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Des mesures pour un Luxembourg décarboné


58 % des Luxembourgeois sont favorables à des mesures gouvernementales plus strictes pour lutter contre le changement climatique (BEI). (Photo : votum klima)

En vue des prochaines législatives et face à l’urgence climatique, le collectif Votum Klima a élaboré une liste de 156 propositions concrètes à mettre en œuvre pour un pays décarboné et plus juste.

«L’heure tourne!» C’est en faisant retentir des réveils devant la Chambre des députés afin de leur rappeler l’urgence climatique que les militants de Votum Klima, collectif qui regroupe 14 organisations de la société civile, ont présenté la semaine dernière leurs revendications prioritaires en matière de politique climatique et énergétique.

Changement climatique, perte de biodiversité, inégalités croissantes : la Terre souffre. Six des neuf limites planétaires, les seuils critiques à ne pas dépasser au risque de déstabiliser la biosphère édictés par des chercheurs en 2009, ont déjà été franchies. Les trois limites restantes (l’acidification des océans, la dégradation de la couche d’ozone et l’augmentation des aérosols dans l’atmosphère) pourraient l’être sous peu.

Le Luxembourg, souvent épinglé pour sa (sur)consommation, n’est évidemment pas exempt des défis environnementaux et sociaux. 75 % des habitats et espèces au Luxembourg sont dans un état de conservation défavorable. En 1985, 79 % de la forêt luxembourgeoise était encore saine; aujourd’hui, 15 % à peine des arbres ne sont pas endommagés. «Notre mode de vie contribue aux émissions de gaz à effet de serre globales : si toute la population mondiale vivait comme un habitant du Luxembourg, il nous faudrait huit planètes!», rappelle Raymond Aendekerk, directeur de Greenpeace Luxembourg.

Pour Votum Klima, il est donc temps de réagir, et à différents niveaux : au niveau local, au niveau de la société, mais aussi au-delà des frontières du pays. «Les principaux axes d’amélioration sont la surconsommation, les menaces sur notre environnement et l’eau, la mobilité, le logement et la consommation des énergies fossiles», résume Raymond Aendekerk.

Participation citoyenne

Les militants ont dès lors établi une liste de 156 propositions concrètes pour guider les décideurs politiques, en insistant sur la nécessité d’une «gouvernance participative», c’est-à-dire la participation des citoyens «du début à la fin d’un processus», comme le met en exergue Magali Paulus, facilitatrice de processus participatifs chez CELL.

Parmi ces mesures : gérer l’eau potable avec précaution, par exemple en instaurant une tarification progressive pour les consommations élevées (piscine, lavage de voiture) et en rendant obligatoire l’installation d’une citerne d’eau de pluie avec raccordement aux toilettes pour les nouvelles constructions; renaturer les milieux aquatiques naturels et les espaces verts; ou encore défendre les semences paysannes. Mais aussi développer les énergies renouvelables, entre autres en rendant obligatoire l’installation de panneaux photovoltaïques sur les toitures des bâtiments publics et des nouvelles
constructions; promouvoir le commerce équitable, en particulier dans les achats publics…

Des mesures qui ne peuvent être mises en place sans prendre en compte la dimension sociale, insiste le collectif. Sans cette dimension, «les mesures de protection du climat et de l’environnement peuvent rapidement être considérées comme des privilèges, des préoccupations bien loin des réalités et propres aux personnes ayant un niveau de vie plutôt aisé», prévient Ana Luisa Teixeira, coordinatrice de programme de Caritas Luxembourg, qui met en garde contre le sentiment d’injustice et le risque de conflits sociaux.

Et sans oublier que «les responsabilités du Luxembourg ne s’arrêtent pas aux frontières. L’impact le plus grand en termes environnementaux et sociaux se manifeste par le secteur financier luxembourgeois qui gère encore des milliards d’euros dans des fonds fossiles et nucléaires». La participation du Grand-Duché au Fonds vert pour le climat des Nations unies ne décharge pas le Luxembourg de toute responsabilité.

Outre une loi sur le devoir de vigilance contraignante pour les entreprises, «le prochain gouvernement doit faire des pertes et dommages (NDLR : Loss and damages, les pertes inévitables malgré les mesures prises) le troisième pilier du financement climatique international et assumer sa responsabilité envers les populations du Sud, qui ont peu contribué au changement climatique», préconise Cédric Reichel, coordinateur pour le Climat auprès de l’ASTM.

Les 156 propositions et revendications électorales de Votum Klima sont téléchargeables depuis les sites internet des organisations membres du collectif, notamment Greenpeace, l’ASTM et Caritas.