a été bien plus épargné par le CSV que le LSAP et déi gréng. Sur tous les points précités, le camp chrétien-social semble décidé à faire table rase, même si Luc Frieden tient à nuancer cette interprétation. «Il est clair que l’on ne compte pas revenir en arrière sur tout. Mais nous avons besoin d’une politique cohérente, en dégageant des points communs avec de potentiels partenaires de coalition», affirme-t-il.

Le CSV cautionne les paquets de plusieurs milliards d’euros ficelés pour réduire l’impact de la pandémie et de la guerre en Ukraine sur le pays. «Ces mesures étaient justifiées. Mais ce qui aurait dû être fait, c’est de constituer des réserves financières durant les années de prospérité. On n’a quand même pas connu une crise permanente depuis 10 ans», fait toutefois remarquer Luc Frieden.

Frieden veut défier la Commission européenne

Dans le domaine, une des plus grandes «erreurs» du gouvernement sortant aurait été d’augmenter la TVA sur le logement locatif de 3 % à 17 %. Revenir à ce taux super-réduit n’est légalement pas possible, estiment les ministres de tutelle en poste. La Commission européenne ferait barrage à un tel taux de TVA. Faux, rétorque le CSV. «Au vu de l’important problème social provoqué par la pénurie de logements, il est possible d’obtenir des concessions de la part de Bruxelles sur ce point», estime la tête de liste du CSV. Dans le cas où il deviendrait le prochain Premier ministre, Luc Frieden se dit donc prêt à aller défier la Commission européenne.

Pour assurer son retour au pouvoir, le camp chrétien-social compte également puiser dans le travail parlementaire de ces dernières années, dont ses paquets de mesures pour renforcer la famille, pour le développement du logement, pour une plus grande décentralisation et libéralisation du système de soins de santé et pour réduire considérablement la charge fiscale. «Je suis convaincu que notre proposition de réduire les impôts pour tous est à financer. Il faut procéder par étapes, en accordant la priorité aux petits et moyens revenus», développe Luc Frieden.

«Je suis optimiste quant au fait que l’électeur va adresser une fin de non-recevoir à la politique menée par la coalition. On ne va pas intégrer un gouvernement uniquement pour y figurer, mais pour imposer nos points essentiels», termine la tête de liste du CSV, finalement au cœur de la présentation du bilan parlementaire de son parti.